Dunfee extrêmement ravi de décrocher le bronze olympique au 50 km marche
Evan Dunfee était au courant de la chaleur qui l’attendait aux Jeux olympiques de Tokyo 2020.
Il savait comment cette chaleur affecte chaque athlète différent, mais surtout comment cette chaleur l’affectait, lui. Il s’était préparé à l’affronter avec l’aide de Trent Stellingwerff, un des plus grands experts de science du sport au pays. Aujourd’hui, le marcheur de Richmond en Colombie-Britannique a conquis cette chaleur et il repartira du Japon avec ce qui est possiblement la dernière médaille olympique décernée pour une épreuve de 50 km marche.
Il y a presque deux ans, le comité d’organisation a décidé de déplacer les épreuves de marche et de marathon de Tokyo à Sapporo sur l’île de Hokkaido dans le nord du Japon en raison des préoccupations liées aux conditions chaudes et humides à ce temps-ci de l’année.
Cependant, même à 600 km au nord de Tokyo, la chaleur a persisté, mais Dunfee aussi. La course a possiblement été disputée à l’autre bout du monde, mais après avoir obtenu un chrono de 3:50.59, Dunfee a levé la main et poussé un cri de célébration qui aurait pu être entendu à travers le Canada.
« Que ce soit chaud et humide, c’est ce que je voulais. C’est quand même dommage et très difficile, mais je sais que j’offre de bonnes performances dans ces conditions, je le savais. »
Dunfee a réalisé ce qui ne pouvait qu’être un rêve avant aujourd’hui et son sourire en disait long.
« Je n’ai pas besoin de médaille pour me prouver quoi que ce soit. Je suis fier de ce que j’ai accompli aujourd’hui, mais j’ai quand même rêvé de cette médaille depuis 21 ans. Je suis vraiment ravi, tellement content », a-t-il dit.
Restant près des meneurs dès le départ, Dunfee s’est frayé un chemin jusque dans le peloton de tête à mi-chemin dans le parcours et est resté là jusqu’à la fin de l’épreuve de 50 km.
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Avec seulement 10 km à franchir, la poussée pour le podium s’est activée alors que le groupe de poursuite était réduit à seulement cinq marcheurs, tentant de s’attaquer à l’avance creusée par le Polonais Dawid Tomala qui s’était échappé en tête. Quand il a semblé décrocher de ce groupe de poursuite, le Canadien âgé de 30 ans s’est relancé depuis le cinquième rang pour passer devant Marc Tur de l’Espagne dans les dernières enjambées de la course pour concrétiser la première médaille olympique du Canada au 50 km marche.
Quand on lui a parlé de sa fin de course, Dunfee ne pouvait que sourire en admettant que ses poussées de fin de course étaient en quelques sortes devenues une marque de commerce.
« Je semble avoir le don de rendre ces 50 km intéressants. Je garde le meilleur pour la fin. »
« Mon corps m’a tout donné aujourd’hui, c’est tout ce que je pouvais demander, a indiqué Dunfee. À la sortie du dernier virage je lui ai demandé un dernier effort, j’ai pensé à mes parents et à mes amis à la maison et grand-mère qui n’est pas ici pour faire chaque pas avec moi, mais que je sais qui aurait été ici et si vous croyez à ce genre de chose, elle était probablement là », assure Dunfee.
« Elle me disait toujours d’avoir des ailes aux pieds et j’ai demandé à mon corps d’y aller d’un dernier effort, puis mon corps m’a répondu ‘D’accord, je vais t’en donner un petit peu plus’. J’ai été en mesure de puiser profondément en moi et de réaliser cet effort. »
Dunfee a fait preuve d’un bel esprit sportif à Rio 2016, se contentant d’une quatrième place après ne pas avoir choisi de porter en appel la décision d’accorder la médaille de bronze au Japonais Hirooki Arai. Dunfee repense à ce moment où il s’est fait la preuve ainsi qu’au reste du monde qu’il n’était pas défini par des victoires ou des défaites et c’est quelque chose qu’il a partagé avec les écoliers des quatre coins de la Colombie-Britannique.
« À mes yeux, avoir cette histoire, ce moment auquel je me réfère et que j’utilise pour expliquer ce parcours sportif et inspirer une ou deux personnes à vivre la magie du sport, c’est vraiment spécial », raconte Dunfee qui a aussi remercié Gerry Dragormir, son entraîneur depuis 21 ans.
« Je ne regretterai jamais ce moment. Il m’a tant donné, mais certainement gagner cette médaille signifie beaucoup. »
Son compatriote Mathieu Bilodeau, que Dunfee a attend les bras ouverts à la ligne d’arrivée a réalisé son meilleur temps de la saison, en 4:20:36 pour conclure cette épreuve du 50 km marche au 45e rang.
Il est déjà connu que le 50 km marche ne figurera pas au programme des Jeux olympiques dans trois ans à Paris 2024, une décision que Dunfee à laquelle il s’est catégoriquement opposé. Dernier médaillé de bronze d’une fraternité qui remonte à près de neuf décennies, Dunfee a reconnu que le moment était plutôt aigre-doux.
« Je ne vais pas avoir une autre occasion comme celle-ci, mais je l’ai saisie et j’ai soutiré ce que j’ai pu et laissé chaque once d’énergie sur le parcours aujourd’hui et c’est tout ce que je peux demander. »