Retour sur la gloire canadienne aux Jeux olympiques de Tokyo 1964

Quiconque montera sur le podium pour Équipe Canada à Tokyo 2020 ajoutera à un héritage établi il y a plus d’un demi-siècle.

Les Canadiens avaient remporté quatre médailles aux Jeux de Tokyo 1964, soit la première présentation des Jeux olympiques dans la capitale japonaise. Bien que les athlètes aient tous emprunté des chemins uniques, leurs parcours se sont tous terminés au même endroit : dans la gloire.

Roger Jackson et George Hungerford (aviron)

Roger Jackson (droite) and George Hungerford du Canada célèbrent leur médaille d’or au deux d’aviron aux Jeux olympique de Tokyo de 1964. (Photo PC/AOC)

D’un diagnostic modifiant les plans à un improbable duo de négligés surprenant le monde avec l’or olympique vers la gloire.

Personne n’aurait pu prévoir les gagnants de la seule médaille d’or du Canada à Tokyo 1964 : le duo composé de Roger Jackson et George Hungerford.

À l’été 1964, Hungerford a souffert d’une mononucléose, ce qui l’a exclu du huit masculin. Pendant ce temps, le partenaire régulier de Jackson dans l’épreuve du deux de pointe sans barreur a été appelé à prendre la place de Hungerford, reléguant Jackson au rôle de remplaçant à l’approche des Jeux.

Hungerford n’entendait cependant pas abandonner son rêve olympique. Bien qu’il n’ait jamais participé au deux de pointe auparavant et qu’il luttait toujours pour se remettre de la mononucléose, il a commencé des séances d’entraînement éreintantes avec Jackson quelques semaines seulement avant les Jeux. Ils se sont rendus à Tokyo sans avoir participé à une seule course ensemble et sans réel espoir de monter sur le podium.

Leur chimie naturelle les a cependant propulsés vers une victoire dans la première vague préliminaire et une place en finale. Malgré cela, on ne s’attendait pas à grand-chose de la part du duo. La finale s’est jouée au photo-finish et les Canadiens, qui avaient choisi de ramer sans gouvernail, sont arrivés en tête. Surnommés les Golden Rejects, Jackson et Hungerford ont ensuite été nommés colauréats du prix Lou Marsh en tant que meilleurs athlètes canadiens de l’année.

Doug Rogers (judo)

Doug Rogers du Canada participe au judo enlevant l’argent dans la catégorie des plus de 80 kg aux jeux olympiques de Tokyo de 1964. (Photo PC/AOC)

De la ligne bleue au dojo à un duel face à un adversaire très familier vers la gloire.

Bien que le nom de Doug Rogers soit maintenant étroitement associé au judo canadien, sa carrière sportive a commencé à un endroit différent : sur la glace. Dans sa jeunesse, Rogers était un défenseur offensif dont l’équipe a remporté les championnats de hockey mineur de l’Ontario. À l’âge de 15 ans cependant, sa passion est devenue le judo. En 1960, à 19 ans, il a déménagé au Japon pour étudier au célèbre Kodokan, un dojo fondé par Jigoro Kano, un père fondateur du judo.

Rogers a passé des années à s’entraîner avec des judokas dans le domicile ancestral du sport, y compris Isao Inokuma, plusieurs fois vainqueur des championnats de judo du Japon. Le judo ayant été ajouté au programme olympique à Tokyo 1964, le moment n’aurait pas pu être mieux choisi pour le Canadien.

Dans la catégorie des poids lourds, Rogers a battu trois adversaires pour atteindre la finale, au cours de laquelle il a affronté Inokuma. Le Japonais a remporté l’or, mais la médaille d’argent de Rogers était la première du Canada en judo.

Bill Crothers (athlétisme)

Bill Crothers (argent au 800 m) Harry Jerome (bronze au 100 m) du Canada montrent leurs médailles aux Jeux olympique de Tokyo de 1964. (Photo PC/AOC)

De débuts prodigieux sur la piste au début d’une carrière de pharmacien au succès olympique vers la gloire.

Si vous habitez à Markham, en Ontario, vous reconnaîtrez peut-être immédiatement le nom de Bill Crothers en raison de la pharmacie où il a travaillé pendant des années ou de l’école secondaire qui porte son nom. Vous êtes toutefois peut-être moins familiers avec les exploits sportifs qui lui ont valu la notoriété en premier lieu.

Il s’agissait d’un cas classique d’un jeune jonglant entre études et sport. Excellent étudiant et un coureur prometteur à l’école secondaire, il a obtenu une bourse pour joindre le programme de pharmacie de l’Université de Toronto. À la même époque, il tournait en rond autour de ses concurrents sur la piste; à un certain moment, il détenait le record canadien dans toutes les distances du 400 m au 1500 m.

C’est au 800 m qu’il montera sur le podium olympique, remportant la médaille d’argent aux Jeux de Tokyo 1964. Il participera aussi aux Jeux de Mexico en 1968 avant de retourner à Markham et de mettre à profit ses études universitaires.

Harry Jerome (athlétisme)

De débuts prometteurs dans divers sports à deux blessures dévastatrices aux jambes à un retour olympique vers la gloire.

Qu’il en fasse la démonstration sur un terrain de baseball, de football ou de soccer, il était clair dès son plus jeune âge qu’Harry Jerome était doué sur le plan sportif. C’est cependant sur la piste d’athlétisme qu’il a trouvé sa véritable vocation.

Aux championnats nationaux de 1960, il a égalé le record du monde au 100 m (10.0 secondes) et s’est dirigé vers les Jeux de Rome 1960 comme favori pour remporter une médaille. Ce rêve a toutefois été anéanti quand il s’est déchiré les ischiojambiers en demi-finale olympique. Deux ans plus tard, aux Jeux du Commonwealth de 1962, il a subi une déchirure musculaire aux quadriceps qui aurait pu mettre fin à sa carrière.

Bien qu’il ait été qualifié de « lâcheur », Jerome a persisté et s’est qualifié pour les Jeux de Tokyo 1964. En finale du 100 m, il a réussi un temps de 10.25 secondes qui lui a valu une médaille de bronze olympique et a préparé le terrain pour de nombreux moments mémorables à venir en athlétisme canadien.