(AP Photo/Dita Alangkara)
(AP Photo/Dita Alangkara)

Fierté & Sport : Le lugeur et ambassadeur de l’inclusion John Fennell partage son histoire

L’olympien de Sotchi 2014 John Fennell est l’un des ambassadeurs de l’inclusion dans le sport d’Équipe Canada. À l’occasion du Mois de la Fierté, Fennell a partagé ses expériences en tant qu’athlète LGBTQ+.

« Je me souviens des Jeux comme d’une expérience déroutante. En tant que jeune athlète cachant son homosexualité, je ne me sentais pas à ma place », raconte John à propos de son expérience comme jeune lugeur de 19 ans aux Jeux de 2014.

En préparation pour les Jeux de Sotchi, John s’est tourné vers Mark Tewksbury, aujourd’hui son mentor, qui s’était déjà ouvertement identifié comme étant gai.

« Mark Tewksbury est un de mes plus grands alliés dans ma quête d’identité dans le sport. Quand j’ai rencontré Mark pour la première fois, je ne pouvais pas mentionner ces mots : “je suis gai”. Il m’a aidé à me construire un réseau de gens en qui j’ai confiance afin d’être épaulé dans une des étapes les plus difficiles de ma vie. Il a été un modèle dans tous les sens du terme. Jamais je ne saurais assez le remercier. »

Mark Tewksbury lors de la cérémonie des médailles aux Jeux olympiques de Barcelonne en 1992.

Son parcours olympique a aussi été une leçon d’authenticité. Il a appris à affirmer ses convictions plutôt que de se laisser dicter la mesure.

« En tant qu’olympien, j’ai la chance de partager mon histoire et peut-être ainsi d’inspirer d’autres gens à faire comme moi. Je savais que les Jeux de Sotchi allaient engendrer une importante conversation à propos des athlètes LGBT. Le problème, c’est que cette conversation excluait exactement ces athlètes. J’étais surpris de constater qu’aucun athlète canadien ne s’était ouvertement prononcé pour engager la conversation et j’étais plus qu’heureux de jouer ce rôle. J’ai décidé que je voulais changer les choses. »

Selon lui, on l’a alors perçu comme un modèle. « Des gens de partout au pays, des inconnus pour la plupart, m’ont approché pour me dire à quel point ils avaient été inspirés en me voyant concourir. Je savais que je ne pouvais pas jouer ce rôle si je n’étais pas tout d’abord honnête avec moi-même. »

En tant qu’athlète, participer aux Jeux olympiques a été le plus grand succès de la carrière de John. Il s’est entraîné pendant huit ans pour quatre minutes de compétition. John croit que le chemin qui l’a mené jusque-là lui en a aussi appris énormément sur le succès et l’échec, la persévérance et l’engagement.

John Fennell accroupi devant un jeune garçon

John Fennell discute avec un fan lors d’une déjeuner du Calgary Stampede à la Célébration de l’Excellence 2014 à Calgary, le 6 juin 2014. (COC/Winston Chow)

En mai 2014, un mercredi matin au retour des Jeux, un article a paru dans le Calgary Herald pour laisser savoir au monde qu’il était gay.

« Je me suis rendu en classe à l’Université de Calgary. J’étais à peine installé que mon téléphone était déjà à sec. On m’inondait de messages de soutien. J’avais peine à suivre le fil. Toute la journée, je recevais l’appui de mes collègues de classe, de mes pairs et d’étrangers de partout sur la planète. La conversation devait s’entamer et je suis fier d’y avoir participé. »

Lorsqu’on lui demande comment il a fait pour avoir le courage de s’affirmer en tant qu’homosexuel, John utilise son sport pour s’expliquer. « La bravoure est au cœur de mon sport. Il faut trouver l’équilibre entre la zone de confort et la perte de contrôle. On peut difficilement être brave lorsqu’on a peur de soi-même. »

Dans les mois suivants, John a pris contact avec d’autres athlètes LGBTQ+ au Canada. Il a construit un réseau de gens qui sont devenus quelques-uns de ses meilleurs amis.

« Ce qui me plaît le plus dans le fait de partager mon expérience, c’est que j’ai été pour plusieurs le catalyseur qui les a incités à partager leur histoire. Nos histoires se sont écrites sous les mêmes thèmes : la peur d’être rejetés par notre équipe; la peur d’être jugés par nos partisans et nos entraîneurs; les distractions de notre sport; le sentiment de ne pas être authentiques. Je me rappelle du moment où j’ai entendu parler du programme #UneÉquipe qui en était à ses balbutiements. J’étais avec Anastasia Bucsis. On s’est regardé pendant la rencontre et à ce moment nous savions que la donne avait changé.

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« Les efforts du Comité olympique canadien pour promouvoir la diversité et l’inclusion à la suite de Sotchi ont changé ma vie. Je suis si fier de faire partie d’un mouvement qui laisse sa marque dans la vie d’autant de gens. Les commentaires les plus touchants sont ceux que je reçois d’étudiants qui disent avoir été inspirés à changer leur propre vie. »

John se souvient de son premier défilé. « La célébration mondiale de la Fierté à Toronto en 2014 a sans doute été la plus belle journée de ma vie. » Le Comité olympique canadien y avait envoyé plus d’une cinquantaine d’athlètes pour y participer afin de manifester son soutien envers ses athlètes.

John se rappelle s’y être senti si libre et accepté que c’est à ce moment qu’il s’est mis réellement à « faire partie d’Équipe Canada. »

Il transpose ses talents en dehors de la piste. En tant qu’ambassadeur #UneÉquipe, il continue de faire entendre sa voix pour la jeunesse homosexuelle dans le sport et de créer un environnement sportif sécuritaire et inclusif.

Merci, John.