Le retour de Dominique Maltais

La surfeuse des neiges vétérane Dominique Maltais a récolté six médailles d’or en carrière sur le circuit de la Coupe du monde. Trois d’entre elles ont été remportées durant une période exceptionnelle, en décembre dernier, durant laquelle elle a connu une succession de succès qui l’a vue se hisser au sommet du classement général du snowboard cross (son sport), mais aussi du classement de la Coupe du monde de surf des neiges.

Trois coupes du monde ont eu lieu au cours de cette saison, et elle y a récolté trois médailles d’or. Aux Championnats du monde de surf des neiges qui se déroulent actuellement à La Molina, en Espagne, Maltais est la meneuse de l’épreuve de snowboard cross devant sa coéquipière, la championne olympique Maëlle Ricker. Cela témoigne non seulement de ses habiletés, mais aussi de sa capacité à rebondir après une infortune.

« C’était l’événement le plus important de ma carrière sportive, commente Maltais, 29 ans. Et j’ai tout gâché. »

Ce qui s’est passé à Vancouver

Maltais dit qu’elle était « cent pour cent prête pour les Jeux olympiques d’hiver de 2010 ». Elle était prête à éclipser la médaille de bronze qu’elle avait remportée en 2006. Même lorsqu’on a soudainement diagnostiqué chez elle la maladie cœliaque, deux mois avant les Jeux de 2010 – la forçant à changer radicalement son alimentation – l’athlète originaire de Petite-Rivière-St-François au Québec était impatiente de montrer au Canada ce qu’elle pouvait faire.

Cependant, comme cela lui est arrivé à plusieurs reprises au cours de sa longue carrière, une blessure s’est mise en travers de son chemin. Cette dernière est arrivée 25 minutes avant la première épreuve olympique à Cypress. Au cours de la dernière descente d’entraînement, Maltais a fait une chute sévère sur le dos. Elle a commencé à cracher du sang. Le personnel médical a d’abord cru qu’il s’agissait d’un poumon collabé.

« Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas me dire d’où provenait le sang, se rappelle Maltais. C’est comme s’il fallait disputer la course de sa vie après un grave accident de voiture. »

Malgré tout, elle pensait qu’elle pouvait revenir et elle est remontée sur sa planche pour prendre part à deux vagues de qualification en se traînant jusqu’à la barrière de départ. « J’ai pratiquement failli me tuer. » Sans surprise, elle n’a pu se qualifier, car l’impact physique et mental de la chute était trop important.

« Il arrive parfois des choses, a ajouté Maltais, qui était classée numéro 2 au monde en se rendant à Vancouver.

Focalisation

Après les Jeux, Maltais termina sa saison et décrocha tout de même le bronze à la finale de la Coupe du monde. Malgré tout, la déception olympique a pris le dessus.

« Ce qui est arrivé m’a alors frappée, se souvient-elle. On se pose alors beaucoup de questions sur soi-même. Faut-il abandonner ou non? Faut-il concourir pendant une autre saison ou poursuivre pendant encore quatre ans ou encore laisser tomber tout bonnement? »

Pour contrecarrer la dépression, Maltais a réagi en se lançant dans les activités qu’elle aime. Elle a pris quatre mois de congé pendant lesquels elle s’est adonnée au surf cerf-volant, à la planche nautique et au vélo. Mois après mois, elle s’est sentie mieux. Tout ce qu’elle a fait, c’est se focaliser sur elle-même.

Ensuite, elle a pensé à la saison à venir. Elle a trouvé un entraîneur basé à Montréal et a personnalisé son entraînement. Ensemble, ils se sont concentrés sur l’amélioration de ses départs et de sa vitesse ainsi que sur le perfectionnement de mouvements propres au snowboard cross.

« D’ici la fin de l’été, tout s’est remis en place. Je me sentais bien. Je bougeais bien et rapidement. Je me suis sentie différente en abordant cette saison, j’étais pleine d’énergie. »

Lorsqu’elle s’est retrouvée sur la neige en septembre, cette excitation longtemps ressentie est réapparue. Après une carrière marquée par les blessures, elle dispute maintenant les meilleures courses de sa vie en compagnie de son amie, coéquipière et principale rivale, Maëlle Ricker.

« C’est une bonne sensation d’être finalement rendu au point où l’on voulait être après des années. »

Maltais dit qu’elle n’a pris aucune décision à propos d’une troisième participation olympique à Sotchi. En attendant, elle profite du moment.