Carissa Norsten est soulevée par deux coéquipières.Thomas Skrlj/COC
Thomas Skrlj/COC

Les joueuses de rugby d’Équipe Canada unies à l’approche de Paris 2024

Résilientes. Déterminées. Acharnées. Ce ne sont là que quelques-uns des mots utilisés par les joueuses de rugby à sept d’Équipe Canada pour décrire le groupe d’athlètes qui se rendra à Paris. 

Leur route vers Paris 2024 n’a pas été facile. Elles ont connu des difficultés après les derniers Jeux olympiques, mais elles ont lentement progressé pour finalement être au sommet de leur forme à l’aube des Jeux. Leur confiance envers le processus, envers les entraîneurs et envers chacune d’entre elles leur a permis de passer de la neuvième place de la Série SVNS en 2023 à la cinquième place cette année. 

Selon la capitaine de l’équipe Olivia Apps, ce parcours semé d’embûches a renforcé les liens entre les membres de l’équipe. 

« Je pense que notre culture d’équipe provient en grande partie de l’adversité à laquelle nous avons fait face ensemble. Les deux dernières saisons de l’équipe ont été très difficiles en termes de performances et de constance. Il y a eu des blessures et beaucoup d’obstacles différents. Le fait que nous ayons traversé ces épreuves ensemble et que nous ayons toujours envie de nous retrouver en dehors du terrain et de passer du temps à parler de rugby et à vouloir nous améliorer, cela renforce la confiance. »

Apps est l’une des trois seules joueuses de l’équipe des Jeux de Tokyo 2020 à toujours faire partie de l’équipe. Les deux autres sont Keyara Wardley et Charity Williams. Williams sera d’ailleurs la seule joueuse de l’équipe qui en sera à une troisième participation olympique. Elle est donc la seule joueuse à avoir vécu des Jeux « normaux » avec des partisans dans les estrades et des interactions avec d’autres athlètes dans le Village. L’équipe comptera donc sur son expérience pendant le tournoi.

Charity Williams en possession du ballon.
Charity Williams pendant un match contre le Brésil lors du tournoi de Rugby à sept féminin des Jeux panaméricains de Santiago 2023, le vendredi 3 novembre 2023. Photo par Candice Ward/COC

« Je pense qu’à cet égard, nous n’aurons pas vraiment de repères, car aux Jeux de Tokyo, nous n’avions pas le droit d’interagir avec d’autres personnes et il n’y avait pas de partisans, explique Wardley. Nous avons travaillé si fort pour en arriver là, alors nous voulons profiter de ces moments tant que nous le pouvons. Nous devons toutefois savoir à quel moment il faudra se mettre au travail et je pense que les athlètes qui possèdent de l’expérience aux Jeux pourront nous aider à le faire ».

Apps a succédé à Ghislaine Landry au poste de capitaine. Landry est l’une des meilleures marqueuses de tous les temps et elle a joué un rôle clé dans l’essor du rugby féminin canadien et dans la médaille de bronze remportée aux Jeux de Rio 2016 alors que le rugby à sept féminin faisait ses débuts aux Jeux olympiques.

« Ghislaine était une leader qui prêchait par l’exemple. Elle avait une telle présence sur le terrain qu’il était évident qu’elle était la capitaine et la leader de l’équipe », affirme Apps.  

« J’ai dû trouver ma propre voie en tant que leader. Je suis une personne très ouverte, extravertie, j’aime communiquer avec mes coéquipières. Je pense que ces éléments me différencient de Ghislaine et c’est ma façon de créer des liens avec mes coéquipières. Ghislaine m’a toutefois appris qu’il y a des moments pour prendre le micro et parler, mais qu’il y a des moments pour le donner aux autres afin de leur donner l’espace pour qu’elles puissent affirmer leur leadership. Elle m’a aussi montré que parfois, être une bonne leader, c’est de simplement être présente ! » 

Apps sera épaulée par la vice-capitaine de l’équipe Chloe Daniels qui possède un style s’apparentant davantage à celui de Landry.

Chloe Daniels contrôle le ballon.
Chloe Daniels du Canada trouve une ouverture contre Sainte-Lucie lors de la demi-finale de rugby à 7 féminin de l’événement de qualification olympique de Paris 2024 au Starlight Stadium à Langford, C.-B., le dimanche 20 août 2023. THE CANADIAN PRESS/Chad Hipolito

« En ce qui me concerne, je me considère comme une personne calme et posée autant sur le terrain qu’en dehors de celui-ci. J’espère donc pouvoir apporter ce calme à l’équipe dans cette atmosphère emballante et animée afin de nous aider à nous concentrer, à revenir à la base et à être prêtes à jouer notre style de jeu. »

La qualification d’Équipe Canada pour Paris 2024 a été particulièrement spéciale, car elle est survenue en sol canadien. L’équipe s’est qualifiée en août dernier dans le cadre du Tournoi de qualification olympique régionale de Rugby Americas North 2023 qui s’est déroulé à Langford, en Colombie-Britannique. Les Canadiennes sont demeurées invaincues et ont remporté la finale par la marque de 53-0 contre le Mexique.

La saison 2024 de la Série SVNS HSBC s’est amorcée en décembre 2023 à Dubaï où le Canada a débuté en force avec une quatrième place. L’équipe a vaincu l’Irlande en quart de finale et a joué un match serré face à la Nouvelle-Zélande en demi-finale.

Le Canada a disputé le match pour la troisième place à trois autres reprises au cours de la saison, remportant notamment la médaille de bronze devant ses partisans à Vancouver. L’équipe a terminé en quatrième place à Los Angeles et a conclu sa saison au cinquième rang mondial après une solide performance à la Grande finale de la saison de la Série SVNS HSBC disputée à Madrid où le Canada a terminé au quatrième rang. En phase de groupes, les Canadiennes ont d’ailleurs vaincu la Nouvelle-Zélande pour la première fois depuis 2016.

Aux Jeux de Tokyo 2020, l’équipe féminine canadienne de rugby à sept n’a pas franchi la phase de groupes. Pour Paris, il y a un réel désir de montrer au monde que le Canada est à nouveau un prétendant.

« Je dirais qu’Équipe Canada joue un style très agressif et physique. Personnellement, j’ai l’impression que nous avons certaines des meilleures athlètes de rugby au monde. Je pense que nous avons un bon équilibre entre l’agressivité, la vitesse et les habiletés, affirme Apps. Puisque le rugby n’est pas vraiment un sport canadien, beaucoup de gens disent que nous n’avons pas le QI ou les connaissances nécessaires. Je crois toutefois que notre équipe est l’une des plus intelligentes et que nous nous imposons grâce à notre agressivité et notre présence défensive. C’est sans oublier notre vitesse incroyable en attaque. »

Keyara Wardley en possession du ballon de rugby.
Keyara Wardley, #12 d’Équipe Canada, tente d’échapper à un plaquage de Thalita da Silva Costa ,#12 de l’équipe brésilienne, lors de la phase de groupes des Jeux olympiques de Tokyo 2020, le jeudi 29 juillet 2021. Photo par Leah Hennel/COC.

« Le style de rugby de chaque pays est tellement différent que nous devons adapter notre système défensif ou notre façon d’attaquer en fonction de l’équipe en question », ajoute-t-elle.

Pour le tournoi olympique, le Canada a été placé dans le groupe A aux côtés de la Nouvelle-Zélande, des Fidji et de la République populaire de Chine.

« La Nouvelle-Zélande et les Fidji ont un style de jeu similaire, explique Daniels. Elles jouent au rugby depuis longtemps. Nous n’avons pas vu beaucoup la Chine, mais elles sont rapides et elles font circuler le ballon rapidement. Ce sont des choses dont nous sommes conscientes et auxquelles nous nous préparons. Je pense qu’il s’agit aussi de faire ce que nous avons fait cette saison, de ne pas trop changer et de bien nous préparer.

Il est temps de s’imposer et de se faire confiance, de faire confiance à la résilience, à la détermination et à la ténacité de l’équipe. »

Pour Apps, la chose la plus importante à retenir est la suivante : « Nous ne sommes pas sept individus, nous jouons en équipe. Nous essayons toujours de nous améliorer. Nous tentons toujours d’élever les normes.  Nous pensons aussi à l’héritage que nous laisse ce maillot ».

Le tournoi féminin de rugby à sept des Jeux de Paris 2024 se déroulera du 28 au 30 juillet au Stade de France.