« Cette flamme brûle toujours » : la planchiste Elizabeth Hosking veut atteindre de nouveaux sommets
Quand Elizabeth Hosking a fait ses débuts olympiques à PyeongChang 2018, elle n’était pas seulement la plus jeune planchiste de l’équipe canadienne, elle était aussi la plus jeune athlète d’Équipe Canada, elle qui s’est élancée dans la demi-lune à seulement 16 ans.
Hosking a effectué un retour sur la scène olympique à Beijing 2022, sa sixième place égalant alors le deuxième meilleur résultat olympique du Canada dans l’épreuve féminine de snowboard demi-lune.
En 2023, Hosking a remporté l’argent aux Championnats du monde de la FIS, devenant ainsi la première Canadienne à décrocher une médaille aux mondiaux en snowboard demi-lune.
Malheureusement, Hosking a aussi subi une grave blessure en 2023, une commotion cérébrale suite à une chute pendant un entraînement qui l’a forcée à prendre une longue pause de la compétition. L’athlète de 23 ans est revenue sur le circuit de la Coupe du monde cette saison, les yeux fixés sur une troisième participation olympique à Milano Cortina 2026.
Olympique.ca a discuté avec Hosking de ses grands objectifs en vue des prochains Jeux olympiques, de la progression du snowboard féminin international et de son niveau général d’enthousiasme pour tout ce qui touche à son sport.
Qu’est-ce qui a suscité ton intérêt pour le snowboard?
Ma famille a toujours été très sportive. En été, je jouais toujours au soccer, et en hiver, quand j’étais plus jeune, mes weekends étaient en grande partie occupés par le ski. Vers l’âge de six ans, j’ai remarqué que mon frère aîné avait commencé à faire du snowboard. J’étais une petite sœur très typique, qui voulait toujours être comme son frère aîné et faire ce qu’il faisait. J’ai donc demandé à mes parents : « Est-ce que je peux avoir une planche à neige? » Mes parents voulaient que ce soit équitable pour nous deux. Alors ils ont dit : « Non, tu dois attendre d’avoir huit ans ».
Je suppose que j’étais têtue même à l’époque… Je n’acceptais pas qu’on me dise non. Mon entrée principale était en forme de U et il y avait une pente. Alors j’ai mis tout mon équipement de ski, j’ai mis mes bottes d’hiver, j’ai pris la planche de mon frère, je suis allée dans l’entrée par moi-même et j’ai dévalé la pente. Mes parents m’ont regardée par la fenêtre de la cuisine et ont dit : « Ouais, je ne pense pas qu’elle plaisante à ce sujet. »
À quel moment as-tu réalisé que le snowboard pouvait être un sport que tu pourrais pratiquer au plus haut niveau?
Mon premier entraîneur m’a approchée sur la montagne. Il était là avec ses athlètes. C’est drôle, je me souviens que c’était ma dernière descente [de la journée]. J’étais fatiguée parce que j’étais encore une enfant et je voulais juste rentrer à la maison.
Mon père m’a dit quelque chose du genre : « Allez, une autre descente, une dernière! » Il se trouve que nous sommes arrivés au sommet de la montagne en même temps [que la personne qui allait devenir son entraîneur], et il est allé voir mon père – j’avais environ neuf ans à l’époque – et lui a dit : « J’ai remarqué que ta fille est vraiment bonne en snowboard. Je suis entraîneur de snowboard. Voici ma carte ».
C’est ainsi que tout a commencé. Puis cet amour pour tout ce qui entoure ce sport s’est véritablement développé. Je m’y suis vraiment mise à fond. En regardant les Jeux olympiques de 2010, en voyant le snowboard demi-lune et la victoire de Shaun White, j’ai compris que c’était ce que je voulais faire.
Comment se déroule ta saison jusqu’à présent? Tu es de retour suite à une blessure…
Cette saison est l’une des plus difficiles, aucun doute. En termes de résultats, c’est difficile parce que je ne pense pas avoir été en mesure de présenter le niveau de snowboard que j’ai pu atteindre auparavant. Les résultats ne sont pas là, et c’est décevant, c’est sûr. Toutefois cela me motive à travailler plus fort. Je suis une compétitrice. Je l’ai toujours été, c’est ce que j’aime faire.
En décembre, c’était ma première Coupe du monde depuis un an et demi, et je me souviens juste d’avoir pensé : c’est là que je suis censée être. Cette flamme brûle toujours. Donc je travaille d’arrache-pied et je suis motivée à pouvoir le montrer aussi en compétition.
As-tu des conseils à donner aux autres athlètes qui sont sur le chemin du retour après une blessure?
Je pense que le plus important a été de m’ouvrir à mon équipe et d’être honnête sur le fait que certains jours sont plus difficiles. Je pense que cela m’a vraiment aidée de savoir que j’ai une bonne équipe autour de moi et d’avoir ce soutien.
Honnêtement, c’est vraiment un défi. Celle-ci, plus que toutes mes autres blessures, a été un défi au niveau mental, puisque c’est une commotion cérébrale. On ne voit pas vraiment les progrès. Ce n’est pas comme un os fracturé, on ne peut pas voir sur une radio qu’il est guéri.
Je pense qu’il faut vraiment prendre les choses au jour le jour. Je commence à apprendre maintenant à me concentrer vraiment sur les petites victoires et à laisser ces petites victoires me motiver et me pousser à en obtenir plus.
Tu as atteint les plus hauts niveaux du snowboard quand tu étais très jeune. Peux-tu nous parler un peu de la façon dont tu as vu le snowboard féminin progresser depuis le début de ta carrière?
J’ai participé à mes premiers Championnats du monde à 15 ans et j’ai récemment regardé les courses de cette année-là. La situation actuelle du sport [par rapport à l’époque], c’est simplement fou! C’est super emballant en même temps, de voir vers quel niveau les femmes se dirigent. Ce que j’aime vraiment, vraiment faire, c’est de repousser ces limites, de viser grand.
[Les progrès dans le sport] sont super inspirants. Et ce qui fait en quelque sorte que nous gardons les pieds sur terre, dans ce sens, c’est qu’au sein de la communauté du snowboard, il y a ce respect et cette camaraderie entre les athlètes. Oui, finalement, c’est une compétition – quand nous sommes toutes dans cette porte de départ, c’est une compétition, aucun doute là-dessus – mais le respect que nous avons toutes les unes pour les autres, et la façon dont nous savons à quel point chacune d’entre nous travaille d’arrache-pied, je me dis : « Oh oui, je pourrais le faire aussi! » Je comprends et je connais cette personne, chacune a ses propres défis, et je les vois, et le fait qu’elles puissent malgré tout se donner à fond comme c’est aussi très inspirant et motivant [parce que] ce n’est pas surhumain. Ça pourrait être moi.

As-tu des prédictions quant à l’avenir du sport dans les prochaines années?
Je pense que nous l’avons vu avec quelques filles qui font des doubles tire-bouchons. Je pense que cela va progressivement devenir de plus en plus courant. Je pense toujours que la variété et le fait d’avoir son propre style… les juges aiment vraiment voir ça. Ils aiment vous voir faire vos figures d’une manière différente de celle des autres. Je pense que même si nous essayons toutes de pousser cette rotation supplémentaire, cette plus grande rotation, ce 180 supplémentaire, je pense qu’au final, les juges aiment voir le style individuel de chacune et nous voir faire des figures qui ne sont pas nécessairement des rotations plus importantes, mais que personne d’autre ne fait. Par conséquent, vous avez cet avantage sur tout le monde.
Comment décrirais-tu ton style?
Je pense que mon style est vraiment d’y aller à fond. C’est vraiment ce que j’aime. Je pense que c’est quelque chose qui attire tout de suite l’attention, n’est-ce pas?
On peut dire à l’œil nu qui saute à hauteur de tête et qui saute à 10 pieds et plus. J’aime vraiment, vraiment regarder des vidéos et me dire : « Wow, j’ai tout donné! »
J’espère qu’au moment de regarder mes routines, les gens diront : « Ça avait l’air facile! » Bien que je me concentre sur chaque figure, j’espère que quelqu’un qui regarde sans vraiment connaître le sport pourra se dire : « Oh, ça avait l’air vraiment facile ».
Y a-t-il des athlètes que tu as admirés tout au long de ta carrière, ou dans ton enfance?
Quand j’étais jeune, c’était Shaun White à 100 %. Je pense que sa domination en snowboard demi-lune était incroyable, et c’est quelque chose que j’ai toujours cherché à reproduire. Toutefois, je pense que tous les planchistes m’inspirent à leur manière.

Quel est ton meilleur souvenir en tant que partisane de snowboard?
Tous les événements que je regarde, je pense! J’adore le niveau d’enthousiasme qu’on ressent quand un ami ou une amie réussit une routine. Ce sont de très bons souvenirs à chaque compétition.
Toutefois la finale masculine de demi-lune de Beijing 2022 a été la démonstration de snowboard la plus folle que nous ayons vue à l’époque. Des gens qui faisaient des triples et la plus grande variété que nous ayons jamais vue, puis la hauteur la plus importante en compétition, plein de choses se passaient, l’une après l’autre.
En revanche aussi, être sur place pour la dernière routine de Shaun White… Je ne pense pas [qu’ils l’aient montrée] à la télévision, mais il y a eu une ovation debout de la part de toute la communauté du snowboard, qui applaudissait avec respect. Il a sans équivoque donné au snowboard la visibilité qu’il a aujourd’hui. C’était la dernière routine, le dernier tour de piste, et c’était tout simplement fou, les gens ont applaudi pendant cinq minutes pour une dernière fois.
Quel est le meilleur souvenir de snowboard de ta carrière?
Il y en a quelques-uns! Participer aux Jeux olympiques de 2018 a été pour moi une étape importante de ma carrière. Je me souviens qu’en première année, on nous demandait: « Que veux-tu faire quand tu seras grande? » J’ai répondu que je voulais devenir joueuse de soccer olympique, car à l’époque, je jouais au soccer. J’ai toujours grandi en regardant les Jeux olympiques, donc aller aux Jeux olympiques était un objectif de vie très important que j’accomplissais.
À un très jeune âge, en plus!
C’est fou de penser que je tente de participer à mes troisièmes Jeux. Je pense vraiment toutefois que ce premier podium à Copper [Mountain, en 2022] était juste un autre rêve devenu réalité. Le fait de pouvoir monter sur ce podium [de la Coupe du monde] pour la première fois était incroyable. Puis pouvoir terminer cette saison et la couronner avec un podium aux Championnats du monde était surréaliste.