Une dizaine de moments mémorables (et plus encore) d’Équipe Canada en athlétisme à Paris 2024
Que ce soit sur la piste ou sur la pelouse, Équipe Canada a connu des Jeux mémorables en athlétisme à Paris 2024.
Maintenant que la compétition est terminée au Stade de France, revenons sur 10 performances olympiques dont on se souviendra encore longtemps.
De Grasse garde le meilleur pour la fin
La plupart des Canadiens d’un certain âge peuvent vous dire sans se tromper où ils se trouvaient quand Donovan Bailey a remporté l’or au 100 m à Atlanta 1996. Pour les générations plus jeunes, plusieurs de ces moments indélébiles ont été réussis sur la piste par un certain Andre De Grasse.
Ça ne semblait toutefois plus être le cas à Paris 2024. De Grasse a été éliminé du 100 m et du 200 m en demi-finale, indiquant qu’il était ennuyé par un problème aux ischiojambiers.
C’est à ce moment que ses coéquipiers de longue date — Aaron Brown, Brendon Rodney et Jerome Blake — l’ont soulevé. Courant dans le couloir numéro 9 de la finale du relais masculin 4×100 m, la fraternité découlant de ces liens a produit une étincelle qui a conduit jusqu’à la médaille d’or.
Alors, souvenez-vous du lieu où vous vous trouviez quand De Grasse a franchi cette ligne d’arrivée. La question pourrait vous être posée un jour.
Katzberg, trop fort pour la ligue
Il y a de grandes possibilités qu’avant ces Jeux, vous ne saviez pas qui était Ethan Katzberg.
On est d’accord que ce n’est plus le cas, n’est-ce pas?
L’athlète de 22 ans a écrasé la compétition en finale masculine du lancer du marteau au Jour 4, remportant lapremière médaille d’or olympique canadienne dans une épreuve de lancer du marteau en 120 ans. Vous avez bien lu… en 120 ans!
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Est-ce que le chapitre d’histoire canadienne de Katzberg résistera le test du temps? Justement, à ce propos…
Rogers sait aussi lancer le marteau… très loin
Si l’improbabilité que Katzberg désire se vanter d’être le seul médaillé d’or olympique du marteau au pays, disons qu’il n’a eu que deux jours pour le faire.
Au Jour 6 des Jeux, Camryn Rogers s’est présentée au cercle de lancers avec l’attitude de faire mieux encore. Elle s’est positionnée, elle a exécuté et son marteau a franchi la plus longue distance parmi toutes les finalistes de l’épreuve féminin.
Tout comme Katzberg, Rogers est arrivée à Paris 2024 avec le titre de championne du monde. Elle est aussi repartie de Paris avec une médaille d’or au cou. En cours de route, elle a réussi à écrire son propre chapitre de l’histoire à titre de première médaillée d’or olympique canadienne dans une épreuve féminine d’athlétisme en 96 ans.
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Existe-t-il une explication sociologique sur la raison pourquoi après toutes ces années, le Canada est rempli de personnes ayant une force au-dessus de la moyenne et capable de lancer des objets lourds sur une longue distance? Peut-être, mais c’est bien au-delà de l’exercice actuel… Continuons…
De l’argent pour Arop
Équipe Canada est passée maître dans l’art de conclure les épreuves avec une touche spectaculaire et les Jeux de Paris n’ont pas fait exception.
Au Jour 15, les Canadiens ont explosé en remportant trois médailles, notamment une médaille d’argent au 800 m, hommes, celle de Marco Arop — le premier médaillé olympique canadien de l’épreuve en 60 ans.
Quelle course fantastique. Arop a établi un record canadien en 1:41,20 et il a franchi la ligne un centième de seconde derrière le médaillé d’or. Avouons que nos cerveaux ne sont pas conçus pour comprendre combien cet écart de temps est mince.
Malgré tout, Arop était tout sourire après la course. « Je ne pourrais pas être plus heureux de ma performance », a-t-il dit.
S’il est heureux, on est heureux.
Newman saute dans le livre des records
Certains athlètes sont venus aux Jeux olympiques pour s’imprégner de l’atmosphère. Certains viennent pour offrir la performance de leur vie et gagner une médaille.
Alysha Newman s’est probablement demandé pourquoi pas les deux?
En finale féminine du saut à la perche, Newman a élevé son jeu d’un cran et a diverti l’immense foule réunie au Stade de France (un aspect fort apprécié en raison du long délai causé par une défectuosité à l’équipement.)
Elle a aussi franchi la barre à 4,85, abaissant son propre record canadien et remportant une médaille de bronze olympique. En cours de route, elle est devenue la première médaillée canadienne à l’épreuve féminine du saut à la perche et la première médaillée olympique canadienne au saut à la perche en 112 ans.
Oui, une autre longue disette de médaille qui a pris fin à Paris. Y en a-t-il eu d’autres? C’est drôle que vous posiez la question…
Ahmed passe près… tellement près
C’est aussi il y a 112 ans, aux Jeux de Stockholm 1912, que Joe Keeper a pris le quatrième rang au 10 000 m, hommes.
Il semblait qu’un autre record allait être abaissé à ces Jeux. Moh Ahmed allait participer à ses quatrièmes Jeux olympiques, en quête d’améliorer sa sixième place aux Jeux de Tokyo 2020.
En finale du 10 000 m à Paris, il a réalisé une superbe course. Il a obtenu son meilleur chrono de la saison en 26:43,79. Il était en position de monter sur le podium avec une centaine de mètres à conclure, en route vers une première médaille olympique dans cette épreuve (il a remporté une médaille d’argent au 5000 m à Tokyo).
Une incroyable poussée finale de l’Éthiopien Berihu Aregawi l’a vu passer en deuxième place derrière l’Ougandais Joshua Cheptegei (qui a établi un record olympique sur le coup).
Ahmed a terminé quatrième, à 33 centièmes de seconde du podium (une fois de plus, trop serré à saisir pour nos bureaux). Le Canadien a pris Cheptegei par l’épaule une fois la ligne d’arrivée franchie… célébration? fatigue? Une course incroyable, à tous points de vue.
Une entrée remarquée pour Sutherland
En tant que partisans, nous sommes parfois aveuglés par l’éclat des médailles olympiques et nous avons parfois tendance à oublier ce que nous avons sous les yeux. Quatrième, 14e, 40e – peu importe à quel rang ces athlètes finissent, ils sont parmi les meilleurs au monde sur une planète qui compte huit milliards d’habitants.
Dans cet esprit, prenons un moment pour nous pencher sur le cas de Savannah Sutherland.
Elle était âgée de 20 ans à son arrivée à Paris, puis elle a fêté son 21e anniversaire de naissance pendant son séjour en France. Le Canada a délégué une équipe de 48 personnes pour disputer les épreuves d’athlétisme à Paris et Sutherland a été la plus jeune d’entre elles à participer à une finale.
En fait, elle en a disputé deux. Elle a pris la septième place au 400 m haies féminin, puis elle a été la coureuse la plus rapide du Canada en finale du relais 4×400 m (l’équipe a fini sixième).
Dans les faits, il s’agit ici de deux moments, ce qui vient miner quelque peu le concept de base de cette liste. Maintenant que cette porte a été défoncée cependant…
Les Canadiennes sur la bonne voie
Parlant de cette finale féminine du 4×400 m, nous n’allons pas seulement mentionner le nom de Sutherland. Salutations à toute l’équipe qui a été à l’œuvre à ces Jeux : Zoe Sherar, Lauren Gale, Kyra Constantine et Aiyanna Stiverne. Nous avons pris bonne note de votre présence !
C’est le cas aussi pour le quatuor qui a établi un nouveau record canadien au relais féminin 4×100 m : Audrey Leduc, Jacqueline Madogo, Marie-Éloïse Leclair et Sade McCreath. Vous avez inscrit un temps de 42,50 en première ronde. Excellent!
Nous n’avons certainement pas manqué le moment où Leduc a réédité son propre record canadien dans les vagues du 100 m en vertu d’un temps de 10,94 secondes.
Combien de moments ça nous fait? Faut-il compter un moment pour chacune des participantes? Ce n’est pas clair, mais à strictement parler, il faudrait idéalement s’en tenir à une liste de 10 moments.
Dunfee en bonne marche
Imaginez avoir travaillé pendant des années pour devenir un athlète de premier plan dans l’épuisante épreuve du 50 km marche.
Vous vous qualifiez pour les Jeux olympiques. Vous terminez quatrième. Vous revenez aux Jeux olympiques. Vous remportez une médaille de bronze. Vous vous demandez si, la prochaine fois, vous serez en mesure de faire encore mieux.
Puis le 50 km marche disparaît du programme olympique.
Si vous arrivez à imaginer tout ça, alors vous pouvez vous imaginer être dans les souliers d’Evan Dunfee. La différence étant que lui, il l’a vraiment vécu.
Imperturbable, le Canadien de 33 ans a toutefois réussi à se dénicher une place à Paris 2024 pour y disputer l’épreuve du 20 km marche. Il avait fini 10e à Tokyo et il est venu tout près d’accéder au podium à Paris puisqu’il a terminé cinquième.
Il a aussi participé à l’édition inaugurale du relais mixte de marathon de marche, l’épreuve qui a remplacé le 50 km marche. Il l’a fait aux côtés de l’athlète de 21 ans Olivia Lundman, dont il est aussi l’entraîneur.
Ce n’est pas le podium dont il avait rêvé, mais ça reste quand même plutôt génial.
Warner quitte à ses propres conditions
Les moments mémorables ne sont pas toujours les plus heureux.
Damian Warner, qui en était à ses quatrièmes Jeux olympiques, n’aurait pu terminer plus haut qu’il l’a fait à Tokyo. À ce moment-là, il avait remporté une médaille d’or historique au décathlon, établi un record olympique et agi comme porte-drapeau du Canada à la cérémonie de clôture.
L’expérience qu’il a vécue à Paris n’a pas du tout été la même.
Tout allait bien après la première journée. Ensuite, il occupait la deuxième place du classement général après sept épreuves. Puis est arrivé le saut à la perche. Warner a raté chacune de ses trois tentatives à 4,60 m et il a glissé jusqu’en 18e place.
Bien qu’il aurait pu disputer les deux dernières épreuves, il a pris la déchirante décision d’abandonner. Il a expliqué que « ça me donne la meilleure occasion d’évoluer parce que je ne veux plus jamais ressentir cette sensation ».
Nous ne serons jamais en mesure de réaliser les prouesses sportives d’un Warner ou des autres remarquables athlètes qu’on retrouve dans cette liste. Cependant, la détermination et le désir d’apprendre de ses erreurs dans le but de continuer de s’améliorer, peu importe le contexte ?
C’est là quelque chose à laquelle nous pouvons tous nous identifier. Un tel moment de vive introspection est à la portée de nous tous.