Dylan Armstrong recevra sa médaille olympique, dimanche, à Kamloops
Dylan Armstrong a déjà plusieurs médailles de lancer du poids à son actif. Le double olympien recevra la médaille de bronze de Beijing 2008 lors d’une cérémonie spéciale qui aura lieu cette fin de semaine à Kamloops, sa ville natale. À ces Jeux, Dylan avait terminé au 4e rang. On vient de lui attribuer la médaille de bronze en raison de la disqualification d’un compétiteur pour lequel un contrôle antidopage s’est avéré positif. Il devient du coup le premier Canadien à remporter une médaille à une épreuve de lancer depuis Stockholm 1912.
Lorsque la vasque s’est éteinte à Beijing, en 2008, Dylan avait lancé un centimètre de moins que le lanceur qui le devançait et était donc au pied du podium, au 4e rang, à l’épreuve du lancer du poids chez les hommes.
La vérité : il n’avait pas du tout raté son lancer et avait été devancé injustement par le Bélarussien Andrei Mikhnevich qui avait propulsé son poids avec force sous l’effet d’une substance interdite.
Depuis son lancer de 21,04 m, il y a six ans et demi, au Nid d’oiseau de Pékin, le lanceur costaud de 6‘4“ a remporté les médailles d’argent et de bronze aux Championnats du monde, la médaille de bronze aux Championnats du monde en salle, la médaille d’or aux Jeux du Commonwealth et sa deuxième médaille d’or aux Jeux panaméricains.
En d’autres mots, il a remporté des médailles à toutes les compétitions à l’exception des Jeux olympiques. La médaille qu’il a ratée de peu en 2008 était celle qui lui manquait. Dimanche, entouré de ses amis, de sa famille, de partisans et sûrement de toute la communauté de Kamloops, sa ville natale, il recevra cette médaille.
« Je ne voulais pas être le gars qui avait toutes les médailles, celles des Mondiaux, des Commonwealth et des Panaméricains, et qui n’avait pas celle des Olympiques », a dit Armstrong, joint par téléphone à la fin janvier.
« Je suis heureux de la recevoir dans ma ville natale et au Canada et d’être entouré des gens de ma communauté qui m’ont soutenu pendant plusieurs années. »
On dit, à juste raison, que Kamloops est un « village parfait pour y développer un olympien ». La ville se donne même le surnom de « capitale canadienne des tournois » en raison de son grand intérêt à organiser le plus de compétitions possible, que ce soit du championnat provincial de natation aux Championnats du monde de hockey sur glace féminin.
Attendre six ans et demi n’est pas facile, où que l’on soit. En juin 2013, la fédération nationale d’athlétisme du Bélarus a suspendu Mikhnevich à vie pour un deuxième contrôle positif révélé à la suite d’une deuxième analyse par l’IAAF des échantillons congelés datant de 2005 de Mikhnevich. Peu avant juillet, l’IAAF avait confirmé la suspension du Bélarussien et l’annulation de tous ses résultats depuis 2005. La nouvelle de l’annulation des résultats de Mikhnevich se traduisait par une médaille de bronze des Championnats du monde en salle de 2010 pour Armstrong.
Et, encouragé par le COC, le CIO a donc revu les résultats de 2008 pour finalement émettre l’annonce de la réattribution de la médaille en août 2014. Armstrong récupérerait la médaille de bronze de Mikhnevich.
« On doit être très patient, attendre un peu en retrait et attendre la décision finale. Heureusement, l’IAAF et le CIO ont pris la bonne décision », a dit Armstrong, qui recevra sa médaille de la légendaire joueuse de hockey Hayley Wickenheiser, aussi membre de la Commission des athlètes du CIO.
L’athlète de 34 ans n’a pas l’air du genre de personne à ressasser les vieilles histoires. Dans la situation actuelle, il est victime d’un cas de dopage, mais il n’a pas choisi pour autant de jouer le rôle d’activiste. Au lieu de cela, il a laissé les résultats parler d’eux-mêmes pour enseigner que le sport peut se jouer en toute équité et le rappeler au besoin. « C’est une nouvelle à la fois d’actualité et du passé. Et j’aimerais mettre tout ça derrière moi et passer à autre chose. Ce n’est qu’une autre médaille à mon cou. Cela démontre que ce que mon entraîneur et moi faisons fonctionne, et personne ne peut nous enlever ça », a-t-il dit.
« Je crois évidemment que personne ne devrait tricher, mais je n’ai pas le contrôle de ce que font les autres. Je suis simplement heureux qu’il se soit fait prendre et que je reçoive la médaille qui me revient de tous les droits. » – Dylan Armstrong
Il explique qu’il n’a pas passé beaucoup de temps à se demander quels athlètes utilisaient peut-être des substances interdites, situation qui, à son avis, n’est pas si courante, mais qui « fait partie de son épreuve comme de bien d’autres épreuves. » Au lieu de se concentrer là-dessus, il se fixe un objectif et épuise toutes les ressources de son entraîneur, le Dr Anatoliy Bondarchuk, pour y arriver. Ancien lanceur de marteau, l’Ukrainien d’origine est détenteur de la médaille d’or de Munich 1972 et de la médaille de bronze de Montréal 1976.
Après sa carrière d’athlète, Bondarchuk a commencé à diriger les athlètes les plus forts du monde à lancer des objets à des distances démesurées au moyen d’une méthode de périodisation propre à lui et un style d’entraînement unique qu’Armstrong décrit comme « très dépassé ».
En ce moment, Armstrong reprend de l’entraînement après avoir subi, en décembre dernier, une opération sous arthroscopie pour déloger des corps étrangers de l’articulation de son coude et le soulager de l’arthrite qui le faisait souffrir depuis une blessure subie en entraînement, en février 2012.
Il ne pourra pas participer aux Jeux panaméricains cet été. Il vise plutôt une troisième participation aux Jeux olympiques, en 2016 à Rio, et la chance de vivre en bonne et due forme l’expérience de remporter une médaille olympique aux Olympiques.
« Rien ne pourra remplacer ce moment qui m’a été dérobé. Ça n’a pas d’importance ce que les autres font. Pour moi, quiconque monte sur le podium aux Jeux olympiques devant ses partisans, ses amis et sa famille vit un moment très spécial impossible à remplacer », a dit Armstrong, en toute honnêteté.
Bien qu’Armstrong n’ait pas reçu sa médaille lors d’une cérémonie de remise de médaille officielle, le temps a atténué le goût amer. Après tout, il y aura toujours, pour chaque épreuve, un athlète médaillé de bronze. Cela explique peut-être les paroles d’Armstrong : « Je ressens une sensation spéciale lorsque je sais que j’ai lancé plus loin qu’un athlète et que je l’ai battu, en sachant qu’il a déjà pris des substances interdites. Je sais que je n’en prends pas et que j’ai lancé plus loin que lui. »