Patinage artistique masculin : Patrick Chan contre lui-même
Sur la patinoire, Patrick Chan est l’athlète le plus seul des Jeux olympiques d’hiver.
C’est que Patrick Chan est dans une classe à part. Lorsqu’il est en forme, le triple champion du monde est intouchable. Patrick Chan est le seul capable d’égaler Patrick Chan.
C’est un démon dont Patrick a bel et bien conscience. Lors de la dernière saison, il s’est consacré à améliorer son exécution mentale. C’est ce qu’il a révélé pendant l’événement d’un commanditaire plus tôt cette année. « Pendant l’été, je me suis entraîné à ne penser qu’à un élément à la fois et à ne pas penser trop loin dans le programme. C’est vraiment facile de s’attacher au résultat au lieu de se concentrer sur les étapes qu’il faut pour en arriver là », explique le patineur.
La stratégie semble porter ses fruits. Patrick Chan a été d’une grande constance pendant la saison du Grand Prix (l’��quivalent du circuit de la Coupe du monde) en remportant les deux épreuves auxquelles il a participé. Lors du Trophée Eric Bompard, il nous a éblouis en signant un record du monde au programme court et au programme libre dont les pointages s’additionnent.
Son pointage final de 295.27 points surpassait de 30 points celui du Japonais Yuzuru Hanyu, son plus proche rival.
Patrick voit plusieurs points positifs aux derniers mois. « L’aspect mental est l’un des points forts de la dernière saison parce que j’ai connu beaucoup de succès à plusieurs des compétitions auxquelles j’ai participé et c’est la saison la plus constante que j’ai connue. Je suis sur la bonne voie. »
La saison n’était cependant pas parfaite. Patrick Chan s’est incliné devant Hanyu lors de la finale du Grand Prix. À l’issu du programme court, le patineur a employé les mots « blessé » et « contrarié ». Le mois dernier, sa performance du premier jour des Championnats nationaux était d’un calibre inférieur à ce qu’il nous a habitué. En rangeant ses patins après avoir remporté son septième titre de champion canadien le lendemain, l’athlète se faisait introspectif. « La tête peut nous jouer de mauvais tours et c’est facile de perdre le rythme et d’oublier ce qui nous aide à réussir. À l’entraînement et ici aux Championnats nationaux, j’ai perdu le rythme et les mots-clés dont je me suis servi pour obtenir du succès. L’erreur est humaine et ça m’aide à me recentrer et à me rappeler ce que je dois faire. »
Ça n’a certainement rien de facile. Être champion du monde en titre des trois années qui précèdent les Jeux de Sotchi engendre une pression énorme. Mais le stress n’est pas trop inconfortable pour Patrick Chan. Le patineur fait preuve d’une maturité digne de son âge et de son expérience. Il est plus souriant et il semble se rendre compte qu’il s’agit d’un jeu même si celui-ci peut être très exigeant.
Lorsqu’il réfléchit à ce qui l’attend après les Jeux de Sotchi, Patrick Chan envisage un avenir plus léger. « Peut-être que quand je n’aurai plus le poids des Jeux olympiques sur les épaules, je prendrai un peu plus de plaisir à patiner. Mais par contre, je suis vraiment compétitif et même si je gagne les Jeux olympiques, je ferai quand même de mon mieux pour dominer chaque compétition. »
Ce n’est certainement pas aujourd’hui que les plans des prochaines années se décideront, mais la réponse de l’athlète laisse entrevoir ce qui pourrait se passer, tout comme cette photo de lui horrifié après son programme court à Ottawa le mois dernier.
La vérité est que Patrick Chan a la compétition dans le sang. Il s’est armé du répertoire parfait pour déstabiliser ses adversaires. Il les a relégués dans une autre classe et aujourd’hui, son seul véritable rival est probablement lui-même. À Sotchi, les défis à relever seront importants, mais Patrick est passé maître dans l’art de combattre ses démons.
QUI : Patrick Chan, Kevin Reynolds et Liam Firus
QUOI : Patinage artistique masculin
QUAND : Le programme court aura lieu le jeudi 13 février à 10 h HNE / 7 h HNP et le programme libre le 14 février à 10 h HNE / 7 h HNP