Le secret derrière le succès du Canada en volleyball de plage

Photo manchette : Jamie Broder (FIVB)

Steve Anderson est un entraîneur olympique en volleyball qui parle avec un accent du sud apaisant et qui a des idées intéressantes.

Entraîneur en chef actuel du programme de volleyball de plage du Canada, Anderson aime raconter ses débuts dans le programme à l’hiver 2013. « Nous avons réuni tout le monde dans la salle de conférence et j’ai demandé aux athlètes : “Quelle est la dernière fois où, en débarquant de l’avion, vous vous attendiez à remporter une compétition du Tour mondial?” », se rappelle le natif du Kentucky.

« Ils m’ont ri au nez. Littéralement. »

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L’équipe nationale de volleyball de plage du Canada, le directeur de la haute performance Ed Drakich (première range, au centre, à gauche), l’entraîneur en chef Steve Anderson (première rangée, au centre à droite).

Anderson a répondu ceci : « D’après ce que je sais, le hockey est le sport du Canada, et lorsque les équipes canadiennes de hockey débarquent de l’avion, elles s’attendant toutes à gagner. En ce qui me concerne, c’est ça l’attitude canadienne », a-t-il dit à la salle où étaient réunis les meilleurs athlètes de volleyball de plage du Canada, mais qui n’arrivait pas à obtenir du succès sur la scène internationale.

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Aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, les meilleures équipes féminines du Canada figurent au numéro un et au numéro deux du classement du tour mondial. Une ascension fulgurante. Avant cette saison, le pays n’avait jamais gagné de médaille aux épreuves féminines du Tour mondial FIVB. Étonnamment, quatre médailles ont été remportées en six épreuves; deux pour les meneuses au classement Jamie Broder et Kristina Valjas, et deux pour l’équipe classée deuxième, Heather Bansley et Sarah Pavan.

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Kristina Valjas (à gauche) et Jamie Broder (à droite) ont remporté l’or à l’ouverture de la saison du Tour mondial FIVB à Fuzhou, en Chine; c’est la première médaille remportée par un duo féminin canadien au tour.

Les hommes, qui occupent en général le devant de la scène, essaient de suivre. Au début du mois de juin, Josh Binstock et Sam Schachter ont remporté la première médaille masculine du Canada à un tournoi « majeur » en 18 ans (depuis Child et Heese) et figurent actuellement au quatrième rang au classement général. Ben Saxton et Chaim Schalk sont classés 14es.

Personne n’arrive à mettre le doigt sur les raisons de ce succès. Est-ce de la magie? Le directeur de la haute performance Ed Drakich raconte avec amusement que la FIVB a demandé d’étudier le succès canadien : « Je dois vous dire qu’il n’y a pas de formule miracle, c’est un tout », leur a-t-il dit.

Ne figurant pas sur la liste de financement d’À nous le podium, et avec des ressources limitées, le programme de volleyball de plage d’Anderson encourage ses athlètes à engager eux-mêmes leurs entraîneurs et à s’entraîner n’importe où, selon leurs préférences. « Steve a une approche “mains libres”, en ce sens qu’il est disponible pour nous si nous avons besoin de lui, mais il nous permet de contrôler notre propre environnement d’entraînement et notre plan de compétition avec notre entraîneur », a expliqué Jamie Broder dans un courriel cette semaine.

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Broder et Valjas s’entraînent à temps plein à l’installation de volleyball de plage de Volleyball Canada qui se trouve au Parc Downsview à Toronto. Broder dit que leur entraîneur personnel, John May « a eu un impact considérable » sur leur développement. Après l’entraînement intérieur, les deux meilleures équipes masculines et les deux meilleures équipes féminines s’envoleront pour la Californie afin de se préparer à l’extérieur dans le vent et au soleil.

Si on ne peut déterminer exactement le « pourquoi », on peut certainement trouver des raisons de dire « pourquoi pas ». Drakich estime que le programme de volleyball de plage du Brésil reçoit environ huit millions de dollars de financement. Les athlètes qui détiennent un brevet senior comme Broder ou l’olympien de 2012 Josh Binstock reçoivent 1500 $ par mois, ce qui, d’après Broder, « ne suffit qu’à couvrir les frais de subsistance ». Drakich a dit à maintes reprises que c’était comme « se présenter avec des cuillères à une bataille de pistolets ». Toutefois, les meilleures Brésiliennes figurent au troisième rang du classement derrière deux équipes canadiennes. « J’aimerais recevoir du financement, mais à force de jongler avec des cuillères, nous sommes passés maîtres en la matière », a ajouté Drakich.

Heather Bansley (2) et Sarah Pavan (1). Photo : FIVB

Heather Bansley (2) et Sarah Pavan (1). Photo : FIVB

Devant assumer tous leurs frais, des billets d’avion aux chambres d’hôtel, il y a toujours un sentiment d’urgence chez les joueurs canadiens de volleyball de plage. Un programme axé sur la méritocratie signifie que les athlètes doivent se battre pour leur place dans le tour, et lorsqu’ils y parviennent, ils utilisent l’argent gagné pour payer leur voyage. Broder et Valjas ont partagé 11 000 $ de la médaille d’or obtenue au match d’ouverture de la saison, et Drakich estime qu’il coûte 60 000 $ par équipe pour voyager durant les huit mois que dure la saison de volleyball de plage.

Avec les nombreuses variables qui peuvent avoir un impact sur un match de volleyball de plage, il semble que présentement, les étoiles montantes canadiennes ont trouvé le mélange parfait. « Nous avons prouvé que nous sommes une menace et que nous sommes là pour rester, les autres équipes commencent à prendre note », a affirmé Broder. « Le niveau de compétition dans le tour est tellement élevé que nous abordons toutes les compétitrices avec la même philosophie : tout se mérite, rien n’est donné. »