Une vie sur l’eau : Rencontrez Mike Leigh, athlète olympique en voile

Mike Leigh, l’athlète olympique canadien en voile, essaiera d’obtenir une médaille au mois d’août. Il naviguera sur les eaux de la mer Jaune dans la catégorie laser, pour laquelle il s’est qualifié aux Championnats du monde de 2008 qui ont eu lieu au Portugal en février.

Qu’est-ce qui vous a poussé vers la voile? Quand avez-vous commencé à réaliser que vous pourriez concourir à des niveaux supérieurs?

J’ai participé à beaucoup de croisières lorsque j’étais plus jeune, et cela m’avait beaucoup plu. À l’âge de six ou sept ans, mes parents m’ont inscrit à des leçons de voile au Royal Vancouver Yacht Club. Je me suis beaucoup amusé, alors j’ai décidé d’essayer leur équipe junior. Pendant plusieurs années, ça n’allait pas très fort, mais j’ai commencé à faire montre d’un certain potentiel. À 14 ans, j’ai été sélectionné dans l’équipe nationale junior. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je pouvais participer à des compétitions de haut niveau.

À quoi ressemble votre entraînement, particulièrement lorsque vous vous préparez pour une compétition d’envergure?

Nous (les athlètes en voile) passons généralement beaucoup de temps à nous entraîner et à participer à des compétitions à l’étranger, car nous devons nous mesurer aux meilleurs au monde. Cela nous permet difficilement de compléter notre programme de préparation physique. Mon entraîneur a conçu un programme d’entraînement qui tient compte de mon calendrier.

En ce qui concerne la préparation pour les compétitions de voile, elle se compare aux autres sports. Nous essayons de déterminer nos faiblesses et nous les divisons. Ensuite nous isolons chaque composante et nous les travaillons séparément jusqu’à ce que nous ayons perfectionné la technique ou jusqu’à ce que se dévoile une faiblesse plus criante.

Je passe de 10 à 15 heures par semaine à l’entraînement à sec et jusqu’à 30 heures par semaine sur l’eau.

Pouvez-vous décrire l’épreuve du laser pour ceux qui ne la connaissent pas? Comment diffère-t-elle des autres épreuves de voile?

Chaque épreuve de voile est unique. Aux Jeux olympiques, toutes les courses se déroulent autour des bouées. Au laser, le parcours est trapézoïdal, et il faut environ une heure pour le compléter. Onze courses sont prévues et les scores cumulatifs pour toutes les courses s’additionnent; le concurrent qui a le score le moins élevé obtient la victoire.

Quelles sont les habiletés nécessaires pour les courses dans la catégorie laser?

Le laser est une épreuve très physique lorsqu’il vente beaucoup. Nous utilisons le poids de notre corps pour maintenir le bateau en équilibre lorsque la dérive et le safran fonctionnent à leur meilleur. Pour y arriver, au vent et par vent travers, nous glissons nos orteils dans une sangle et nous nous penchons aussi loin que possible.

Lorsque le vent diminue, il y a moins de force dans le gréement, alors nous n’avons pas besoin de nous pencher autant. En Chine, nous anticipons des vents légers, donc les courses ne devraient pas autant faire appel à la force physique que d’habitude. Elles revêtiront plutôt un caractère stratégique et tactique, et causeront, de ce fait, une grande fatigue mentale. La régate olympique se déroule sur une plus longue période, ce qui constitue également une cause de stress.

Peu de sports olympiques dépendent de Mère nature comme la voile. Qu’est-ce que cela fait de devoir affronter la mer et le vent comme vous le faites?

J’aime vraiment affronter un nouveau défi à chaque course. Les conditions changent toujours, alors il faut constamment s’adapter.

Qu’est-ce que le classement au cinquième rang signifie pour vous?

Je n’y pense pas réellement. Cela fait quelque temps que je suis classé parmi les 5 premiers, alors cela n’a plus l’attrait de la nouveauté. Ce serait bien d’atteindre la première place.

Il y a trois ans, vous avez arrêté vos études en kinésiologie à l’UBC to pour vous concentrer sur la voile et pour essayer de vous qualifier pour Beijing. Pour y arriver, vous avez dû y consacrer vos propres fonds. Aujourd’hui, vous avez obtenu votre billet pour les Jeux. Pouvez-vous nous décrire cette aventure?

Il y a trois ans, une belle occasion de m’adonner à la voile à temps plein s’est présentée à moi. Au Canada, cela arrive rarement, alors j’ai sauté sur l’occasion. Toutefois, je voulais être en mesure de juger le succès de ces trois années autrement que par mes résultats – alors, j’ai décidé que j’utiliserais cette opportunité pour apprendre autant que possible. Ce fut l’une des meilleures décisions que j’ai prises jusqu’à présent.

Quel a été jusqu’ici le meilleur moment de votre carrière?

Le meilleur moment de ma carrière a probablement été la Semaine olympique française de cette année. Si j’avais une mauvaise course, cela se serait reflété de manière significative dans mes résultats. Il y avait deux courses ce jour-là, et comme c’était les séries finales, elles étaient très difficiles. J’ai fait en sorte d’avoir une bonne première course, et j’ai même donné du fil à retordre au leader de l’épreuve. Avant la dernière course, nous avions tous les deux une belle avance sur le reste de la flotte en terme de points, et il a essayé de m’écarter de la course. Les courses finales sont très difficiles, mais elles le sont encore plus lorsque quelqu’un essaie de vous écarter. Heureusement que je n’ai pas perdu mon sang-froid et que j’ai pu réaliser une belle performance. Il y a quelque chose de vraiment spécial lorsqu’on garde son calme afin de performer sous la pression; ce fut une belle expérience.

Quels sont vos plans pour Beijing?

M’amuser et apprendre tout ce que je peux. Je suis très enthousiaste et très nerveux à l’idée de concourir aux Jeux. Plusieurs personnes m’ont dit que dans la compétition olympique, l’aspect mental compte pour 90 p. cent et le physique, 10 p. cent. Plus les Jeux approchent, plus cela me paraît vrai. C’est avec plaisir que je prendrai part à la compétition, car ce sera un défi de taille.