Un nageur hors du commun : Rencontrez Ryan Cochrane, détenteur de records canadiens

Ryan Cochrane se rendra à Beijing en tant que membre de l’équipe de 27 nageurs qui représentera le Canada. Le natif de Victoria est l’un des meilleurs espoirs de médailles du Canada au 1500 m nage libre. Il détient les records canadiens pour trois épreuves, et deux de ces records ont été établis aux Essais olympiques à Montréal, le mois dernier.

Vous détenez maintenant trois records canadiens, au 400 m, au 800 m et au 1500 m nage libre. Qu’est-ce que cela signifie pour vous? Comment y êtes-vous parvenu?

Cela a pris plusieurs années pour arriver à ce stade de ma carrière, mais l’établissement des records n’est qu’un début. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai appris que je préférais me fixer des objectifs à court terme plutôt que des objectifs à long terme, parce que cela me permettait de vivre et d’apprendre à gérer le succès. Je pouvais évaluer plus souvent mes objectifs. J’ai le même entraîneur depuis six ans, et nous avons établi une très bonne relation de travail. Cela a beaucoup influencé mon succès, et nous sommes très enthousiastes pour cet été. Nous croyons tous les deux qu’il pourrait se passer de grandes choses.

Comment se sont passés les Essais olympiques canadiens de natation? Que pensez-vous de l’équipe canadienne en général?

C’était différent des autres compétitions. La nervosité ressentie par tous les nageurs à la rencontre n’est pas quelque chose pour laquelle j’aurais pu me préparer. J’étais beaucoup plus nerveux pendant les essais que je ne l’étais lors des Championnats du monde. Je pense que tout le monde a ressenti la pression, et plusieurs personnes ont été capables d’y faire face et de réaliser des performances incroyables. L’équipe qui ira à Beijing est plus jeune que prévu, mais elle est quand même bien préparée. Nous sommes impatients de concourir et de montrer au monde comment nous pouvons vraiment être rapides.

Quelles seront les clés de votre succès à la piscine à Beijing?

L’entraînement se déroule très bien pour moi, grâce à mon entraîneur Randy et du Island Swimming au sein duquel je m’entraîne. Je pense que l’entraînement deviendra de plus en plus difficile, mais ce n’est qu’une partie d’un ensemble. Je fais attention aux petites choses – comme la nutrition, mes habitudes de sommeil et l’esprit sportif – et je pense que j’obtiendrai un grand succès cet été. Je suis également très chanceux de pouvoir compter sur un réseau solide à la maison, et rien que le fait d’avoir l’appui de mes parents et de mes amis m’aidera à concourir au meilleur de mes capacités.

Qu’est-ce qui vous a poussé vers la natation?

J’ai commencé à l’âge de neuf ans parce que j’avais des problèmes au pied. J’ai les pieds très plats, et en conséquence, j’avais de la difficulté à courir et à pratiquer d’autres sports. Non seulement la natation m’a aidé à faire face à la pression que je ressentais en courant, mais j’ai également excellé dans ce sport et ce, dès le début.

Qu’est-ce qui vous a poussé à nager compétitivement?

J’ai un frère jumeau, et en grandissant, tout était matière à compétition. Nous avions tous les deux pris des leçons de natation, et lorsque j’ai essayé de participer à un camp d’été par l’intermédiaire de mon club, je n’ai jamais regardé en arrière. La natation est quelque chose que j’ai toujours aimée. Mon frère et moi, nous avions l’habitude de nous livrer compétition au cours des leçons, alors la natation compétitive n’avait réellement rien de nouveau pour moi.

Quels sont les efforts consentis afin d’être un Olympien dans l’équipe nationale de natation?

Chaque semaine, je nage de 60 à 70 km. En général, ma journée commence à 6 h 15 lorsque je me dirige vers mon entraînement du matin. Ce semestre, j’ai choisi d’arrêter temporairement mes études, alors je nage de 7 h à 9 h. Ensuite, je reviens à la maison où je m’accorde du temps libre. À 13 h, je retourne à la piscine, et je fais des exercices au sec jusqu’à 15 h. Je nage ensuite de 15 h à 17 h, et je répète cette merveilleuse procédure chaque jour à l’exception du dimanche. Lorsque je prenais encore des cours, j’avais de la difficulté à tout équilibrer, mais je suis heureux de pouvoir me concentrer sur mon entraînement pour les quatre prochains mois, et ce, jusqu’aux Jeux de Beijing. Je suis heureux de travailler à l’intérieur et à l’extérieur de la piscine; c’est l’aspect mental du sport qui prend le plus d’effort. Le plus dur est de me réveiller et de savoir que j’aurai à sauter dans la piscine et à nager un autre programme monotone. Alors, je me dis : « C’est comme cela que tu as pu te rendre à ce stade de ta carrière, et c’est ce que tu dois faire. »

Au beau milieu d’une course, à quoi pensez-vous?

On me pose cette question assez souvent, et j’ai toujours du mal à y répondre. Je pense à la course pendant toute la durée de la course, que ce soit contre des concurrents ou contre la montre. J’ai toujours quelque chose sur laquelle je dois travailler lorsque je nage, comme mon style de nage, une meilleure cadence et de meilleurs retours, alors je passe toujours une liste en revue. J’essaie également de penser à la stratégie que mon entraîneur et moi avons élaborée pour la course.

Avez-vous conscience de ce qui vous entoure comme la foule ou les autres compétiteurs?

Selon le niveau de clarté de la piscine, je peux parfois voir les autres compétiteurs. Je peux toujours voir les gens à côté de moi, mais les compétiteurs que je dois battre sont le plus souvent huit couloirs plus loin. Je peux entendre la foule si elle est bruyante. Les partisans sont toujours plus excités vers la fin de mes courses, ce qui est bien, parce que je commence à les entendre lorsque je commence à avoir très mal.

Comment, exactement, quelqu’un peut-il arriver à nager rapidement?

Je nage depuis 10 ans, et je dirais que l’entraînement est probablement le meilleur facteur. Même si je n’ai pas envie de m’entraîner certains jours, je sais que ce sont ces longueurs, d’un bout à l’autre de la piscine, qui sont directement liées à mes résultats. Lorsque je parle aux nageurs plus jeunes, je mets toujours l’accent sur la détermination et l’esprit de compétition. Lorsque j’étais un nageur de groupe d’âge, j’aimais faire la course et ce, quelque soit le compétiteur en face de moi. J’ai toujours trouvé la force pour en accomplir davantage à l’entraînement, et cela m’a aidé à nager plus rapidement dans les grandes rencontres.

Quelle sorte de régime alimentaire suivez-vous?

J’ai travaillé avec des nutritionnistes, mais je trouve qu’une diète trop structurée est difficile à suivre. Je ne suis pas de diète structurée, mais j’essaie de manger santé. J’essaie le plus possible de ne pas trop manger et de manger suffisamment durant les mois d’entraînement intensif. Tant que je me sens bien dans l’eau, mon plan est de continuer à manger des aliments sains – beaucoup de fruits et de légumes.

Quelles sont vos perspectives pour vos premiers Jeux olympiques?

(À l’approche des Jeux olympiques), je commence à visualiser mes nages, et toute l’expérience olympique. Je ne suis pas nerveux, mais je sais que lorsque l’équipe sera réunie, commenceront alors les attentes, et je me mettrai à paniquer. Après les essais du mois dernier, je peux honnêtement dire que j’aurai la chance de remporter une médaille cet été, et c’est très excitant. Je pense que je serai nerveux et excité, mais en même temps, je m’attends à réaliser une bonne performance – et à améliorer mes records canadiens dans mes deux épreuves (400 m et 1500 m nage libre).