Un fondeur en action

« J’ai une personnalité super compétitive » : Le fondeur Antoine Cyr a de grands objectifs pour 2024-25 et au-delà

Antoine Cyr a connu une saison marquante en 2023-2024. L’athlète de 26 ans originaire de Gatineau, au Quebec, a terminé au 10e rang du classement général de la Coupe du monde FIS de ski de fond, en grande partie grâce à sa polyvalence sur diverses distances et dans les deux techniques, soit le ski de fond classique et le ski de skating. Le point culminant de sa saison a été une quatrième au sprint en style classique lors de la Coupe du monde à Drammen, en Norvège, en mars. Il a terminé à 44 centièmes de seconde de ce qui aurait pu être son premier podium en Coupe du monde. 

Antoine Cyr a vécu un moment historique à ses débuts olympiques à Beijing 2022. Lui et son coéquipier Graham Ritchie ont terminé cinquième au sprint par équipes. Mais au regard des résultats de la saison dernière, Cyr pense qu’il peut encore réaliser de grandes choses à Milano Cortina 2026.

Olympique.ca a rejoint Cyr vers la fin d’un camp en altitude au Colorado où, malgré une charge d’entraînement intense et l’air raréfié, il a pris le temps de nous parler de sa préparation et de ses objectifs pour la prochaine saison.

Peux-tu nous parler de tes débuts, comment as-tu commencé dans le ski de fond ?

Je suis très chanceux d’avoir grandi dans la vallée de l’Outaouais, plus précisément à Gatineau, du côté québécois. J’ai eu la chance de bénéficier du parc de la Gatineau, un lieu exceptionnel pour apprendre à faire du ski de fond, situé à seulement 400 mètres de chez moi !

Mon père a déménagé de Montréal à Gatineau pour faire du ski de fond, parce qu’il aimait ce mode de vie. Et ma mère, elle, est née et a grandi à Gatineau. Donc, ils étaient tous les deux skieurs de fond. Donc, nous avons également eu la chance d’avoir une grande communauté de ski à Gatineau.

Aussi loin que je me souvienne — je pense que j’avais environ deux ans — mes parents m’ont donné de petits skis. J’ai commencé à skier à partir de là. Au départ, c’était principalement des aventures de fin de semaine, puis c’est devenu progressivement plus compétitif. J’ai une personnalité super compétitive. À l’école secondaire et en grandissant, je voulais toujours faire des courses, encore et encore. Et c’est toujours le cas aujourd’hui, ma personnalité compétitive est restée la même!

Tu as eu une saison marquante l’année dernière, en terminant 10e du classement général de la Coupe du monde FIS. Peux-tu revenir sur cela et parler de tes objectifs pour la prochaine saison?

L’année dernière, j’ai eu la chance de participer à presque toutes les courses de la Coupe du monde, du début à la fin. Je crois que j’ai à peine raté une course en raison d’une maladie ou d’une blessure, alors j’en suis très content.

Je suis aussi chanceux d’être fort des les épreuves de sprint et distance, ce qui renforce encore ma personnalité compétitive, car cela me permet de participer presque tous les week-ends de la Coupe du monde.

Ce fut une année marquante pour moi. J’étais sur le circuit de la Coupe du monde et je sentais que je méritais ma place. J’avais obtenu de bons résultats lors des deux saisons précédentes, mais je ne me sentais pas encore totalement à l’aise. Mais l’année dernière, c’était vraiment un grand pas dans la bonne direction. Je me sens beaucoup plus à l’aise maintenant.

Terminer la saison en 10e position au classement général était un effort d’équipe. Tout le personnel de l’équipe canadienne s’est rassemblé pour s’assurer que je recevais le soutien nécessaire pour performer.

Pour les deux prochaines saisons, l’accent sera moins mis sur la participation à un maximum de courses, et davantage sur la qualité. En 2025, nous aurons les championnats du monde à Trondheim, un objectif très important pour moi. Ils auront lieu à peu près aux mêmes dates que les Jeux olympiques, alors on pourra faire une sorte de répétition. Cortina est déjà marquée à mon calendrier, c’est certain.

J’ai beaucoup de bons souvenirs des Jeux de Beijing et j’ai adoré mon expérience olympique. Mais je crois pouvoir rendre Milano Cortina encore meilleure avec toute l’expérience que j’ai accumulée.

Sur quoi as-tu particulièrement travaillé cette saison?

Après les Jeux de Beijing 2022, on s’est rendu compte que l’entraînement en altitude était un domaine dans lequel je devais m’améliorer. Beaucoup d’équipes le font, et c’est là que nous avons un peu manqué de préparation pour Beijing, où l’altitude relativement élevée, autour de 1600 mètres.

Après les Jeux, nous avons réévalué notre plan et mis en place trois camps d’entraînement en altitude par année, les résultats ont été très positifs. Ainsi, je m’engage pleinement dans ces camps en altitude.

C’est beaucoup de travail, et c’est vraiment dur. On est épuisé quand on rentre chez nous après des semaines d’entraînement de 30 heures à haute altitude! Mais ça en vaut la peine. D’ailleurs, la plupart des autres équipes européennes font la même chose. C’est une question de se mesurer à elles.

Pour Milano Cortina, nous allons compétitionner à Val di Fiemme, qui n’est pas très élevé, environ 1200 mètres. J’y ai déjà participé plusieurs fois. Mais je pense que nous serons mieux préparés que nous ne l’étions pour Beijing.

As-tu une préférence entre les épreuves de sprint et de distance?

Honnêtement… je les aime toutes! Mais c’est sûr que je suis un meilleur skieur classique, et généralement un peu meilleur en distance. La saison dernière, j’ai fait preuve d’une grande régularité dans les épreuves de distance. J’ai eu de bons résultats et je me sentais bien. Ensuite, j’ai obtenu un très bon résultat en sprint vers la fin de la saison [la quatrième place à Drammen]. C’était une bonne surprise. C’était aussi juste après un 50 km. Donc, j’aime tout, mais j’ai une petite préférence pour le classique.

Wow, 50 kilomètres, c’est vraiment long. Quelle stratégie de ravitaillement adoptes-tu lors d’une course ?

Je pense que l’importance du ravitaillement a vraiment augmenté au cours des deux ou trois dernières années. Les recommandations suggèrent de consommer environ 60 à 120 grammes de glucides par heure d’entraînement. Personnellement, je vise environ 80 grammes de glucides, principalement à travers des boissons énergétiques et des gels. Le plus difficile en ski, c’est l’accès aux ravitaillements — c’est tellement différent du cyclisme.

La veille de la course, on s’assoit pour planifier ce qu’on va recevoir à chaque point de ravitaillement sur le parcours. En général, on peut avoir trois membres du personnel sur un tour, donc tu peux obtenir un gel, une boisson sportive ou de l’eau. Vers la fin de la course, j’aime bien prendre un Coca, c’est toujours un bonus.

Une question un peu différente, as-tu suivi les Jeux olympiques de Paris ? Et si oui, quels ont été tes moments préférés en tant que fan d’Équipe Canada ?

J’ai eu l’occasion de regarder beaucoup d’épreuves olympiques, car j’étais en camp d’entraînement en Utah, et entre deux séances, on ne faisait que regarder les Jeux.

J’ai quelques moments préférés. L’entraîneur qui était avec nous en Utah est un entraîneur de force et il entraîne certains athlètes d’athlétisme. L’un de ses athlètes, Thomas Fafard, a atteint la finale du 5000 mètres, et c’était vraiment excitant pour lui.

Je pouvais voir que [Fafard] n’avait peut-être pas réalisé la course qu’il espérait, mais c’était un de mes moments préférés, parce que même si ce n’était pas son meilleur temps, je pense qu’il avait toutes les raisons d’être fier de cette course. Je pouvais me projeter à sa place.

Je sais à quel point il est difficile de trouver son meilleur niveau aux Jeux olympiques. Les Jeux sont tellement différents de ce qu’on voit durant la saison normale. La nourriture, le transport, l’hébergement, tout est différent. J’ai donc été vraiment impressionné par sa performance. Il n’a pas remporté de médaille, mais je pouvais me mettre à sa place et comprendre à quel point cette course allait compter pour lui, en réalisant tout le travail acharné qu’il avait accompli.

Il y avait également quelques athlètes de ma région qui ont livré de belles performances. Il y avait Derek [Gee] en cyclisme, et Sophia Jensen en canoë sprint. J’ai grandi à faire de la course à vélo avec Lois Betteridge, qui est une pagayeuse en slalom. C’est donc super de les voir tous performer.

C’est drôle aussi, parce que la plupart d’entre eux faisaient du ski de fond avant !

Questions rapides avec Antoine Cyr :

Endroit préféré pour s’entraîner?


Silver Star, en Colombie-Britannique.

Des rituels avant la course?


Non, je suis plutôt bon là-dessus. Mais je suis un peu obsédé par mes gants de course. Mes gants de compétition et mes gants d’entraînement doivent être vraiment différents.

Si tu n’étais pas un athlète olympique en ski de fond, quel autre sport pratiquerais-tu ?


J’aurais aimé être cycliste professionnel.

Quel est ton meilleur souvenir de ski?


Partager une soupe et un grilled cheese dans l’une des cabanes du parc de la Gatineau avec des amis et de la famille.