Erica Wiebe: De championne olympique de lutte à gestionnaire des relations avec les athlètes, du sport sécuritaire et de la DEI au COC
Le Comité olympique canadien est fier de placer les athlètes au cœur de tout ce qu’il fait. À tous les niveaux de l’organisation, de notre conseil d’administration à nos stagiaires, notre équipe est composée de gens qui croient vraiment au pouvoir du sport – y compris un groupe impressionnant d’Olympiens, de Paralympiens, d’athlètes des Jeux panaméricains, d’anciens athlètes d’équipes nationales, d’athlètes des ligues récréatives et de passionnés du sport. Dans le cadre de cette série de textes, nous ferons connaître le récit des membres de notre équipe qui ont concouru à des Jeux et qui consacrent maintenant leur vie professionnelle à aider la prochaine génération d’athlètes d’Équipe Canada à réaliser leurs rêves.
Erica Wiebe est l’une des lutteuses canadiennes les plus décorées. La double Olympienne a remporté l’or aux Jeux olympiques de Rio 2016 dans l’épreuve féminine de lutte libre chez les 75 kg. Elle a aussi remporté une médaille de bronze aux Championnats du monde en plus d’avoir été deux fois championne des Jeux du Commonwealth. Erica est titulaire d’un baccalauréat en kinésiologie et d’un baccalauréat en arts avec mention de l’Université de Calgary, ainsi que d’une maîtrise de l’Université Cornell et de l’Université Queens. Après les Jeux olympiques de Tokyo 2020, Erica a travaillé dans le domaine de la technologie financière au sein d’une des entreprises en démarrage à la croissance la plus rapide au Canada, mais elle a rapidement réalisé qu’elle était de nouveau attirée par le sport. En 2023, elle a rejoint le COC en tant que Gestionnaire des relations avec les athlètes, du sport sécuritaire et de la DEI.
Comment as-tu découvert la lutte ?
La plupart de mes premiers souvenirs tournent autour du sport. Enfant, j’adorais pratiquement tous les sports. J’aimais jouer au soccer, faire du ski, de la randonnée, du basketball et de la natation. En septième année, nous avions une semaine de lutte en éducation physique. Il n’y avait toutefois pas d’équipe de lutte féminine à l’époque. En neuvième année, une affiche a été placée à l’extérieur de la porte du gymnase faisant la promotion de la lutte mixte. Ma meilleure amie et moi avons rejoint l’équipe et je suis tombée en amour avec ce sport. C’est particulier parce qu’à l’école primaire, les Jeux olympiques ne faisaient tout simplement pas partie de mes préoccupations. Quand j’ai commencé à lutter, la lutte féminine n’était pas un sport olympique. Toutefois, en douzième année, après que la lutte ait été ajoutée au programme olympique, j’ai écrit dans mon livre de finissants : « London 2012. Watch for Me. (Londres 2012. Gardez-moi à l’œil.) » J’adorais ce sport parce que j’aimais la compétition et que je voulais être la meilleure. Je n’ai pas réussi à participer aux Jeux de Londres 2012, mais je l’ai fait pour la première fois quatre ans plus tard et les choses se sont plutôt bien passées.
Qu’as-tu appris de ton expérience aux Jeux olympiques de Rio 2016 ?
Avant ces Jeux, j’avais battu toutes les lutteuses à travers le monde, mais je n’avais jamais réussi à le faire dans les moments les plus importants. Il y a même une année où je n’ai pas fait partie de l’équipe nationale! J’ai vraiment dû me remettre en question à la suite de cela en me demandant qui j’étais vraiment? Qu’est-ce qui me définissait? Le jour de la compétition, je me suis réveillée au Village olympique et j’ai vomi dans les toilettes. J’étais très nerveuse, mais j’étais vraiment prête! J’avais l’impression de mesurer trois mètres de haut en entrant dans la salle de compétition ce jour-là. Je me suis abandonnée à tout ce qui allait se produire. J’étais tellement préparée mentalement, physiquement et émotionnellement. Je ne me souciais pas du résultat, car je contrôlais entièrement ce que je voulais, c’est-à-dire réaliser ma meilleure performance. Quand j’ai remporté l’or, c’était surréaliste. J’y étais parvenue, j’étais championne olympique. Il y a tellement de travail derrière tout cela. C’est un titre qui définit tout à propos de moi, mais qui ne définit rien de moi non plus.
Je n’ai jamais choisi la voie de la facilité, mais j’ai aussi été capable d’avoir du plaisir dans les moments les plus sombres. Voici l’une de mes citations préférées : « On reconnaît tout notre épanouissement uniquement avec du recul ». Cet éthos se transpose au-delà du tapis. Quand je fais face à des défis dans mon rôle actuel et que je ressens un sentiment d’inconfort extrême, c’est là que je sais que je suis dans ma zone de prédilection.
Avant même de te rendre à Rio, tu étais impliquée au sein du mouvement de défense des droits des athlètes et tu travaillais avec AthlètesCAN en tant que représentante des lutteurs. Pourquoi étais-tu attirée par ce domaine?
J’ai proposé ma candidature en tant qu’athlète junior pour être la représentante des athlètes auprès de Wrestling Canada Lutte. Je suis curieuse et j’ai un grand désir de comprendre le fonctionnement des systèmes. J’ai aussi le désir d’influencer et de construire de meilleurs systèmes. J’ai découvert l’ensemble du mouvement des athlètes au Canada par l’intermédiaire d’AthlètesCAN et cette implication m’a vraiment ouvert les yeux sur la force de la communauté des athlètes et sur la façon dont nous pourrions mieux faire les choses ensemble.
J’ai bénéficié du travail de plaidoyer d’innombrables femmes et d’alliés masculins qui ont fait une place aux femmes dans le sport de la lutte au Canada. J’ai aussi été témoin de l’incroyable leadership des athlètes qui défendent nos droits et qui sont devenus mes amis et mes sources d’inspiration. Je suis d’un optimisme à toute épreuve, ce qui m’aide à faire face à certains de ces sujets très complexes.
Parle-nous un peu plus de ton rôle actuel et de ce qu’il implique ?
Je suis gestionnaire des relations avec les athlètes, du sport sécuritaire et de la DEI au COC. Il s’agit d’un nouveau poste que j’occupe depuis avril 2023 au sein de l’équipe de l’Excellence du système. Ce rôle se situe vraiment à l’intersection de ces trois piliers. Nous réfléchissons à la construction d’un système sportif plus fort au Canada, un système dans lequel les athlètes se retrouvent au centre. Nous reconnaissons la nécessité de créer des environnements sportifs libres de toute forme de maltraitance et qui sont fondés sur l’inclusion et l’ouverture à tous ceux qui veulent participer. Pour moi, il s’agit d’une confluence parfaite d’éléments qui sont très importants pour le système sportif, mais aussi très complexes. C’est un domaine dans lequel j’espère pouvoir faire une différence.
Ce rôle est appelé à intervenir dans certains des domaines les plus complexes du sport. Pourquoi est-ce important pour toi ? Qu’est-ce que le sport a signifié pour toi en tant qu’athlète et en tant que personne ?
Je me sens bien placée pour appuyer une grande partie de l’excellent travail accompli afin d’améliorer le système sportif à tous les niveaux et d’apporter les changements nécessaires. Ce sont des enjeux qui me tiennent à cœur, car ils m’ont profondément affectée. J’ai aussi cet amour, cet espoir et cette croyance implacables, indéniables et insatiables dans le pouvoir du sport à tous les niveaux, parce que je l’ai vécu. Je me suis rendue dans des communautés d’un océan à l’autre pour lutter et pour encadrer des jeunes dans ces communautés qui partagent avec moi les joies du sport. Plus que jamais, je crois que le sport est essentiel à l’échelle mondiale, car notre société est de plus en plus déconnectée et de plus en plus polarisée. Le sport offre une si belle occasion de se rassembler, de se lancer des défis et de nous rappeler ce dont nous sommes capables, à la fois individuellement et collectivement.
Si tu te projettes dans cinq ans, quels sont tes objectifs pour l’avenir? Qu’aimerais-tu voir ?
J’aimerais voir Équipe Canada refléter la diversité du Canada, qu’il s’agisse de diversité géographique ou de personnes issues de différentes intersections d’identités. Je pense aussi aux Néo-Canadiens et à l’incidence que l’immigration aura sur la démographie du Canada au cours des 10 prochaines années, ainsi qu’à la manière dont nous les intégrons dans le sport au Canada. Au sein de mon équipe, nous réfléchissons aux inégalités et aux difficultés que rencontrent certains groupes pour accéder au sport. Nous réfléchissons aux défis que représente la participation au sport pour les personnes qui s’identifient à des groupes dignes d’équité, comme les minorités racialisées et les personnes qui s’identifient aux populations 2SLGBTQI+. J’aimerais donc que tous les Canadiens se sentent représentés au sein d’Équipe Canada et qu’ils aient accès au parcours de haute performance d’Équipe Canada, si c’est ce qu’ils souhaitent faire.
Quand je parle de mon travail aux gens, à mes amis, à mes coéquipiers, à mes collègues, à d’autres personnes du système sportif, c’est vraiment plaisant, car ils me disent tous qu’il me convient parfaitement. Quand je leur demande pourquoi, ils me répondent que ce sont des sujets qui me passionnent depuis des années. Tout ce soutien vient valider ma place à ce poste. Pour moi, c’est une sensation similaire à ce que je ressentais en représentant le Canada. C’est un honneur extraordinaire, mais aussi une responsabilité extraordinaire et je suis enthousiaste à l’idée de relever ce défi.