Brandie Wilkerson parle des grandes victoires, d’apprendre des défaites et d’avoir une influence positive
Brandie Wilkerson est le type d’athlète qui vous dira en toute confiance qu’elle et sa coéquipière Melissa Humana-Paredes, avec qui elle évolue depuis peu, ont ce qu’il faut pour remporter les Championnats du monde de volleyball de plage. Par la suite, quand on lui demande quels éléments de son jeu ont besoin d’être améliorés, elle répond en riant : « tous les éléments ».
En d’autres termes, Wilkerson est une athlète qui a une grande confiance dans les aptitudes de son équipe et qui a l’humilité de savoir que les athlètes demeurent des étudiants de leur sport.
Wilkerson a commencé à jouer au volleyball de plage sur le tard, participant à sa première compétition internationale à l’âge de 22 ans après avoir joué au volleyball intérieur à l’Université York. Elle a évolué avec quelques partenaires sur le circuit international, dont Heather Bansley avec qui elle a connu du succès pendant cinq ans. Le duo a d’ailleurs atteint les quarts de finale à Tokyo 2020 pour égaler le meilleur résultat olympique du Canada en volleyball de plage. Wilkerson est aussi entrée dans l’histoire en devenant la première femme noire à représenter le Canada dans ce sport aux Jeux olympiques.
Avec la retraite de Bansley, Wilkerson avait besoin d’une nouvelle partenaire. Elle a d’abord fait équipe avec Sophie Bukovec, mais le destin a voulu que l’ancienne coéquipière de Wilkerson à l’Université York, Humana-Paredes, et sa coéquipière, Sarah Pavan, choisissent de se séparer. À un peu plus d’un an de Paris 2024, un partenariat entre Melissa et Brandie semblait tout à fait naturel.
L’ère Melissa et Brandie
Wilkerson qualifie le parcours de l’équipe de « belle aventure » jusqu’à maintenant.
« Nous sommes des compétitrices et, individuellement, nous avons fait partie des meilleures équipes tout au long de notre carrière, alors il est évident que nous voulons gagner l’or chaque fois. Toutefois, nous voyons la progression qui vient avec l’apprentissage, l’évolution et le développement de quelque chose en gardant en tête une vision à long terme, explique Wilkerson. Nous avons un aperçu de ce à quoi notre équipe pourrait ressembler l’année prochaine. »
Même si ce n’est pas très amusant, Wilkerson sait aussi que la défaite fait partie de l’apprentissage. L’important, c’est de ne pas perdre à plusieurs reprises pour la même raison.
« C’est le propre d’une nouvelle équipe et du sport en général, il faut accepter ses erreurs et ses défaites et voir comment on peut revenir plus fort. Je crois que nous sommes capables de le faire, » déclare Wilkerson.
Wilkerson et Humana-Paredes n’ont pas vraiment appris de leurs défaites quand elles ont foulé le sable du tournoi Elite 16 du circuit Beach Pro qui s’est déroulé à Montréal le dernier week-end de juillet. En finale, devant leur public, les deux joueuses ont vaincu les Américaines Julia Scoles et Betsi Flint en trois manches, remportant ainsi leur plus importante victoire ensemble.
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Quelques semaines plus tard, Wilkerson était encore sur un nuage après cette victoire déterminante à la maison. « Je ne pense pas qu’il y ait un mot pour décrire toute cette expérience. Pour moi, c’était un moment tellement important, après avoir représenté le Canada dans le monde entier, de pouvoir montrer que nous sommes de classe mondiale et de gagner à la maison », raconte Wilkerson.
Les deux athlètes ont gravi les échelons du classement petit à petit. Le duo s’est classé cinquième aux tournois Elite 16 du Qatar et du Mexique, avant de décrocher une médaille de bronze à Ostrava, en Tchéquie. Elles ont obtenu leur première médaille d’or en équipe dans un tournoi du circuit Challenger, de niveau inférieur, à Jurmala, en Lettonie, suivie d’une autre cinquième place au tournoi Elite 16 à Gstaad, en Suisse, avant d’être couronnées championnes au tournoi Elite 16 à Montréal.
Le fait que la famille et les amis aient pu assister au tournoi était particulièrement significatif, car les débuts olympiques de Wilkerson se sont déroulés dans un contexte de protocoles de santé stricts qui ont empêché les partisans de se rendre au Japon.
« Je pense aussi qu’il y a quelque chose de tellement excitant quand il s’agit d’une “première”, ajoute Wilkerson. Nous n’avions jamais joué à Montréal, c’était la première fois que la ville accueillait le tournoi, c’était la première année que Mel et moi jouions ensemble, il y avait donc tellement de nouveautés que nous pouvions en profiter pour écrire notre propre histoire. »
Avoir une influence positive
Quel que soit l’endroit où elle joue, ce que Wilkerson préfère, c’est de rencontrer et d’encourager les jeunes joueurs, en particulier ceux de la communauté PANDC.
« La représentation des PANDC est l’une des choses les plus importantes pour moi. L’une des histoires de Montréal qui m’a le plus marqué est celle d’une jeune fille biraciale qui était tellement emballée de voir évoluer quelqu’un qui lui ressemblait. La mère de la jeune fille était aussi une joueuse de volleyball et elle expliquait à quel point elle était heureuse que sa fille ait un modèle métis dans le sport qu’elles aiment toutes les deux, raconte Wilkerson. C’est pour vivre des moments comme ceux-là que je pratique ce sport. »
Wilkerson et Humana-Paredes ont été émerveillées par l’enthousiasme des Montréalais pour le volleyball de plage. « C’est un sport que les gens ne considèrent pas vraiment comme “traditionnellement canadien”, mais je pense que la ville est tombée amoureuse du volleyball de plage », explique-t-elle.
Selon Wilkerson, l’organisation d’un plus grand nombre d’événements de ce genre au Canada pourrait avoir un effet à long terme sur les générations à venir et ceci lui tient personnellement à cœur. Wilkerson est la cofondatrice de Project Worthy, un programme de bourses d’études visant à accroître la représentation des PANDC dans le volleyball. Au cours des prochains mois, où elle sera très occupée et où elle s’attend à participer à d’autres événements du circuit Beach Pro, à quelques tournois du circuit AVP, aux Championnats du monde et aux Jeux panaméricains, Wilkerson trouvera le temps d’organiser des cliniques de volleyball dans le cadre d’une autre initiative de Project Worthy.
Prochaines étapes
Selon Wilkerson, le calendrier chargé de tournois apporte des éléments complémentaires. Les tournois du circuit Beach Pro proposent des environnements intenses et sérieux où la qualification olympique de l’équipe est en jeu. Les étapes du circuit AVP aux États-Unis sont davantage une « occasion amusante d’essayer certaines choses » et il s’agit chaque fois d’une occasion de « profiter du sport, de porter des vêtements sympas et de faire ressortir notre personnalité ».
Bien que les règles stipulent depuis plus de 10 ans que toutes les joueuses de volleyball de plage peuvent porter des shorts et un débardeur ou un maillot de bain, de nombreux utilisateurs de médias sociaux accusent encore le sport de forcer les femmes à jouer en bikini. Wilkerson n’est pas d’accord puisqu’elle estime que le choix de l’uniforme est une manière de donner le pouvoir à l’athlète, quelles que soient les préférences de chacune.
« Vous devriez porter ce qui vous permet de vous sentir le plus fort et les gens devraient être heureux de vous appuyer », affirme-t-elle. Personnellement, elle préfère jouer en bikini pour ne pas avoir de sable coincé dans des vêtements trempés de sueur.
Avec plusieurs grandes compétitions à l’horizon, Wilkerson et Humana-Paredes amorceront une période bien plus occupée que ce qu’une personne typique pourrait considérer comme étant la saison de « plage », alors que les Championnats du monde et les Jeux panaméricains se dérouleront en octobre.
La seule expérience de Wilkerson dans un environnement de Jeux multisports a eu lieu à Tokyo 2020. Elle est donc enthousiaste à l’idée de découvrir l’environnement de Santiago 2023 et d’encourager les autres athlètes d’Équipe Canada. Il s’agira aussi d’un tournoi spécial pour le duo puisque Humana-Paredes a des racines familiales au Chili.
Continuer à apprendre, continuer à rêver
Entre-temps, Wilkerson et Humana-Paredes travaillent sur leur constance, ainsi que sur leur capacité à tirer profit de leur plus petit gabarit qui leur permet de se déplacer rapidement sur le terrain. Du haut de ses 5-pieds-11, Wilkerson est l’une des plus petites contreuses au monde et pourtant, elle a été nommée meilleure contreuse de la FIVB et du circuit de l’AVP au cours des saisons 2021 et 2022.
« Nous avons une attaque très dynamique que nous voulons continuer à faire fonctionner, explique Wilkerson. De plus, nous avons une excellente défensive, sans doute la plus solide sur le circuit mondial. Nous nous efforçons donc de repousser les limites pour trouver de nouveaux éléments et des moyens de jouer de manière non traditionnelle. »
L’année a été marquée par un développement rapide de ses aptitudes. Wilkerson a non seulement appris à servir avec de l’effet, mais il s’agit maintenant de son service dominant qu’elle réussit avec une grande efficacité.
Par-dessus tout, Wilkerson affirme que sa coéquipière et elle « s’amusent à être des femmes adultes qui poursuivent leurs rêves et qui soutiennent d’autres femmes adultes qui poursuivent leurs rêves ».
– Avec la contribution de Paula Nichols