Jules Lefebvre portant une chemise et Jules Lefebvre en action.Michael P. Hall/COC, AP Photo/Lee Jin-man
Michael P. Hall/COC, AP Photo/Lee Jin-man

Le programme d’expérience professionnelle Plan de match vise à aider les athlètes à passer du monde du sport au monde des affaires

Les défis auxquels les athlètes sont confrontés avant les Jeux olympiques ou paralympiques sont bien connus.

L’effort mental et physique que ces compétiteurs de haut niveau doivent fournir pour atteindre un niveau de performance maximal à un moment précis n’est pas une tâche facile. Pour beaucoup, cependant, la période qui suit les Jeux peut être tout aussi difficile, surtout pour les athlètes qui ne sont pas certains de vouloir s’engager dans un autre cycle de quatre ans.

C’est là qu’entre en jeu le programme d’expérience professionnelle Plan de match, parrainé par Deloitte, qui propose des stages conçus pour aider les athlètes des équipes nationales à faire la transition vers une seconde carrière en leur donnant une expérience pratique dans un environnement du monde des affaires. Les athlètes de haut niveau ont ainsi l’occasion de se découvrir de nouvelles passions tout en mettant à profit les compétences qu’ils ont développées pendant leur carrière sportive.

Pour la rameuse Christine Roper, les deux dernières années ont été de véritables montagnes russes. La double championne olympique a d’abord dû faire face au report des Jeux de Tokyo 2020 avant de remporter l’or avec le huit féminin l’année dernière. Elle effectue maintenant un stage en tant qu’analyste commerciale au bureau de Deloitte à Victoria. Ce changement a été comme une bouffée d’air frais pour la jeune femme de 32 ans, mais il a aussi été accablant et effrayant par moments.

Les athlètes mordent leur médaille d'or.
Christine Roper (rangée du haut, deuxième à partir de la gauche) célèbre la médaille d’or remportée avec ses coéquipières au huit de pointe féminin aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 le vendredi 30 juillet 2021. Photo by Leah Hennel/COC

« C’est une énorme transition à faire, non seulement mentalement, mais aussi physiquement. Tout a changé dans mon quotidien. Je suis passé d’un entraînement à l’extérieur à un horaire très structuré, explique Roper. Toutes les priorités que j’avais en tant qu’athlète ont complètement changé. Cela demande un peu d’adaptation. »

Sachant que sa carrière d’aviron ne durerait pas éternellement, Roper a commencé à réfléchir à sa vie après le sport dans les années précédant Tokyo 2020. Le fait de ne pas savoir ce qui l’attendait a créé une certaine anxiété chez elle.

« C’était un énorme point d’interrogation pour moi. Qu’est-ce que j’allais faire ensuite ? Qui suis-je en dehors de l’aviron ? Bien que je n’aie pas officiellement accroché ma rame, je savais que pour être une bonne athlète et pour progresser dans une embarcation, je devais être en mesure de répondre à ces questions et de mettre un peu d’ordre dans cet aspect de ma vie. Donc, au minimum, je voulais prendre une année, peut-être même deux, pour pouvoir répondre à cette question. »

« J’ai vraiment l’impression que si j’arrive à trouver ma place dans quelque chose — ce que je pense avoir fait heureusement —  je pourrai commencer à répondre à ces questions et à faire le point. En fin de compte, ces réponses ne peuvent que m’aider à devenir une meilleure athlète. Ou peut-être bien que dans un an ou deux, je me serai bien établie, je serai heureuse et je serai satisfaite de mon parcours. »

Christine Roper dans le bateau.
Christine Roper (deuxième à partir de l’avant) participe à l’épreuve du huit de pointe à Rio 2016 le jeudi 11 août 2016. Photo by David Jackson/COC

Roper a commencé à travailler avec un conseiller de Plan de match alors qu’elle était en pleine préparation pour sa deuxième participation aux Jeux olympiques. Elle avait alors rédigé un curriculum vitae et une lettre de présentation dans l’espoir de créer des liens et des occasions de réseautage après les Jeux. Après avoir pris quelques mois de repos à la suite de sa médaille d’or, Roper a commencé à rencontrer des gens du milieu des affaires afin de leur poser des questions pour comprendre leur quotidien.

« Quelles sont les choses que vous aimez ? Quelles sont les choses que vous n’aimez pas ? Parce que je n’avais aucune idée. Je sais ce dans quoi j’excelle. J’ai des passions, évidemment, mais j’avais vraiment l’impression que le monde m’appartenait et que je pouvais aller dans n’importe quelle direction. Plan de match m’a donc été très utile pour établir certains de ces contacts. »

Les efforts de réseautage de Roper ont finalement débouché sur des conversations avec Deloitte. Après un entretien réussi — auquel Plan de match l’a préparée — Roper a débuté son stage en mai. Son rôle consistait à travailler avec l’équipe de conseil en capital humain dans le cadre de la transformation organisationnelle. L’équipe aide les clients à gérer le changement afin d’assurer le succès au moment du déploiement.

Vers la fin de son stage d’été, Roper a dit que les choses se passaient tellement bien qu’elle espérait continuer avec Deloitte. Elle était donc très heureuse d’accepter un emploi à temps plein au sein de l’équipe de conseil en capital humain.

« Pendant le programme d’expérience professionnelle Plan de match, j’ai été en mesure de constater le type de travail qui est fait en conseil de capital humain, de mieux comprendre les attentes et de voir à quoi pourrait ressembler mon quotidien au travail et en dehors du travail. Je sens que j’ai beaucoup de choses à apprendre encore dans un environnement d’affaire et à Deloitte, je suis confiante que j’aurai les conseils et le soutien dont j’ai besoin pour exceller. J’ai pu compter sur les compétences que j’ai acquises en tant qu’athlète et j’ai hâte de voir à quel point je peux grandir et ajouter à cette liste maintenant que je suis à temps plein chez Deloitte. »

« Cette transition est un défi à plusieurs égards et je suis très reconnaissante envers Deloitte pour leur soutien continu. The sky’s the limit et j’en suis ravi !

Roper a obtenu un diplôme en psychologie de l’Université de la Virginie en 2011, mais elle a consacré la décennie suivante à l’aviron à plein temps. Bien qu’elle n’ait pas encore pris de décision quant à sa participation à Paris 2024, elle a laissé la porte ouverte à cette possibilité tout en continuant à rechercher des occasions dans le monde des affaires. Il faut savoir que le programme d’expérience professionnelle Plan de match n’est pas uniquement destiné aux athlètes qui envisagent de prendre leur retraite du sport bientôt.

Un planchiste effectue un virage.
Jules Lefebvre en compétition lors des qualifications du slalom géant parallèle aux Jeux olympiques d’hiver 2022, le mardi 8 février 2022, à Zhangjiakou, en Chine. (AP Photo/Lee Jin-man)

Le planchiste Jules Lefebvre, qui a participé à Beijing 2022, a bien l’intention de revenir sur les pistes olympiques à Milan Cortina 2026. Le jeune homme de 26 ans a travaillé fort pour terminer son baccalauréat en ingénierie à Polytechnique Montréal tout en continuant à participer à des compétitions internationales au cours des dernières années. Bien que son emploi du temps soit chargé, Lefebvre s’est habitué à combiner ses études et son sport.

« Il me reste encore trois sessions à faire dans mon programme de premier cycle et j’ai toujours l’intention de poursuivre la compétition, raconte Lefebvre. Je vais ralentir le snowboard pour la saison à venir afin de terminer mes études, mais j’ai toujours l’intention de participer à des compétitions en 2026 et de revenir au plus haut niveau. »

Lefebvre, qui a déjà effectué des stages dans le milieu des affaires, estime que le fait de poursuivre ses études tout en participant à des compétitions l’a rassuré quant à sa carrière après le sport.

« J’ai toujours eu un intérêt pour les sciences et la physique, mais maintenant j’ai de l’intérêt pour le génie logiciel. Je n’ai jamais vraiment eu à choisir entre le sport, la vie professionnelle ou les études. J’ai toujours eu les deux en même temps et je pense que je serais beaucoup plus inquiet pour ma carrière sportive si je ne me concentrais que sur le snowboard, surtout compte tenu de la situation financière de ce sport. Même si vous êtes parmi les meilleurs au monde, c’est très difficile d’en vivre. Alors oui, c’est un peu rassurant de savoir que je sais où j’irai quand ma carrière sportive prendra fin. »

Dans le cadre du programme d’expérience professionnelle Plan de match, Lefebvre a travaillé comme analyste pour Omnia AI, le service d’intelligence artificielle de Deloitte. Le planchiste est membre de l’équipe de modernisation et d’analyse de données. Il se concentre sur les projets de transformation des données. Lefebvre a surtout travaillé pour une institution financière canadienne où il s’est occupé de la migration des données infonuagiques, ce qui cadre bien avec ses études actuelles.

Trois jeunes professionnels discutent.
Jules Lefebvre (au centre) parle avec d’autres participants lors de la Journée Plan de match au Canada, le 1er juin 2022. Photo : Michael P. Hall/COC

Bien que le fait de travailler dans un bureau de Toronto soit très différent d’une descente en slalom géant à Beijing, Lefebvre a apprécié le programme d’expérience professionnelle Plan de match et il est reconnaissant pour les compétences qu’il a acquises.

« Cette expérience a dépassé mes attentes, s’exclame Lefebvre à propos de son stage. J’ai l’impression d’acquérir des compétences très utiles. Les journées passent vite. Je suis occupé et c’est amusant. »

Lefebvre sera de retour au sein de l’équipe de Deloitte l’an prochain pour un autre stage d’été avec Omnia AI où il aura la chance de travailler sur de nouveaux engagements auprès de différents clients.

« J’ai été soulagé de recevoir une offre à la fin de mon stage. Je suis heureux de voir que ma contribution a été reconnue et j’attends avec impatience cette nouvelle occasion d’apprendre et de grandir chez Deloitte. Je pense que c’est une étape positive pour ouvrir la voie à une transition en douceur après ma carrière de planchiste. »

Si Roper et Lefebvre ont beaucoup appris au cours de leur stage, tous deux s’accordent à dire qu’il existe un certain nombre de compétences qui se transposent bien du monde du sport à celui des affaires. L’éthique de travail, la gestion du temps, la gestion des situations stressantes, l’apprentissage par l’erreur et le travail d’équipe sont autant de compétences qui fonctionnent aussi bien sur le terrain de jeu qu’au bureau.

Tout comme l’apprentissage d’un nouveau sport, la première étape — ou le premier coup de rame, la première descente — d’une nouvelle carrière peut être la plus difficile. Plan de match constitue la première étape de la vie après le sport et ce programme s’est révélé être une ressource très utile pour les Olympiens.

« Ils trouveront un emploi correspondant à vos compétences et à vos aptitudes, indique Lefebvre. La première étape consiste à se mettre de l’avant. C’est parfois un peu effrayant pour les athlètes de penser à ces choses, à la transition après la carrière ou simplement au travail pendant leur carrière… Je pense que c’est utile… simplement pour soulager la pression de devoir performer pour continuer dans le sport et pour se préparer à survivre financièrement. »

Roper encourage les athlètes qui envisagent de participer au programme d’expérience professionnelle Plan de match à prendre le temps de faire du réseautage autant que possible pour s’assurer d’obtenir le meilleur placement possible.

« Avant de faire votre demande, prenez le temps de parler à certaines personnes pour en savoir un peu plus sur ce qu’elles font et sur ce qu’elles considèrent être les avantages et les inconvénients de l’environnement dans lequel elles évoluent, et voyez si cela correspond vraiment à ce que vous recherchez, explique Roper. Je pense que ce qui m’a le plus aidé, ce sont ces appels de réseautage. »

« J’ai été surprise de voir à quel point les gens sont ouverts à l’idée de s’asseoir avec vous pendant 30 minutes et de parler de ce qu’ils font, de comment ils sont arrivés là où ils sont. C’est un outil énorme. C’est tellement utile pour un athlète d’être capable d’avoir ce genre de conversations. J’ai été agréablement surprise de voir à quel point les gens sont prêts et ouverts à ces conversations. C’est donc mon plus grand conseil : faites du réseautage autant que vous le pouvez. »