Mikaël Kingsbury avec ses lunettes de ski regarde la caméra.THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick
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Mikaël Kingsbury : encore plus prêt

S’il y a un athlète canadien vers qui toutes les têtes seront tournées à Beijing 2022, c’est Mikaël Kingsbury. La bonne nouvelle pour lui (et pour nous, fans inconditionnels du Roi des bosses), c’est qu’il est plus prêt que jamais à défendre son titre olympique… et à inspirer ses coéquipiers à donner le meilleur d’eux-mêmes.

« Je suis là où je veux être en ce moment. » 

C’est ainsi que Mikaël Kingsbury a décrit son état d’esprit au début de la saison. Son objectif? Être au sommet de sa forme au début février pour aller à la conquête de sa seconde médaille d’or olympique aux Jeux de Beijing 2022. Avec six podiums en sept épreuves aux bosses en simple cette saison (pour un total de 101 en carrière, dont 71 victoires), le meilleur de tous les temps se sent même encore plus prêt et serein qu’il l’était pour ses deux premiers JO… où il a gagné l’argent (2014) et l’or (2018).

Mikaël Kingsbury sur le podium aux Jeux olympiques de PyeongChang 2018
Mikaël Kingsbury du Canada sur le podium après avoir décroché l’or aux bosses chez les hommes à PyeongChang 2018, le 12 février 2018. (Photo : Vaughn Ridley/COC)

En effet, quand on lui demande s’il a le double de pression puisqu’il tentera de gagner une deuxième médaille d’or, Kingsbury répond que c’est plutôt le contraire. « J’ai moins de pression, parce que je l’ai déjà fait. À la dernière préparation olympique, je me faisais poser beaucoup de questions. C’était la seule médaille qu’il me manquait : la médaille d’or olympique. [Aujourd’hui,] je ne sens pas que je m’en vais défendre ma médaille d’or olympique. J’ai une belle opportunité d’en gagner une deuxième, mais je sais que je vais être champion olympique pour le reste de ma vie. »

En plus de cette confiance et ce calme assumés, Kingsbury peut compter sur un autre avantage : sa très efficace capacité d’adaptation.

Comme c’est le cas pour une majorité d’athlètes qui s’apprêtent à atterrir en Chine, les skieurs de bosses n’ont pas participé aux traditionnelles épreuves-test. Elles n’ont tout simplement pas eu lieu en raison de la pandémie. Les épreuves-test sont des compétitions organisées sur les sites tout neufs des prochains JO afin que les organisateurs et les athlètes puissent en faire l’essai – un genre de répétition générale.  

Cela signifie que les skieurs et skieuses devront faire face à une piste sur laquelle ils n’ont jamais mis les skis. Mais ce qui pourrait être un facteur de stress supplémentaire pour Kingsbury est en réalité un atout de plus dans son jeu.

« On va devoir s’adapter très rapidement, dit Kingsbury. Je crois que ce sera difficile pour tout le monde. Chaque fois qu’une piste est difficile, ça fait sortir les meilleurs d’entre nous de la masse. Habituellement, quand c’est ardu, c’est un peu mieux pour moi. Je crois que c’est l’une de mes forces. » D’un océan à l’autre, nous voilà rassurés.


Mikaël Kingsbury effectue un saut en ski acrobatique
Mikaël Kingsbury en plein saut vers la victoire à la Coupe du monde de ski acrobatique de Mont-Tremblant, au Canada, le 8 janvier 2022. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

Fait nouveau pour ce cycle olympique : le GOAT (« Greatest Of All Time » en anglais ou « meilleur de tous les temps ») sera le vétéran de l’équipe. Cette expérience s’avère absolument inestimable pour ses coéquipiers plus jeunes. 

Laurent Dumais est l’autre Canadien qui a obtenu son billet olympique (son premier!) pour l’épreuve masculine des bosses. Selon lui, bien que Kingsbury soit évidemment un modèle pour le reste de l’équipe, c’est l’entraide qui règne.

« On s’aide les uns les autres de plusieurs façons, explique Dumais. On se motive entre nous, ça c’est certain. On essaie de s’entraider en se donnant des conseils pour certains sauts et pour s’ajuster dans certaines situations. J’essaie d’apprendre de [Mikaël] comment attaquer certains obstacles pendant les entraînements et les compétitions. Je veux aussi apprendre comment il gère le stress et comment il se prépare pour les grosses compétitions. »

Kingsbury, Dumais et un compétiteur célèbrent sur le podium
De gauche à droite : l’Australien Matt Graham, Mikaël Kingsbury et Laurent Dumais sur le podium à la Coupe du monde de ski acrobatique de Val St-Côme, Canada, le 23 janvier 2016. THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson

Pour Brenden Kelly, qui est dans l’équipe nationale de ski acrobatique depuis 2014, c’est la confiance inébranlable de Kingsbury qui l’anime. « On dirait que ce n’est pas juste de la confiance. À chaque descente, il sait qu’il est capable de faire le travail, et il n’y a pas d’hésitation dans son esprit. La méthode et le calme qu’il a en abordant ce qu’on lui demande de faire, c’est quelque chose qui m’inspire beaucoup. » 

Et le principal intéressé? Comment prend-il son rôle de grand sage de l’équipe? « Pour moi, c’est un nouveau chapitre. J’ai été aux Jeux avec Alex (Bilodeau), Marc-Antoine (Gagnon) et Philippe (Marquis). J’ai beaucoup de souvenirs avec eux. Maintenant, on a des pages blanches et on va écrire notre propre chapitre. »

Mikaël Kingsbury et Alex Bilodeau tiennent le drapeau canadien dans leur mains.
Alex Bilodeau, médaillé d’or, à droite, et Mikaël Kingsbury, médaillé d’argent, célèbrent leurs podiums après la finale de ski de bosses aux Jeux olympiques d’hiver de Sotchi à Krasnaya Polyana, Russie, lundi 10 février 2014. THE CANADIAN PRESS/Jonathan Hayward

Dans ce nouveau chapitre, Kingsbury croit qu’il mène par l’exemple. « Chaque fois que je vais au gym ou sur la neige, je travaille très fort mais, je suis aussi toujours ouvert. Mes coéquipiers savent qu’ils peuvent me poser une question n’importe quand. Ils sont vraiment les bienvenus. »

À Beijing 2022, le King des bosses défendra non seulement son titre olympique, mais aussi celui du Canada, qui tient depuis 12 ans grâce aux triomphes consécutifs d’Alexandre Bilodeau à Vancouver 2010 et Sotchi 2014, avant que Kingsbury ne prenne la relève en 2018. Avec une équipe solide et soudée pour le soutenir en Chine comme au Canada, une forme physique à son sommet et une force mentale à faire rougir les Boys, Mikaël Kingsbury n’a plus qu’à ajouter l’ingrédient magique de sa recette du succès : du gros fun.

« J’ai vraiment eu du fun à PyeongChang 2018. Là, je sais comment faire et je vais avoir plus de fun avec le processus. Quand je suis confiant en compétition et que j’ai du fun, il y a un feu qui brûle en moi. C’est ça le plus important. C’est ce que je veux ressentir aux Jeux olympiques. »