La médaillée olympique Katerine Savard déploie ses ailes (de papillon) au grand écran
À ce point-ci, vous avez probablement vu passer la nouvelle : Katerine Savard, médaillée olympique en natation, tiendra le rôle titre dans le film québécois Nadia, Butterfly. Et ce n’est pas n’importe quel rôle – elle incarne une nageuse olympique.
Ç’a commencé par un appel de Pascal Plante, le réalisateur du film. Lui-même ex-nageur, mais n’étant jamais allé aux Jeux olympiques, il a consulté Katerine afin de peindre un portrait réaliste de l’expérience olympique. Puis, il a proposé à la nageuse de passer en audition pour le rôle principal. Eh oui, l’histoire fait penser aux films d’Hollywood… Surtout que le film a fini par être sélectionné à Cannes!
De toute évidence, l’audition a bien été. En plus, elle a pu compter sur le soutien d’une de ses amies proches et coéquipière, Ariane Mainville. Non seulement elle a auditionné avec Ariane pour tester leur chimie (et oui, elles ont passé le test haut la main), mais son amie a en plus été sélectionnée pour jouer le second rôle dans Nadia, Butterfly.
De quoi alimenter leur chimie, en plus de leur interprétation de coéquipières olympiques. Mais attention : « Ce n’est pas ma vie, et je pense que c’est important que les gens le comprennent, a dit Katerine. Mes Jeux ne se sont pas déroulés comme les siens. »
C’est d’ailleurs un des sujets les plus abordés dans sa tournée des médias : Nadia, Katerine, deux côtés d’une même médaille?
« C’est une nageuse, elle va aux Olympiques, la partie nage papillon… c’est sûr que c’est similaire, a expliqué Katerine. N’importe quel athlète va pouvoir s’identifier aux émotions par lesquelles elle passe. Mais c’était différent dans le sens où son parcours à elle, comment elle est arrivée là, ce qu’elle fait après et pendant les Jeux, tout ça, ce n’est pas ma vie. »
L’un des points de jonction majeurs entre la nageuse et le personnage, c’est la venue de la retraite. Si celle de Katerine Savard devra attendre un an de plus en raison du report de Tokyo 2020, celle de Nadia est l’un des piliers du film.
Mais l’olympienne ne se fait pas d’illusions : le moment venu, la retraite sera un moment intense en émotions, et ce n’est pas de les vivre à travers un personnage fictif qui va changer ça. « La natation, ç’a été toute ma vie, ç’a été qui je suis, tout a tourné autour de ça. Je pense qu’il n’y a rien qui pourra diminuer vraiment ces émotions-là. Et c’est correct. »
Ces émotions, elle aurait pu les vivre en ce moment même, alors que les Jeux olympiques de Tokyo devaient se clôturer le 9 août 2020. À 27 ans, Katerine Savard a prévu depuis des mois, voire des années, de mettre fin à sa carrière après Tokyo 2020. Mais avec les Jeux reportés à 2021, les plans ont dû changer.
« Je me suis posé beaucoup de questions. Mais je pense que j’étais si près du but, je regretterais vraiment de ne pas aller jusqu’au bout, donc j’ai vraiment décidé de le faire jusqu’à la fin, jusqu’à Tokyo. »
Il s’en est fallu de peu pour que les Jeux olympiques de Rio 2016 soient son dernier rodéo. L’histoire qui l’a menée à poursuivre sa carrière pour quatre autres années en est une d’espoir, qui inspire et qui fait rêver.
« J’ai eu une passe où j’étais vraiment démotivée. J’étais revenue des Jeux olympiques, j’avais gagné la médaille olympique dont je rêvais depuis que j’étais toute petite. Toute ma vie, je voulais une médaille olympique et là, je l’avais eue. J’avais l’impression que je n’avais plus de rêve. Je me suis retirée de la natation, parce que ce n’était plus sain pour moi. Je suis partie voyager en Asie pendant cinq mois. »
Elle croit être revenue à son sport pour les bonnes raisons : « Parce que je voulais vivre ce rêve-là une dernière fois. Je me suis donné cet objectif. Ce qui me motive vraiment, c’est d’avoir retrouvé le désir de vivre mon rêve olympique une dernière fois. »
Katerine Savard est adorable lorsqu’elle parle de sa première expérience sur un plateau de tournage.
« J’ai été tellement surprise la première fois que je suis arrivée sur un plateau – il y a des personnes qui s’occupent de tout! Je me faisais chicaner si j’allais remplir ma bouteille d’eau sans l’avoir dit! Moi, je suis habituée à faire le bordel un peu partout. En plus, il y avait plein de jujubes, mais c’était pour les décors. Alors je mangeais le décor, puis on me chicanait! »
Si poursuivre une carrière d’actrice ne fait pas réellement partie de ses plans, elle ne cache pas le plaisir qu’elle a eu à participer au tournage de Nadia, Butterfly et à découvrir le fonctionnement de ce monde inconnu. Et son côté athlète d’élite n’a pas tardé à ressortir! Comme elle le fait en entraînement à la piscine, elle posait beaucoup de questions, s’intéressait à ce nouveau milieu, et voulait s’assurer de faire du bon travail!
« Des fois, j’ai besoin de me faire remonter le moral. J’ai besoin d’être beaucoup sécurisée, d’avoir l’impression que je fais la bonne chose. Alors que ce soit dans le sport ou dans n’importe quelle sphère de ma vie, j’ai besoin de ça. Mais c’est sûr qu’en natation au moins, je sais ce que je fais, en tout cas je pense! (rires) »
C’est le réalisateur, Pascal Plante, qui a accompagné les nageuses converties en actrices dans ce cheminement. « Il nous a vraiment guidées dans toute cette nouveauté. Il y avait tellement de choses à découvrir – j’ai vraiment aimé ça. »
Ceci étant dit, carrière d’actrice ou pas, l’horaire des prochains mois semble assez flou pour l’équipe canadienne de natation. « On n’a absolument aucune idée. En Europe, ils ont déjà commencé les compétitions. Nous, on n’en a pas de prévues avant un petit bout. J’espère juste qu’il va y en avoir, des compétitions, parce que c’est à ça que je carbure. C’est ce qui me motive aussi vraiment à m’entraîner tous les jours. » Elle espère participer à une course d’ici janvier 2021.
Et nous, d’ici là, on va se précipiter dans les cinémas pour aller voir Nadia, Butterfly dès sa sortie en salle, le 18 septembre.