Bloemen fait la joie de son pays d’adoption avec une performance en or
Dès que Ted-Jan Bloemen est devenu citoyen canadien, le monde du patinage de vitesse a su qu’il ne pourrait tenir l’unifolié loin du podium olympique de patinage de vitesse à PyeongChang 2018.
Jeudi, Bloemen est devenu le champion olympique du 10 000 m tout en établissant un record olympique et en doublant sa récolte de médailles en Corée, après l’argent obtenu au 5000 m. Toutefois, son parcours a commencé il y a de cela quatre ans, avec beaucoup moins de caméras braquées sur lui, à l’Anneau olympique de Calgary.
- Ted-Jan Bloeman, du Canada gagne la médaille d’or au 10 000 m à l’Ovale de Gangneung aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, Corée du Sud, le 15 février 2018. (Photo : Vaughn Ridley/COC)
Peu de temps après avoir reçu son passeport canadien, en 2014, Bloemen – un athlète né aux Pays-Bas dont le père est Canadien – s’élançait sur la glace lors des essais canadiens pour la Coupe du monde où il a battu le record national du 10 000 m, vieux de neuf ans. Cela laissait anticiper les résultats à venir.
« Tout a changé pour moi », raconte Bloemen en se remémorant son parcours pour devenir un Canadien qui inscrit régulièrement de bonnes performances.
« Un pays différent, un continent différent, une culture différente, une équipe différente autour de moi, un entraîneur différent, et en plus je me suis marié, il y a tellement de choses qui ont changé. Tout ça représente une formidable combinaison et me rend vraiment heureux et reconnaissant. »
À LIRE: Ted-Jan Bloeman devient champion olympique des Jeux de PyeongChang2018
- Ted-Jan Bloeman, du Canada, gagne la médaille d’or à la finale du 10 000 m masculin à l’Ovale olympique de Gangneung aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, en Corée du Sud, le 15 février 2018. (Photo : Vaughn Ridley/COC)
Oh oui, les changements ont du bon. Un an après avoir relégué le record national détenu par Arne Dankers aux oubliettes, Bloemen avait les yeux fixés sur la marque mondiale. Elle appartenait à un autre Néerlandais de grande notoriété, Sven Kramer.
Sur la même patinoire de Salt Lake City où Kramer avait établi le record du monde avec un chrono de 12 minutes 41,69 secondes en 2007, Bloemen a annulé la marque mondiale huit ans plus tard en arrêtant le chrono à 12 min 36,30 s. Et pour en rajouter, Kramer a terminé environ huit secondes derrière Bloemen pour remporter la médaille d’argent.
Kramer a eu l’occasion de venger cette défaite jeudi. Patinant dans le dernier duo sous le regard de Bloemen, la légende aux huit médailles olympiques (dont quatre d’or) des Pays-Bas n’a tout simplement pas pu égaler les puissantes foulées du Canadien, qui a établi un record olympique de 12 min 39,77 s et lancé un défi à Kramer.
- Ted-Jan Bloeman, du Canada, gagne la médaille d’or à la finale du 10 000 m masculin à l’Ovale olympique de Gangneung aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, en Corée du Sud, le 15 février 2018. (Photo : Vaughn Ridley/COC)
À LIRE: Ted-Jan Bloemen se propulse vers l’argent au 5000 m
« C’est vraiment difficile de traduire ce moment en mots, ce sont des sensations et des émotions qui traversent son corps et son esprit au même moment », de dire Bloemen au sujet du temps passé à regarder Kramer, sachant qu’il aurait pu se voir dépouiller de sa médaille d’or à mesure que les athlètes affrontaient le chronomètre, et non les uns les autres, en patinage de vitesse sur longue piste. Toutefois, à mesure que Kramer ralentissait, les inquiétudes de Bloemen laissaient place à la joie.
« On réalise doucement qu’on devient champion olympique, c’est incroyable. »
La victoire de Bloemen n’était pas seulement une victoire physique jeudi. Avant sa performance incroyable, Jorrit Bergsma – un autre Néerlandais – avait battu son propre record olympique établi à Sotchi 2014, retranchant 2,47 secondes à son record de 12 min 41,98 s. Il avait fait tout ce qu’il pouvait pour défendre son titre olympique, et c’est à ça que pensait Bloemen.
- GANGNEUNG, CORÉE DU SUD – 11 FÉVRIER : Ted-Jan Bloemen, du Canada, concourt à l’épreuve masculine du 5000 m en patinage de vitesse au deuxième jour des Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018 à l’Ovale de Gangneung, le 11 février 2018, en Corée du Sud. (Photo : Vincent Ethier/COC)
Le Canadien a regardé, puis enduré. Dès le premier tour de piste, il a dû rivaliser de vitesse avec Bergsma; il a ensuite misé sur cet élan pour aller de plus en plus vite.
« C’était une course difficile. J’avais un bon rythme et j’avais pris mon élan, je devais seulement maintenir la cadence. C’était la plus importante course de ma vie, et je me devais de continuer à pousser jusqu’à la ligne d’arrivée », de raconter Bloemen.
Lorsqu’il a senti la fatigue l’envahir avec quatre tours à faire, Bloemen a réalisé trois tours sous la barre des 30 secondes pour terminer sur une forte note comme Bergsma. Le patineur néerlandais avait conclu sa course avec un nombre incroyable de huit tours à moins de 30 secondes. Bloemen a dû rester dans cette même fourchette pour maintenir son avantage.
- Ted-Jan Bloeman, du Canada, gagne la médaille d’or à la finale du 10 000 m masculin à l’Ovale olympique de Gangneung aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, en Corée du Sud, le 15 février 2018. (Photo : Vaughn Ridley/COC)
« Je n’ai fait qu’exécuter mon plan et je l’ai respecté jusqu’à la fin. C’était suffisant, c’était parfait. »
L’Italien Nicola Tumolero, qui avait été jumelé à Bloemen, a remporté la médaille de bronze en 12 min 54,32 s pour se tailler une place sur le podium en compagnie de Bergsma et du Canadien, qui a exprimé sa gratitude envers ses coéquipiers, sa famille et ses amis qui l’ont aidé à arriver au sommet.
« Mon équipe et moi travaillons en vue de cette compétition depuis longtemps. Je suis si fier d’eux, nous avons réussi, c’est arrivé aujourd’hui. C’est formidable. »
À LIRE: La cause commune des Canadiens d’adoption aux Jeux olympiques
- Ted-Jan Bloeman, du Canada, gagne la médaille d’or à la finale du 10 000 m masculin à l’Ovale olympique de Gangneung aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, en Corée du Sud, le 15 février 2018. (Photo : Vaughn Ridley/COC)
« Ils étaient déjà tellement fiers lorsque j’ai remporté l’argent au 5000 m. Je voulais vraiment remporter la médaille d’or pour eux. Mais ils m’aimeront toujours. C’est réconfortant de les avoir ici avec moi. »
Kramer a terminé à la sixième place, dans une forme qui ne correspondait pas du tout à l’athlète qui a remporté l’or plus tôt aux Jeux lorsqu’il avait battu Bloemen au 5000 m. Jeudi, c’est le Canadien qui avait des jambes, et on lui a demandé s’il en avait encore assez pour grimper sur la plus haute marche du podium.
« Lorsque vous gagnez, il reste toujours un petit peu d’énergie en vous, et c’est le bon moment pour la libérer. »