Photo: AP/Shuji Kajiyama
Photo: AP/Shuji Kajiyama

PyeongChang 2018: L’autre « équipe canadienne » de hockey

En tant que pays hôte des Jeux olympiques d’hiver 2018, la Corée du Sud est automatiquement qualifiée pour les tournois masculins et féminins de hockey.

L’équipe nationale de la Corée du Sud aura l’occasion de se mesurer aux hockeyeurs les plus talentueux du monde, comme ceux de la Suède et du Canada. Avec cette participation vient un objectif bien précis pour l’équipe coréenne: mettre sur pied (ou patin) une équipe de haut niveau pour PyeongChang 2018. La Corée du Sud introduira donc quelques Canadiens à son alignement. C’est un processus compliqué qui suscite souvent la controverse, et ce n’est pas la première fois que les cartes de jeu s’entremêlent.

Vérification des passeports

Afin de jouer pour l’équipe nationale sud-coréenne, les athlètes doivent évidemment acquérir leur citoyenneté. Hors, ce statut n’est pas exclusif aux Coréens de naissance. Brock Radunske est l’exemple parfait de ces joueurs qui, sans héritage coréen, s’est fait accorder sa citoyenneté. 

Originaire de Kitchener, en Ontario, il a joué pour l’Université du Michigan avant d’être repêché 79e au total par les Oilers d’Edmonton en 2002. Le Canadien d’origine a ensuite joué à la fois pour les Roadrunners d’Edmonton et les Griffins de Grand Rapids dans la Ligue américaine de hockey, sans finalement joindre une équipe de la LNH. Depuis la saison 2008-2009, Radunske joue dans la Ligue de hockey d’Asie pour le club sud-coréen Anyang Halla et a été nommé meilleur joueur des séries éliminatoires en 2009-2010 après avoir remporté la finale avec son équipe.

Aujourd’hui, Radunske est l’un des neuf  hockeyeurs de l’équipe nationale sud-coréenne né à l’extérieur du pays. Parmi eux se trouvent deux anciens choix des Oilers d’Edmonton, Bryan Young et Alex Plante, repêchés respectivement au 146e et 15e rang. La plupart de ces joueurs, cependant, n’ont pas été sélectionnés et n’auraient probablement jamais eu l’occasion de jouer pour un club de la LNH ou pour l’Équipe canadienne.

Du déjà-vu

Joe Sakic de l’équipe canadienne, à droite, fait une mise en échec à Lucio Topatigh, de l’équipe italienne, lors de la troisième période du match masculin de hockey des Jeux olympiques de 2006 à Turin, en Italie. Le Canada a gagné 7-2. Mercredi 15 février 2006. (AP Photo/Eric Risberg)

À Turin 2006, neuf Canadiens ont enfilé l’uniforme bleu des Italiens, et à Nagano 1998, six ont joué pour l’équipe de hockey japonaise. Bien que personne ne compare ces équipes à des puissances dans le monde du hockey, jouer pour celles-ci demeure une option intéressante pour les joueurs canadiens. 

L’équipe d’Italie pouvait aussi compter sur l’ancien gardien de but des Flames de Calgary, Jason Muzzati, qui a joué 62 parties dans la LNH, tout comme John Marko qui a été repêché 248e au total par les Flyers de Philadelphie, mais qui n’a jamais eu la chance de jouer dans la LNH. 

L’équipe olympique du Japon de 1998 comptait aussi des Canadiens au sein de son alignement comme Steve Tsujiura, repêché au 250e rang par les Flyers et Ryan Kuwabara, choisi 39e au total par les Canadiens de Montréal.

Ce phénomène n’est pas exclusif au Canada et aux hockeyeurs. Aux Jeux olympiques d’Athènes, en 2004,  l’équipe nationale de baseball grecque comptait plusieurs joueurs du Canada et des États-Unis. Parmi les 23 joueurs de l’équipe, un seul était natif de Grèce. L’Américain Nick Markakis joue toujours dans la MLB avec les Braves d’Atlanta, mais la plupart des  se retrouvent dans une situation comme Laurence Heisler qui a joué trois ans pour l’équipe de développement des Phillies de Philadelphie sans jamais atteindre les ligues majeures.

La controverse : représenter un autre pays

Ahn Hyun-Soo, à gauche, félicite son coéquipier Lee Ho-Suk après la victoire de la médaille d’or de Hyun-Soo dans l’épreuve masculine de Patinage de vitesse sur courte piste sur 1500 mètres aux Jeux olympiques d’hiver de Turin 2006. À Turin, Italie, le dimanche 12 février 2006. (AP Photo/Eric Gay)

Plusieurs personnes croient que les athlètes devraient représenter le pays dans lequel ils sont nés, et ce pays uniquement. “Plastic Brit” est un terme péjoratif créé pour décrire les athlètes qui ont un lien avec un autre pays, mais qui ont obtenu la citoyenneté britannique pour représenter la Grande-Bretagne à l’international. Le cas du patineur de vitesse sur courte piste, Ahn Hyun-Soo, en est un qui a beaucoup fait jaser. Suite à son déménagement en Russie, le Sud-Coréen a représenté le pays hôte aux Jeux de Sotchi 2014 et a gagné trois médailles d’or sous le nom de Viktor Ahn.

À Sochi 2014, Équipe Canada comprenait onze athlètes nés à l’étranger, le plus grand total parmi les pays participants. À Rio 2016, il y avait une douzaine d’athlètes canadiens provenant de différents continents.

Au final, peu importe le pays d’origine des athlètes canadiens, reste que rien ne peut amoindrir la fierté ressentie lorsqu’ils portent la feuille d’érable en compétition et sur le podium.

L’esprit de compétition

Le gardien de la Corée du Sud, Matt Dalton, centre, accueille ses coéquipiers après leur match de première division masculine de hockey contre le Kazakhstan aux Jeux asiatiques d’hiver à Sapporo, au nord du Japon. Dalton, avec une poignée d’autres joueurs nord-américains, a acquis la citoyenneté sud-coréenne et est un membre clé de l’équipe masculine de hockey alors qu’elle se prépare à prendre le meilleur du monde en tant qu’hôte des Jeux olympiques d’hiver de 2018. 22 février 2017.(AP Photo/Shuji Kajiyama)

Du côté des athlètes, plusieurs comprennent qu’il ne s’agit pas uniquement de représenter leur propre pays, mais bien d’être un symbole de fierté pour les citoyens d’une autre nation. Grâce aux joueurs comme Radunske, la Corée du Sud aura une équipe compétitive à encourager à PyeongChang 2018.