Est-ce l’année des rebelles canadiens du ski?
Ils sont l’une des générations de skieurs les plus décorés de l’histoire canadienne. Ils ont égalé les exploits des Crazy Canucks partout, sauf aux Jeux olympiques. C’est la seule médaille qui manque à leur palmarès.
Les Canadian Cowboys y arriveront-ils enfin cette saison?
La première étape de la route de Sotchi est la Coupe du monde de ski alpin de Lake Louise qui a lieu cette semaine.
Pour être un Canadian Cowboy, il faut être vraiment bon. Il faut aussi avoir une boucle de ceinture ornée d’une tête de mort et de skis en croix. Ils sont tellement nombreux qu’on pourrait penser que « vraiment bon » est la norme chez les skieurs alpins canadiens. Les critères d’admission sont très simples : il faut être monté sur le podium de la Coupe du monde, des Championnats du monde ou des Jeux olympiques.
Ce n’était qu’une formalité pour six skieurs actifs : les spécialistes de la descente Erik Guay, John Kucera, Jan Hudec, Manuel Osborne-Paradis, le petit nouveau Ben Thomsen et l’as du slalom Mike Janyk.
À son meilleur, au bon moment
Les chances de succès à Sotchi sont tangibles. Quatre membres actuels des Canadian Cowboys ont foulé le podium des Championnats du monde dont John Kucera qui remporté la médaille d’or en descente en 2009 et Erik Guay qui l’a imité en 2011.
Kucera ne prendra pas le départ à Lake Louise cette semaine parce qu’il se remet d’une névrite du nerf vestibulaire développée pendant un camp d’entraînement l’été dernier au Chili. L’équipe est solide même s’il lui manque un joueur. La saison de la Coupe du monde sera l’occasion de se réchauffer avant les Jeux olympiques, et de s’y qualifier. Pour les plus jeunes comme les frères Conrad et Morgan Pridy, se sera le moment de chauffer les vétérans.
« Il y a beaucoup de fierté en jeu. Nous ne sommes pas satisfaits à moins d’un top 10. » – Hudec
Selon Jan Hudec, vainqueur de la descente en 2007, commencer la saison à domicile donne un bon coup de main. « À Lake Louise, nous avons l’avantage d’être chez nous. Notre famille et nos amis sont dans les estrades et on skie avec une énergie qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, » explique-t-il.
La période entre la Coupe du monde de Lake Louise et l’arrivée de l’équipe au centre alpin de Rosa Khutor pour les Jeux de 2014 à Sotchi sera d’une importante capitale. C’est particulièrement vrai pour Erik Guay qui est revenu à l’entraînement sur neige le mois dernier.
« Mon but à Lake Louise n’est pas de finir 29e, mais si ça arrive, c’est correct parce que je n’ai pas skié beaucoup et que j’ai beaucoup de rattrapage à faire. »
« Mon objectif ultime est de monter sur le podium aux Jeux olympiques. Ceci dit, c’est important d’avoir de bons résultats avant. »
Une nouvelle génération d’excellence
Entre l’âge d’or des Crazy Canucks et aujourd’hui, il était une période où les podiums en Coupe du monde se sont faits rares. Maintenant, c’est tout à fait normal.
La naissance des Canadian Cowboys remonte au mois de décembre 2006 et implique, bien entendu, un chapeau de cowboy. Mike Janyk avait décroché un podium à Beaver Creek aux États-Unis et arborait fièrement le Stetson pendant la remise des médailles. La semaine à Val Gardena en Italie, son coéquipier John Kucera rééditait le coup. Le journaliste de la FIS Patrick Lang a rédigé un article aux deux occasions et la légende est devenue réalité.
L’éloquent Jan Hudec explique l’attachement au nom. « Nous sommes fiers de faire partie des Canadian Cowboys. C’est un groupe d’élite et le nom a une signification importante pour les gars qui font partie du groupe. Nous nous faisons notre propre nom, quelques générations après les Crazy Canucks, » dit-il.
Au Panthéon des sports canadiens, les Cowboys ont dorénavant leur propre exposition aux côtés des Crazy Canucks.
Et avec raison. Les quatre principaux membres des Canucks sont Ken Read, Dave Murray, Dave Irwin et le chef de mission de l’équipe canadienne des Jeux de 2014 à Sotchi, Steve Podborski. Ensemble, ils ont récolté 39 podiums de la Coupe du monde.
Les Cowboys ont deux membres de plus et 38 podiums. Avec ses 19 podiums, Erik Guay a presque rattrapé le record de 20 podiums de Steve Podborski.
Comparer les différentes générations n’est pas chose aisée. Le visage du ski a changé du tout au tout au cours des 30 dernières années. Mais le talent reste le talent, peu importe l’année. C’est pour cette raison que la comparaison entre Guay et Podborski amène une comparaison évidente entre les Canucks et les Cowboys : la nature particulière du succès olympique.
Il s’en est fallu de peu pour qu’Erik Guay monte sur le podium. Il a terminé cinquième à deux reprises à Vancouver 2010 et à un dixième de seconde de la médaille de bronze à Turin 2006.
Tout le monde aurait cependant une chance. John Kucera n’hésite pas à reconnaître l’influence des Crazy Canucks qui ont été les premiers Canadiens à menacer la suprématie européenne sur le sport dans les années 70 et 80.
« Nous sommes la nouvelle génération de skieurs alpins et nous voulons poursuivre l’œuvre des Crazy Canucks. Nous avons un globe de cristal, des championnats du monde, des victoires en Coupe du monde. Il ne nous manque qu’une médaille olympique. Nous la voulons pour nous et pour notre pays, » dit Kucera.