La passion à l’origine du succès sportif du Québec
La culture du sport amateur au Québec est empreinte de passion. D’après les acteurs les plus influents, la domination internationale de la Belle Province dans certains sports, d’une génération à l’autre, est le fruit d’une ardente passion.
« Il suffit qu’un seul athlète perce et là, notre côté latin embarque. »
C’est ce qu’avance le champion olympique en bosses et chef de mission adjoint de l’Équipe olympique canadienne 2014, Jean-Luc Brassard pour expliquer le grand impact des « racines latines » de la culture québécoise – ou du « sang chaud » des Québécois – sur la performance des athlètes de la Belle Province qui atteignent constamment le sommet dans certains sports.
« À la base, dans nos racines, nous avons davantage une culture du plaisir. C’est peut être pour ça que nous rejoignons beaucoup les jeunes en ski acrobatique et en patinage de vitesse courte piste. »
Parmi les meilleurs skieurs acrobatiques, plongeurs, patineurs de vitesse, judokas et hockeyeurs de la planète, un nombre impressionnant provient du Québec, et grâce à eux se développent des générations de champions.
Lors de la 40e édition du Gala Sports Québec durant le mois de mai, Brassard a souligné que le succès continu des athlètes canadiens-français dans ces sports était contagieux. Par ailleurs, ce succès est partagé d’une manière particulière et avec cette passion qui joue un grand rôle dans le façonnement du caractère de la province.
« Nous carburons à l’émotion », expliqua-t-il. « Quand nous voyons quelqu’un performer, ça vient nous chercher, ça nous fait vibrer. Je me rappelle encore Sylvie Bernier et Gaétan Boucher quand ils ont gagné, ou bien les performances incroyables de Pierre Harvey. Ce sont des gens qui m’ont donné le goût de l’olympisme. »
Cet engouement s’est transformé en une médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver de Lillehammer, deux titres de champion du monde, l’honneur d’agir en tant que porte-drapeau et, le plus important, une passion profonde mise au service des athlètes canadiens afin de les aider à surpasser leurs objectifs.
« Moi, j’y crois beaucoup au phénomène d’émulation », de rajouter Brassard. « Combien de gardiens de but du Québec se sont démarqués après les succès de Patrick Roy? Tout le monde, dans chaque pays, tripe à voir ses athlètes performer, mais pour nous (les Québécois), avec notre petit côté latin, tout ça est décuplé. »
Pour savoir si une stimulante émulation est l’ingrédient secret de la recette du succès, il suffit de regarder du côté de Deux-Montagnes, la ville natale de Mikaël Kingsbury, qui est la preuve que quelque chose de bon mijote dans le développement sportif du Québec.
Kingsbury est devenu champion du monde et double champion de la coupe du monde en bosses avant l’âge de 21 ans. Et il l’a fait en prenant exemple sur les personnes qui ont contribué (et qui continuent de contribuer) à définir le Mouvement olympique canadien par leurs actes.
« À 14 ans, (mes amis et moi) nous faisions des manœuvres que les gars en Coupe du monde faisaient », de raconter l’athlète masculin international de l’année 2012-2013 du Québec.
Quand on parle de sang chaud…
Aujourd’hui, de jeunes skieurs acrobatiques partout dans le monde s’inspirent de Kingsbury (sans parler des jeunes Canadiens-Français)… avant même qu’il participe à ses premiers Jeux olympiques.
« J’ai toujours eu de bons modèles », mentionne celui qui a été nommé athlète masculin international de l’année 2012-2013. « Il y a eu le Québec Air Force composé de Jean-Luc Brassard, Dominick Gauthier, Stéphane Rochon, Pierre-Alexandre Rousseau et Alexandre Bilodeau. Tu veux être de cette lignée-là. »
COMMUNIQUER LA PASSION
Comme Brassard, Gauthier continue d’apporter une importante contribution au Mouvement olympique canadien, mais en tant qu’entraîneur des champions olympiques Jennifer Heil et Alexandre Bilodeau.
Il suggère que cette façon de penser à long terme, alliée à une réaction passionnée par rapport au succès, est une notion qui va bien au-delà de la communauté du ski acrobatique, mais qui est plutôt imbriquée dans la culture québécoise.
« Dans ces sports (sports d’actions, énergiques), nous avons eu un ou deux champions qui sont devenus des vedettes », a déclaré Gauthier. « Il y a eu Jean-Luc Brassard et Nathalie Lambert, pour ne nommer que ceux-ci. Ces champions ont inspiré beaucoup de jeunes à pratiquer le même sport… À la base, dans nos racines, nous avons davantage une culture du plaisir. C’est peut-être pour ça que nous rejoignons beaucoup les jeunes en ski acrobatique et en patinage de vitesse courte piste. »
Robert Dubreuil, directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec, abonde dans le même sens.
« Le patinage de vitesse sur courte piste est un sport spectacle, et les Québécois aiment l’action », de déclarer l’ancien patineur de vitesse olympique.
« Nous avons un peu de sang latin. C’est une partie de la réponse. »