La recherche de financement : le jeu en vaut la chandelle

Comme ancienne hockeyeuse olympique, j’ai eu la chance de pratiquer un sport considéré dans ce pays comme « prioritaire » lorsqu’il est question de financement des sports olympiques.

Le programme de hockey sur glace féminin a été financé généreusement par plusieurs commanditaires et par Hockey Canada au fil des ans. Et bien qu’il nous faille faire des études et avoir un plan de carrière qui nous permette de décrocher un emploi après la retraite, le fait est qu’un grand nombre de sports olympiques peuvent beaucoup plus facilement accéder au chemin de la réussite au Canada.

Et beaucoup d’athlètes olympiques canadiens pratiquent aujourd’hui un sport qui a besoin de fonds supplémentaires et d’un soutien accru à l’approche de Sotchi.

À quoi ressemble le processus que doit suivre un père ou une mère qui souhaite que son fils ou sa fille fasse du biathlon?

J’ai donc décidé d’en apprendre davantage sur plusieurs de ces sports, et plus particulièrement sur les athlètes canadiens fiers et travaillants qui ont besoin de notre aide pour monter sur le podium. Je voulais savoir comment on peut se passionner entièrement pour un sport de haut niveau qui reçoit très peu de soutien, et comment on peut arriver à être compétitif lorsqu’on le pratique.

Je voulais savoir ce que l’on ressent.

Par exemple : À quoi ressemble le processus que doit suivre un père ou une mère qui souhaite que son fils ou sa fille fasse du biathlon? Après tout, vous essayez d’inciter votre enfant à pratiquer un sport qui implique de tirer au fusil. Quoi qu’il en soit, ce doit être l’un des sports olympiques les plus difficiles : il faut pouvoir faire accélérer son rythme cardiaque pour faire du ski de fond sur des kilomètres, puis réussir à le faire ralentir rapidement pour tirer sur une cible! Il ne doit pas être facile de combiner endurance et précision extrêmes.

UNE GÉNÉRATION SOURCE D’INSPIRATION

Lorsque l’on pense biathlon dans notre pays, on pense encore à Myriam Bédard qui a gagné deux médailles d’or et une médaille de bronze pour le Canada aux Jeux olympiques d’hiver de 1992 et de 1994.

Pour Megan Imrie de Falcon Lake (Manitoba), c’est à l’époque où Mme Bedard remportait des médailles qu’elle s’est inscrite à un programme parascolaire de biathlon appelé Biathlon Bears. Elle n’avait alors que 7 ans. Les Championnats nationaux avaient eu lieu dans sa ville l’année précédente, ce qui avait fait naître chez elle une véritable passion pour ce sport.

Et sa passion ne s’est jamais éteinte.

Mme Imrie a pris part à ses premiers Jeux olympiques à Vancouver en 2010. Sa simple participation aux Jeux semblait être l’événement le plus marquant de sa carrière de biathlète et la réalisation de son rêve d’enfant. À l’époque, son expérience olympique lui était satisfaisante.

Mais pour Sotchi en 2014, elle a en tête quelque chose de complètement différent.

Elle veut représenter le Canada sur le podium dans un sport qui, selon ses dires, « est tout petit au Canada, mais énorme en Europe ».

En Europe, la foule se presse sur toute la longueur du parcours et les compétitions sont très prisées. Les Canadiennes et les Canadiens au contraire, savent très peu de choses sur Mme Imrie ou ses coéquipiers et coéquipières qui s’entraînent avec elle à temps plein à Canmore, en Alberta.

RETOUR À L’ESSENTIEL

La passion de Mme Imrie pour son sport a été mise à l’épreuve au cours de la saison d’entraînement 2012. Son plan de préparation prévoyait un entraînement plus agressif, mais son corps ne l’a malheureusement pas suivie, et elle est tombée malade et s’est blessée à de nombreuses reprises. Comme tous les athlètes olympiques, elle a pourtant sans cesse repoussé ses limites en pensant que c’était la bonne chose à faire. Ce train-train a fini par l’épuiser mentalement et physiquement. Elle s’était peut-être trop entraînée.

Elle a donc décidé de rentrer à la maison, enfin, là où bat son cœur.

Mme Imrie est retournée à Falcon Lake, au Manitoba, passer trois semaines avec sa famille. Elle s’est reposée et a essayé de se tenir complètement éloignée de toute activité liée au biathlon et de chasser de son esprit tout ce qui pouvait lui faire penser, de près ou de loin, au biathlon. C’est chez elle qu’elle a trouvé un soutien sans faille et qu’elle a été en mesure de faire une coupure, aussi bien mentalement que physiquement. Elle a aussi passé du temps avec son père sur les sentiers de piégeage par une température de -40 °C.

Elle a retrouvé ses racines et sa décision a porté fruit.

LE REPOS, ÇA PAYE

À la lumière de ma propre expérience comme hockeyeuse, je peux vous dire que prendre un repos prolongé est l’une des choses les plus difficiles que puisse faire un athlète. Mais je sais aussi par expérience personnelle que le repos constitue la composante la plus importante de l’entraînement et que sans repos, vous prenez le risque de perdre la passion qui vous anime et de rendre impossible toute progression physique.

Parfois, le repos peut être vu comme une arme.

Mme Imrie a fait son retour au printemps 2013, plus forte que jamais. Elle a réalisé des records personnels à l’occasion de tests et à l’entraînement, mais elle a surtout redécouvert sa passion pour le biathlon, passion qui avait toujours existé, mais qu’elle avait perdue l’espace d’un moment.

LE COÛT ÉLEVÉ DE LA VICTOIRE

Trouver du financement pour le biathlon peut être difficile. Mme Imrie dépense environ 20 000 $ par an en achat d’équipement et en frais d’entraînement. Si l’on ajoute les problèmes auxquels Biathlon Canada a fait face pour se financer, obtenir un financement suffisant constitue un travail à temps plein qui vient s’ajouter aux rigueurs de l’entraînement.

Les horaires d’entraînement laissent peu de temps pour occuper un emploi à temps partiel. La Rocky Mountain Soap Company a aidé Mme Imrie en vendant des savonnettes « Megan Soap » dans ses magasins. Avec les biathlètes canadiennes Zina Kocher, Sandra Keith, Rosanna Crawford et Megan Tandy, elle a posé pour le calendrier Bold Beautiful Biathlon afin de récolter des fonds pour couvrir les dépenses annuelles associées à l’entraînement et aux compétitions.

La vente de ce calendrier de nus est l’initiative qui leur a, de loin, rapporté le plus d’argent à ce jour. De nombreux calendriers se sont vendus en Europe où, encore une fois, le biathlon est très populaire. Le calendrier a fait l’objet de critiques ici au Canada, mais les filles ont vu cette démarche comme un moyen de montrer des corps puissants et athlétiques.

Le fait est qu’obtenir du soutien financier pour le biathlon est plus difficile au Canada qu’en Europe. Un biathlète allemand (l’Allemagne est un bastion du biathlon) pourrait facilement gagner à lui seul davantage que la totalité de l’équipe canadienne. Il ne fait aucun doute qu’il est difficile de se préparer quand on sait à quel point d’autres pays sont avantagés, et ce, avant même le début de la course.

Mais c’est la passion qui fait que les Canadiennes et des Canadiens peuvent surmonter de tels obstacles.

Canadian Olympic Team biathlon nude calendarMme Imrie essaiera de se qualifier pour Sotchi en prenant part en décembre prochain à trois courses de la Coupe du monde. Si elle se classe parmi les 30 premières à une seule course, elle gagnera le droit d’intégrer l’Équipe canadienne et de représenter son pays aux Jeux pour la deuxième fois dans sa carrière.

Lorsqu’elle s’entraîne et se prépare, elle n’est pas du genre à se plaindre du manque de financement.

En réalité, elle profite de toutes les occasions possibles pour renforcer son image et celle de son sport. L’objectif cette fois-ci ne consiste cependant pas simplement à profiter de l’expérience, mais à concourir au plus haut niveau et, si possible, à décrocher une médaille. Même dans un sport où il est difficile d’obtenir du financement.

Pour aider Megan Imrie à réaliser son rêve, consultez le site https://pursu.it/campaign/megan-imrie/.

Suivez @megan_imrie, @biathloncanada