Candice Ward/COC
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Le double médaillé olympique Ilya Kharun en apprend toujours plus… et nage de plus en plus vite

Impossible de parler de l’avenir de la natation canadienne sans mentionner Ilya Kharun.

Né à Montréal en 2005, Kharun est le fils de deux acrobates ukrainiens qui travaillaient pour le Cirque du Soleil. La famille s’est ensuite installée à Las Vegas, au Nevada, où la carrière de nageur d’Ilya a véritablement pris son envol.

En progressant vers le niveau international, il est vite devenu clair que, même s’il avait grandi aux États-Unis, il avait uniquement un passeport canadien. Il a donc rejoint avec enthousiasme une nouvelle génération de jeunes nageurs talentueux, prêts à renforcer un programme masculin en pleine montée, inspiré par les succès récents de l’équipe féminine.

À Paris 2024, Kharun a fièrement représenté la feuille d’érable et a décroché deux médailles de bronze pour Équipe Canada.

D’abord, à 19 ans, il a amélioré son propre record national au 200 m papillon avec un chrono de 1:52,80. Trois jours plus tard, il est monté sur le podium aux côtés de son coéquipier Josh Liendo au 100 m papillon : Liendo a obtenu l’argent avec un record canadien de 49,99, suivi de Kharun (50,45), qui est passé de la 7e à la 3e place dans la deuxième moitié de la course. Il s’agissait du premier podium double canadien aux Jeux olympiques d’été depuis 48 ans.

Lorsqu’il ne nage pas pour Équipe Canada, Kharun évolue sur le circuit universitaire américain avec l’Université d’État de l’Arizona, où il étudie la gestion du sport.

Olympique.ca a discuté avec Kharun, qui s’entraîne à Tempe en Arizona — où il affiche fièrement un drapeau canadien sur son mur — pour parler de la vie au Village olympique, de ses podiums à Paris et de son évolution en tant qu’athlète.

Comment as-tu commencé la natation ?

J’ai commencé à nager vers l’âge de 4 ans. Ma mère m’a inscrit à des cours de natation, et elle pensait déjà, à l’époque, que j’avais du potentiel. Vers 6 ou 7 ans, j’ai battu quelques records d’équipe, et aussi quelques records régionaux en Californie. Je n’ai jamais vraiment envisagé un autre sport.

C’est la première fois que nous avons l’occasion de te parler depuis Paris 2024. Deux médailles pour tes premiers Jeux olympiques ! Quels sont les souvenirs qui te marquent le plus, avec un peu de recul ?

Oh, il y en a tellement ! Les moments passés dans les dortoirs du Village olympique sont inoubliables. Mes colocs étaient Finlay [Knox], Blake [Tierney] et Josh [Liendo], et c’était tellement fun de vivre ça avec eux, de traverser les jours de compétition ensemble. Mes meilleurs souvenirs, c’est clairement le village, la piscine… et explorer un peu. Il y avait une machine à crème glacée gratuite, c’était génial !

C’est vraiment un événement qui n’arrive qu’une fois tous les quatre ans. Il y avait tellement d’athlètes connus autour de nous, c’était incroyable. Et l’ambiance dans la piscine… entendre tout le monde crier, ressentir l’énergie du lieu… c’était magique. Représenter le Canada dans un cadre pareil, c’est un honneur immense.

Candice Ward/COC

Le double podium avec Josh était un moment historique. Comment as-tu vécu ça ?

C’était incroyable. Avec Josh, on en avait parlé quelques jours avant : “Hey, tu sais que ça fait super longtemps qu’on n’a pas eu de podium double chez les hommes… imagine si on y arrive !” Et finalement, on l’a fait !

Pendant que je faisais une entrevue avec CBC, Josh a couru vers moi en criant “YEAHHH !!” C’était tellement drôle. Et j’étais tellement heureux d’avoir cette deuxième médaille. Partager ce moment avec lui, c’était vraiment spécial.

Josh Liendo et Ilya Kharun posent avec leurs médailles
Josh Liendo, à droite, et Ilya Kharun d’Équipe Canada posent avec leurs médailles d’argent et de bronze, respectivement, du 100 m papillon masculin aux Jeux olympiques de Paris 2024, en France, le samedi 3 août 2024. Photo par Candice Ward/COC

Et ce n’était pas la première fois que vous partagiez un podium. Vous l’avez aussi fait aux NCAA. Comment s’est passée la transition entre les Jeux et le circuit universitaire ?

En revenant, je n’avais pas encore bien digéré l’expérience des Jeux. J’ai juste continué ma routine, en me concentrant sur les NCAA. Je m’entraînais, je voulais faire de bons chronos, me qualifier.

En février, après les championnats Big 12, j’ai eu un petit moment difficile mentalement, sans vraiment comprendre pourquoi. Mais avec du recul, je pense que c’est à ce moment-là que les émotions des Jeux m’ont vraiment rattrapé. La natation me paraissait lourde.

J’aurais dû prendre plus de repos. Je comprends maintenant pourquoi les athlètes de haut niveau prennent de longues pauses. Léon [Marchand], par exemple, a pris deux ou trois mois. Moi, j’ai enchaîné trop vite.

J’ai finalement pris 4 ou 5 jours de pause avant les NCAA, et ça m’a permis de retrouver un bon état d’esprit pour performer.

Partager encore un podium avec Josh au 100 m papillon, c’était génial. Il est une vraie source d’inspiration. J’espère qu’un jour, je pourrai le battre. 

Mais oui, j’ai beaucoup appris après les Jeux. Notamment que parfois, il faut vraiment prendre du temps pour soi avant de passer à autre chose.

Tu viens aussi de battre un record national au 50 m papillon à la Pro Swim Series. Tu peux nous parler de cette course ?

C’était ma première compétition en bassin long de la saison. J’y allais avec beaucoup d’espoir.

Le premier jour, j’ai eu un petit coup dur au 200 m papillon. J’étais un peu déçu, mais je me suis dit : “Pas grave, t’as encore besoin d’entraînement.” J’ai donc décidé de ne pas nager la finale ce soir-là.

Le lendemain, j’étais prêt à tout donner. J’ai fait un super temps en préliminaire au 50 m papillon, ce qui m’a permis d’atteindre la finale. J’ai ensuite nagé mon meilleur temps : 23.09. J’étais super content.

Et surtout… j’ai repris mon record à Finlay! Je lui ai texté et il m’a répondu : “Enfin !”

Le 100 m papillon le lendemain, c’était super aussi. J’étais encore sur cette belle énergie. Et avec Katie Ledecky et Gretchen Walsh qui établissaient des records du monde, je me suis dit : “Pourquoi pas moi ?” J’ai signé un nouveau meilleur temps personnel de 50.42.

Questions en rafale avec Ilya Kharun

Un athlète que tu admires ?

Caleb Dressel, Michael Phelps et Léon Marchand.

Le plus gros entraînement que tu as eu ?

Un avec Herbie [Behm, son entraîneur universitaire] : 15 x 200 m en bassin long, avec des intervalles de plus en plus courts. C’était intense!

Un rituel avant les courses ?

Des exercices de respiration… et j’écoute de l’EDM juste avant de plonger.

Ta course préférée ?

J’aime toutes les distances au papillon, mais j’ai un faible pour le 50 m.

Un conseil pour les jeunes athlètes ?

Ne te prends pas trop la tête. Amuse-toi, baisse la tête et travaille fort.