L’équipe derrière l’équipe : Rencontrez Lizanne Murphy, athlète de deux Jeux olympiques en basketball et directrice des relations avec le système sportif et les athlètes au COC
Le Comité olympique canadien (COC) est fier de placer les athlètes au cœur de tout ce qu’il fait. À tous les niveaux de notre organisation, de notre conseil d’administration à nos stagiaires, notre équipe est composée de gens qui croient pleinement au pouvoir du sport – y compris un groupe impressionnant d’athlètes olympiques et paralympiques, d’athlètes des Jeux panaméricains, d’anciens athlètes d’équipes nationales, d’athlètes de ligues récréatives et de passionnés du sport. Dans le cadre de cette série, nous partagerons les histoires des membres de notre équipe qui ont compétitionné à de grands Jeux multisports et qui consacrent maintenant leur vie professionnelle à aider la prochaine génération d’athlètes d’Équipe Canada à réaliser leurs rêves.
Lizanne Murphy est une athlète en basketball qui a participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et de Rio en 2016. Elle est aussi membre du Temple de la renommée de l’Université Hofstra. De 2005 à 2016, Murphy a joué un rôle déterminant dans la renaissance de l’équipe nationale féminine de basketball, aidant le Canada à devenir l’une des meilleures équipes au monde. Repérée dans le cadre d’une séance d’essai ouverte par l’entraîneure d’Équipe Canada, elle a été sélectionnée au sein de l’équipe nationale senior qui allait participer aux Jeux olympiques.
Cette entrevue a été légèrement modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.
Qu’est-ce que le sport représente pour toi et quelle est son importance dans ta vie?
Je suis une personne très émotive, alors je parle sérieusement quand je dis que le sport m’a sauvé la vie. C’est vraiment le cas. Je viens d’une famille formidable qui croyait en l’importance du sport. Mon père, aujourd’hui très mal-voyant, était joueur de basket-ball, et ma mère a grandi en rêvant de faire du sport, mais sans jamais vraiment en avoir l’occasion. Mes parents ont eu trois enfants. Nous allions tous être assez grands, nous mesurons tous plus de 6 pieds aujourd’hui, et le rêve de ma mère était que nous grandissions en nous sentant bien dans notre corps. Mes deux parents savaient qu’ils voulaient que le sport fasse partie intégrante de la vie de famille et, très vite, ils ont inscrit les trois enfants à presque tous les sports proposés dans notre ville. Mon père a installé un panier de basketball devant notre maison, près de l’entrée, nous jouions au soccer à l’arrière et faisions de la gymnastique partout dans la maison. Tout cela m’a aidée à devenir l’une des meilleures franc-tireuses au Canada.
J’ai vécu une expérience incroyable à l’Université Hofstra, dans la NCAA, qui m’a aidée à atteindre les Jeux olympiques, mais elle a aussi été très intense et, pour de nombreuses raisons, malsaine. Quand j’ai commencé à jouer pour Équipe Canada, j’ai trouvé un environnement dans lequel je pouvais être moi-même et viser l’excellence avec un groupe incroyable. Je suis quelqu’un qui apporte de l’énergie. J’ai une intensité qui m’a parfois attiré des ennuis. J’étais très émotive, un livre ouvert, et je ne savais pas vraiment comment canaliser cela. Quand je suis arrivée avec l’équipe nationale, j’ai soudainement été félicitée pour cette même énergie, on me disait que j’étais le cœur, l’âme et la leader de l’équipe. C’est pourquoi je dis que le sport m’a sauvé la vie, car je suis passée d’un état de doute total et de méthodes d’entraînement malsaines à la prise de conscience que j’avais quelque chose dont le monde avait besoin, et un objectif commun, soit développer le basketball féminin au Canada.
Tu as connu une longue et brillante carrière au sein de l’équipe nationale et tu as joué chez les professionnels dans de nombreux pays, notamment en tant que vedette en France. Qu’est-ce qui t’a conduite au COC?
J’étais prête à rentrer en France quand en 2017, j’ai reçu un courriel inattendu me demandant si je voulais participer à l’expédition Canada C3, dans le cadre du projet Canada 150. Il s’agissait d’un ancien brise-glace qui a navigué le long des trois côtes canadiennes jusqu’à Victoria en 150 jours. J’étais invitée en tant qu’athlète. À bord du navire, nous avions des enseignants, des parents, des scientifiques, des leaders autochtones et des jeunes très prometteurs qui réalisaient des projets intéressants dans leurs écoles. Ce fut une expérience marquante dont l’objectif était de mieux comprendre la réconciliation, la communauté et la protection de l’environnement. De l’Île-du-Prince-Édouard à Terre-Neuve, nous avons visité des communautés des Premières Nations, des parcs protégés et beaucoup appris sur l’environnement de la côte est du Canada. Je n’avais rien appris des pensionnats autochtones avant ce voyage, car on ne nous enseignait pas ça à l’école. L’une de mes bonnes amies à bord était Marie Wilson, l’une des trois commissaires de la Commission de vérité et réconciliation. À l’occasion de nos visites dans ces communautés, j’ai immédiatement noué des liens avec les gens grâce au basketball et de nombreuses personnes qui partageaient ma passion pour ce sport. Au large des côtes de l’océan Atlantique, j’ai appelé mon agente pour lui dire que je ne retournerais pas en France. C’est sur ce navire que j’ai compris qu’il y avait plus dans la vie et que, même si le basketball avait été incroyable pour moi, je n’avais pas à cœur de continuer à concourir au plus haut niveau. Je suis quelqu’un qui veut exercer une influence. C’est peut-être ce qui définit tout ce que je fais. Je voulais revenir au Canada et contribuer au changement ici.
À l’époque, je faisais également partie du programme Athlètes olympiques RBC, par le biais duquel j’étais en contact avec 200 écoles au Québec et d’un bout à l’autre du Canada. J’ai fait le tour du pays pour inciter les jeunes à essayer le basketball et leur donner confiance en eux. J’ai trouvé ce travail très enrichissant. C’est dans un de ces événements du programme Athlètes olympiques RBC que j’ai rencontré ma conseillère Plan de match, qui m’a aidée à faire ma transition vers la vie après le sport. Elle m’a mise en contact avec Eric Myles, chef du Sport au COC, et ils m’ont tous deux dit, maintenant que tu es de retour, tu devrais travailler dans le sport. Nous avons des postes disponibles, alors tu devrais postuler. J’hésitais, mais je sentais que c’était un signe, une piste à explorer, et c’est ce qui m’a menée jusqu’ici.
Parle-nous de ton rôle?
J’ai eu la chance de gravir les échelons à quatre reprises. Je suis maintenant directrice des relations avec le système sportif et les athlètes. Je fais partie de l’équipe de l’excellence du système au sein du département du Sport au Comité olympique canadien. Nous travaillons avec les organismes nationaux de sport pour améliorer des domaines tels que leur gouvernance, le sport sécuritaire, les relations avec les athlètes et la façon dont la voix des athlètes est entendue au sein de leur organisme. Nous les aidons aussi à recruter et former leurs dirigeants, ainsi qu’à promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion. Depuis 2013, le COC a investi plus de 40 millions de dollars pour soutenir les organismes nationaux de sport dans ces importantes initiatives.
Qu’as-tu appris au cours de ta carrière de joueuse de basket-ball et qui t’est utile dans ton rôle aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les ressources, alors que les organismes nationaux de sport sont actuellement confrontés à une situation précaire et demandent un financement fédéral accru?
Mon expérience en basketball m’a beaucoup appris. Remporter la médaille d’or aux Jeux panaméricains de Toronto en 2015 était vraiment génial. Nous avons battu les États-Unis pour la première fois. En repensant à ma carrière, ce dont je suis la plus fière, c’est que partout où je suis allée, je me suis efforcée de laisser les choses dans un meilleur état que je les ai trouvées. Quand j’ai rejoint l’équipe nationale en 2005, nos résultats n’étaient pas très bons. Nous n’avions pas participé aux Jeux olympiques depuis des années. Le financement était très limité. Notre personnel a dû faire preuve d’une grande créativité pour trouver des possibilités d’entraînement et des personnes capables de nous aider à atteindre le niveau mondial auquel nous pensions toutes appartenir. Avec très peu de ressources, notre groupe s’est battu et s’est qualifié pour les Jeux olympiques de 2012 à Londres. À la fin de ma carrière, nous étions cinquièmes au monde et le sport bénéficie désormais de ressources accrues après de nombreuses années difficiles.
Ce manque de ressources est malheureusement très courant dans le sport. Je peux vous assurer que les organismes nationaux de sport n’exagèrent pas quand ils affirment être en difficulté. Leur budget n’a pas augmenté depuis plusieurs années, même pour suivre l’inflation. Je pense que ce qui fait ma force dans mon travail, c’est que j’ai pu observer la situation à la fois du point de vue d’un sport qui a des moyens et d’un sport qui n’en a pas. Je suis passée d’une expérience très difficile pour les sports confrontés à des contraintes financières à une qualification pour les Jeux olympiques et à un sport doté de plus de ressources. J’ai très vite compris la réalité à laquelle sont confrontés les dirigeants des organismes nationaux de sport. Dans un système sportif sous-financé, il est impossible de réussir partout. Certains organismes doivent prendre des décisions très difficiles quotidiennement concernant leur personnel, leur calendrier de compétitions ou le développement pour poursuivre leurs activités.
Nous entrons dans une nouvelle ère pour le basketball, le hockey et d’autres sports professionnels féminins. Que penses-tu de cette évolution et que reste-t-il à accomplir dans ce domaine?
Je ne suis pas surprise et j’en suis TELLEMENT heureuse. Nous connaissons tous la valeur et la qualité du sport féminin, et c’est un moment charnière pour les générations à venir ici au Canada. Quand je jouais professionnellement en France, nous jouions presque tous nos matchs à guichets fermés. Je pense qu’il est temps que nous ayons aussi ces ligues au Canada, où les femmes peuvent bâtir un héritage incroyable ici, chez elles. Pour cette raison, je suis tellement heureuse d’être devenue une partisane et une maman qui soutient et apprécie tout cela depuis les lignes de touche.