Rencontre avec Marie-Andrée Lessard, Olympienne en volleyball de plage et directrice principale des Jeux au COC 

Le Comité olympique canadien est fier de placer les athlètes au cœur de tout ce qu’il fait. À tous les niveaux de l’organisation, de notre conseil d’administration à nos stagiaires, notre équipe est composée de gens qui croient vraiment au pouvoir du sport – y compris un groupe impressionnant d’Olympiens, de Paralympiens, d’athlètes des Jeux panaméricains, d’anciens athlètes d’équipes nationales, d’athlètes des ligues récréatives et de passionnés du sport. Dans le cadre de cette série de textes, nous ferons connaître le récit des membres de notre équipe qui ont concouru à des Jeux et qui consacrent maintenant leur vie professionnelle à aider la prochaine génération d’athlètes d’Équipe Canada à réaliser leurs rêves.

Marie-Andrée Lessard a été couronnée trois fois championne nationale au volleyball de plage (deux fois avec sa partenaire Sarah Maxwell, en 2005 et 2007, puis une autre fois avec Annie Martin en 2009). En 2012, Lessard et Martin ont participé aux Jeux olympiques de Londres 2012. Elle a rejoint les rangs du COC en 2015 et elle supervise actuellement l’équipe des Jeux, qui a la responsabilité de déléguer Équipe Canada à chacun des Grands Jeux.

Cette entrevue a été modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.

Comment as-tu commencé à t’impliquer dans ton sport?

Mes parents m’ont offert la possibilité de pratiquer tous les sports qui m’intéressaient quand j’allais à l’école primaire. Je me souviens de m’être présentée pour des cours de gymnastique quand j’avais 10 ans et le club m’avait demandé, « qu’est-ce que tu veux faire ? » et je leur ai dit que je voulais aller aux Jeux olympiques. Ils m’ont dit que j’étais trop grande. J’étais vraiment découragée. J’aimais vraiment ça, mais je ne voulais pas continuer à faire ça si je ne pouvais pas réaliser mon rêve.  

Une fois à l’école secondaire, le seul sport qu’il y avait c’était le volleyball intérieur, alors je me suis inscrite. Un jour, l’entraîneur nous a demandé quel était notre objectif et le mien, c’était de représenter le Canada et d’aller aux Jeux olympiques. L’entraîneur a dit, « tu es bien trop petite pour ça. » Je n’en revenais pas, j’étais trop grande pour la gymnastique et maintenant, j’étais trop petite pour le volleyball. Toutefois, j’étais déjà rendue trop loin dans mon parcours pour changer et ce qu’a dit cet entraîneur m’a mis le feu au derrière.

J’ai continué à monter les échelons et j’ai été la dernière retenue au sein d’Équipe Québec. L’entraîneur m’a dit que j’étais la plus rapide et la plus puissante, mais, encore une fois, j’étais trop petite. Ce qui fait que j’ai tout simplement accepté que ça faisait partie de mon histoire. 

Au départ, j’ai commencé à jouer au volleyball de plage comme complément à ma saison intérieure. Puis, en 1996, c’est devenu un sport olympique officiel et je me suis dit, « wow, c’est fantastique », et à partir de là, il était clair pour moi quel chemin je devais suivre pour réaliser mon rêve.  

Comment as-tu commencé à t’impliquer au sein du COC ?

Quand j’ai pris ma retraite comme athlète en 2012, j’ai eu une période de transition qui a duré à peu près deux ans. À titre d’athlète autofinancée, j’avais toujours eu l’impression que je gérais ma propre petite entreprise.

Une des premières choses que j’ai faites après avoir pris ma retraite a été de publier un livre, « 100 athlètes, cent recettes », avec la participation du médaillé d’or olympique Mikaël Kingsbury, de la médaillée d’argent des Jeux de 1984 en plongeon Sylvie Bernier et de la détentrice de 14 médailles d’or paralympiques Chantal Petitclerc et ainsi que plusieurs autres athlètes, dont Bruny Surin, notre chef de mission en vue de Paris 2024.

Vers la fin de l’année 2013, le COC m’a appelée pour me demander si j’aimerais faire partie de l’équipe de mission pour les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi 2014. J’ai accepté sans vraiment savoir à quoi m’attendre, parce que j’avais raté le séminaire de préparation. J’ai donc obtenu mon visa pour aller en Russie et je me suis acquittée de mon rôle. J’imagine que ça s’est bien passé parce qu’un an plus tard, le COC m’a appelée pour m’offrir un contrat de sept mois. Au départ, c’était un engagement emballant que j’avais accepté entre deux de mes initiatives entrepreneuriales, mais ça s’est transformé depuis en emploi à temps plein et nous voilà huit ans et demi plus tard. 

Que fais-tu maintenant dans ton rôle de directrice principale des Jeux? 

Mon travail consiste à travailler avec l’équipe pour livrer les Jeux, que ce soient les Jeux olympiques, les Jeux panaméricains, les Jeux olympiques de la jeunesse et tous les Jeux où le COC envoie une équipe d’athlètes. Nous nous occupons de l’inscription, de l’habillement, des déplacements, de l’hébergement et de tout ce qui a trait à la mise en place d’un environnement qui vient soutenir la performance des athlètes et des entraîneurs. Nous le faisons en travaillant avec les directeurs de la haute performance ou les gestionnaires et chefs d’équipe provenant de tous les organismes nationaux de sport qui ont des athlètes participants. 

Quelle est la mesure du succès dans ton rôle ?

Quand j’étais athlète et que je suis allée à Londres, je me souviens d’être entrée dans le salon d’Équipe Canada dans le Village et de m’être sentie chez moi. En même temps, je n’avais aucune idée du travail nécessaire pour mettre en place ce genre d’ambiance. J’étais peut-être naïve, mais je pensais évidemment qu’il allait y avoir des drapeaux du Canada partout et que quelqu’un allait me procurer les collations que j’aime qui ne sont pas à la cafétéria, des choses comme du beurre d’arachide, dont les athlètes sont avides.  

J’ai donc appris que nous sommes vraiment l’équipe derrière l’équipe qui cherche à rendre les choses harmonieuses pour les athlètes. C’est un peu une situation où si quelqu’un remarque quelque chose, ça veut dire que nous avons raté notre coup. 

Au récent séminaire de préparation pour l’équipe de mission de Santiago 2023, tu as livré le discours d’ouverture aux membres de l’équipe et ton message était que nous devons faire de notre mieux avec les outils que nous avons et nous devons être convaincus que les autres font la même chose. Est-ce que ça vient de ton vécu comme athlète ? 

C’est incontestablement le cas. L’approche que j’adopte quand je dirige mon équipe et que j’interagis avec des collègues a assurément été influencée par ça, parce que je pense qu’il y a eu un moment dans ma carrière où je doutais de notre capacité à performer dans le monde si on adoptait cette mentalité-là. J’ai réalisé que c’est correct d’être vulnérable. C’est correct de montrer qui tu es vraiment, de ne pas savoir et de poser des questions. 

Au COC, la barre est très haute. Toutefois, cette philosophie nous rend encore plus puissants. Nous ne craignons pas de regarder les zones d’ombre que nous avons en nous ou dans le cadre de nos opérations. Parfois, nous devons demander pourquoi nous faisons les choses de cette façon ou pourquoi c’est la meilleure façon.  

Il faut se rappeler que tout le monde est là à faire de son mieux avec les outils qu’ils ont. En tant qu’un des meilleurs CNO au monde, je pense que ça nous permet de performer à notre mieux – quand nous ne craignons pas de poser les questions difficiles et quand nous ne craignons pas de nous orienter autrement si la situation l’exige.  

Après avoir vu des entraîneurs te dire que tu ne pourrais pas aller aux Jeux olympiques en raison de ta taille, quelle est ton approche quand il faut avoir des discussions difficiles aux Jeux avec des athlètes, par exemple après une performance qui ne s’est pas déroulée comme prévu ? 

Les mots comptent. La ligne est mince entre offrir son soutien et présumer des choses sur quelqu’un et sur leur façon de voir leur performance. Je fais toujours preuve de délicatesse parce que je veux qu’ils sentent que nous les soutenons en tant qu’êtres humains. D’abord et avant tout, notre travail est d’être là pour leur demander ce que nous pouvons faire pour eux à ce moment-là et nous assurer qu’ils se sentent bien soutenus.  

Qu’est-ce que ça représente pour la communauté sportive de voir qu’il y a de nombreux athlètes à la retraite qui travaillent actuellement pour le COC? 

J’espère que les athlètes sentent qu’ils ont une voix au sein de l’organisation et que nous pouvons bien dépeindre la réalité de l’athlète. Pour nos collègues qui n’ont pas été des athlètes, je pense que ça montre que nous allons travailler fort, que nous allons faire preuve de résilience et que nous avons des attentes élevées à notre propre endroit pour être à la hauteur de la prochaine génération d’athlètes.   

Qu’as-tu appris depuis que tu as rejoint les rangs du COC? 

Je suis au COC depuis 2015 et c’est impressionnant de voir le changement de culture qu’il y a eu, et d’avoir fait partie de ce changement. J’ai vu le leadership relever le défi et diriger avec intégrité et authenticité. Ç’a été spécial comme expérience parce que parfois, tu entends parler de culture toxique et tu ne sais pas vraiment par où commencer pour changer les choses. Je pense que nous en sommes à un stade où la culture au COC est plus saine qu’elle ne l’a jamais été. C’est là quelque chose que je retiens comme un grand apprentissage en raison du fait de l’avoir vécu, et d’avoir vu tout le chemin que nous avons fait à cet égard au fil des années.