L’avis des athlètes sur le nouveau Réseau des instituts du sport olympique et paralympique

La salle d’entraînement de haute performance de l’Anneau olympique de Richmond est pleine à craquer.

Les athlètes, les journalistes et les dirigeants de toute sorte se mêlent tandis qu’une brume typique de la région du Pacifique enveloppe l’immeuble, si dense qu’elle avale les voitures dès la tour de condos voisine.

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Trevor Hirschfield, joueur de rugby en fauteuil roulant, explique le fonctionnement d’un élévateur hydraulique au nageur olympique Richard Hortness.

L’endroit pourrait avoir l’air isolé, mais les fenêtres baignent le gym d’une lueur blanche et froide qui lui donne une atmosphère aérienne.

Brent Hayden, médaillé de bronze olympique, admire les rangées de support pour accroupissements rutilants avec leurs plaques colorées aux couleurs vibrantes. La différence avec l’équipement avec lequel il a l’habitude de s’entraîner l’amuse.

« Nous utilisions un équipement de seconde main déjà très usagé. Il était toujours rouillé et brisé », se remémore-t-il le petit gym adjacent à la piscine de l’Université de la Colombie-Britannique.

Il est toutefois reconnaissant qu’une salle d’entraînement soit à la disposition des nageurs universitaires. C’est là qu’il s’est taillé un chemin, à la sueur de son front, jusqu’au podium du 100 m libre des Jeux olympiques de Londres. Pour lui, c’est évident que le nouvel équipement fera une différence dans le parcours des athlètes qui se préparent aux prochains Jeux.

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Brent Hayden se réjouit de la médaille de bronze qu’il a gagnée au 100 m libre lors des Jeux olympiques de 2012 à Londres.

Plusieurs athlètes sont de passage au gym qui fait dorénavant partie de l’Institut canadien du sport – Pacifique. C’est l’un des sept instituts canadiens intégrés au nouveau partenariat entre le Comité olympique canadien (COC), le Comité paralympique canadien (CPC) et l’institut.

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Le nouveau Réseau des instituts du sport olympique et paralympique du Canada (RISOP) recevra un financement modeste de l’ordre de 3 millions de dollars de la part du COC jusqu’en 2016. Sa raison d’être est d’unir les organismes de sport les plus importants du Canada en joignant leurs forces à celles des instituts du sport du pays. Le gouvernement et À nous le podium seront aussi de la partie. Tous les partenaires sont conscients que les athlètes peuvent accomplir de grandes choses lorsqu’ils ont la chance de s’entraîner en plus grand nombre dans des installations comme celles de Richmond.

L’ancien coéquipier de Brent Hayden dans l’équipe sprint libre, Richard Hortness, a vécu une expérience complètement différente à l’université. Vétéran des Jeux de Beijing et de Londres, Hortness a fréquenté l’université du Nevada, à Las Vegas, où il a fait de la compétition dans la NCAA. Il a pu compter sur l’aide d’une équipe sans avoir à se soucier de l’argent.

« Les universités américaines reçoivent énormément d’argent. Les salles d’entraînement sont complètement différentes de celles auxquelles nous sommes habitués… elles ressemblent à celle-ci », explique Richard en pointant le gym de Richmond.

« Les membres d’une équipe s’influencent sur tous les plans, et l’excellence en est un. »

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L’olympien Richard Hortness en compagnie de la médaillée d’argent olympique en aviron Darcy Marquardt à Richmond. Ils sont mariés.

La plupart des salles d’entraînement de la NCAA sont sans aucun doute beaucoup plus grandes que celle où se trouve aujourd’hui Richard, mais l’équipement est de la même qualité. Il ne suffit pourtant pas de supports pour accroupissements tout neufs pour faire monter les Canadiens sur le podium des Jeux olympiques.

Le capitaine de l’équipe de rugby à sept, John Moonlight, et ses coéquipiers sont centralisés à proximité des installations de l’institut sur l’île de Vancouver. Il reconnaît qu’être installé au campus Langford de Rugby Canada (indépendant de l’institut du sport) en plus de travailler avec le personnel de l’institut a fait une différence notable. Avant d’être centralisée, l’équipe masculine de rugby à sept peinait à entrer dans le top 10 de la Sevens World Series. L’an dernier, les joueurs de rugby canadiens ont terminé la saison au sixième rang du classement général, leur meilleure performance de l’histoire.

John Moonlight, qui fait 1,95 m pour 104 kg, aime s’entraîner en compagnie d’athlètes complètement différents. « Les nageurs passent la majeure partie de leur journée dans l’eau, mais quand vient le temps de faire de la musculation, ils nous surprennent en soulevant des poids plus lourds que les nôtres », s’esclaffe-t-il. L’équipe a même appris certaines techniques de mise au sol de Sarah Kaufman, une spécialiste des arts martiaux extrêmes, qui s’entraîne elle aussi à l’institut de Victoria.

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Pour exceller en compétition, les athlètes ont besoin d’installations à la fine pointe, d’une collaboration sans faille et d’un soutien à toute épreuve. C’est surtout vrai aux Jeux olympiques où les autres pays investissent des sommes astronomiques dans le développement de leurs athlètes. La directrice générale d’À nous le podium, Anne Merklinger, est très au fait de la réalité du financement et disait dans un communiqué : « Un champion olympique ou paralympique peut se développer dans chaque coin de ce pays si les athlètes ont facilement accès aux ressources et outils adéquats pour les soutenir dans leur poursuite de l’excellence. »

L’investissement dans les athlètes olympiques pour faire en sorte que le Canada soit compétitif sur la scène internationale est toujours un sujet d’actualité. Mais dans la vie de tous les jours, le gym de Richmond fait le bonheur du capitaine de l’équipe canadienne de rugby en fauteuil roulant, Trevor Hirschfield. « Avoir accès à un entraîneur personnel, à la science du sport, à des services de récupération et à un terrain de rugby sous un même toit nous épargne énormément de temps et d’efforts », reconnaît le médaillé d’argent et de bronze des Jeux paralympiques.