Shannon Comeford #UneÉquipe
Vivre la vie d’athlète exige un maximum d’efforts jusqu’à l’épuisement, de nombreux sacrifices et la détermination de refuser de faire tout ce qui pourrait nuire à cet avantage concurrentiel dans la poursuite inlassable d’un rêve. Celle des agriculteurs nécessite de longues heures de travail physique, difficile et épuisant, y compris labourer, semer, entretenir et, récolter les fruits espérés de notre dur labeur.
C’est la combinaison parfaite qui convient à Shannon Comerford, ambassadrice #UneÉquipe âgée de 30 ans.
Élevée sur une ferme se spécialisant dans la fabrication du miel située à seulement 20 minutes de Saskatoon, l’agriculture a toujours été sa vocation.
Bien que la culture du miel soit une affaire familiale et qu’elle nécessite de longues heures de travail, ce n’est pas la seule chose qui l’occupe. Désormais un espoir olympique en vue des Jeux de Tokyo 2020, Shannon a commencé à pratiquer l’escrime à l’âge de huit ans, suivant ainsi les traces de son frère. Elle a fait partie des équipes nationales U17 et U20. En outre, en tant que membre de l’équipe nationale senior depuis 2009, elle a aidé la formation à égaler le meilleur résultat de l’histoire pour une équipe féminine canadienne de fleuret grâce à une sixième place aux championnats du monde de 2018, en plus de l’aider à obtenir son meilleur classement mondial, soit le sixième rang.
« Participer aux Jeux olympiques a toujours été mon objectif sportif numéro un. Depuis que je pratique l’escrime, j’ai toujours rêvé de rivaliser avec les meilleures au monde sur la plus grande scène qui soit. J’ai participé au processus de qualification pour Londres 2012 et Rio 2016 et je crois que mon tour viendra à Tokyo 2020! »
La vie d’athlète et sa route vers les Jeux olympiques n’ont pas toujours été de tout repos. Son parcours a été perturbé en 2011 quand elle a subi une déchirure du ligament croisé antérieur de son genou gauche juste avant les qualifications olympiques.
« J’ai été en mesure de terminer la période de qualification avec une attelle, mais j’ai été incapable de me qualifier pour la compétition individuelle et, en tant qu’équipe, nous n’avions pas encore beaucoup d’expérience ensemble. Avant Rio, notre équipe a commencé à obtenir les meilleurs résultats pour une équipe féminine canadienne de fleuret, mais malheureusement, l’épreuve par équipe n’était pas au programme des Jeux olympiques dans notre discipline », a expliqué Shannon.
À l’approche de Tokyo 2020, l’équipe obtient de meilleurs résultats et sa discipline figure finalement aux programmes individuel et par équipe des Jeux olympiques. « Notre heure est arrivée! »
En tant qu’athlète gaie, son équipe, son entraîneur et son club l’ont toujours accueillie et acceptée comme une femme gaie. Sur le plan international, cependant, et même parmi les autres membres de l’équipe nationale d’escrime (d’autres disciplines), elle a fait l’objet de commentaires et de remarques irrespectueux.
« Pour moi, le meilleur moyen de gérer ce genre de situations est simplement de rester visible et de confronter directement les commentaires », a déclaré Shannon. « Personne ne devrait se sentir diminué en raison de son orientation sexuelle et je crois que plus nous confrontons les commentaires désobligeants et l’exclusion dans le sport, plus les autres personnes homosexuelles se sentiront acceptées. »
Shannon a dévoilé qu’elle était gaie à l’âge de 19 ans. Sa famille a toujours enseigné l’amour et l’inclusion. Ils se sont toujours battus pour elle et ont toujours été, sans exception, ses assises solides. Bien que sa sortie du placard ait été acceptée de façon inconditionnelle par sa famille, un monde d’homophobie et de discrimination fondée sur le sexe se dressait toujours devant elle.
« L’homophobie et l’hétéronormativité sont partout et ils (ses parents) ne pouvaient pas me protéger du monde extérieur. J’ai encore du mal à être différente. J’ai mis beaucoup de temps à me sentir à l’aise de m’identifier comme gaie, mais c’est la meilleure chose que j’ai faite pour moi-même! C’est peut-être un cliché, mais honnêtement, si je pouvais revenir en arrière, l’une des choses que je dirais à la personne que j’étais quand j’avais 15 ans est, premièrement, tu es gaie et c’est pourquoi tu te sens si différente de tes amis et, deuxièmement, ça s’améliore avec le temps! » dit Shannon en souriant.
« Ma vie de famille est incroyable. J’ai une conjointe extrêmement solidaire et une fille extraordinaire dont l’amour de la vie m’étonne tous les jours. Oui, je dirais que la sortie du placard est la partie difficile, mais croyez-moi, la partie familiale en vaut la peine. »
Shannon a rencontré sa conjointe Meghan par le biais d’amis communs et elles sont ensemble, toujours plus fortes, depuis cinq ans. Avec le travail à la ferme, les entraînements pour les Jeux olympiques et la vie de famille, il ne fait aucun doute que son emploi du temps est chargé, mais il est géré avec un soutien mutuel continu.
« Depuis l’arrivée de notre fille Scarlett, nos vies ont complètement changé. Le sommeil est un lointain souvenir. Si cela prenait auparavant cinq minutes pour quitter la maison, cela prend maintenant à peu près une heure parce que mettre son manteau et ses chaussures est à peu près la pire chose qu’un parent puisse demander à un enfant! Sérieusement, toutefois, avoir Scarlett est la meilleure chose qui nous soit arrivée. Nous adorons vivre des aventures en trio et constater sa joie d’essayer de nouvelles choses. »
En tant qu’athlète, évidemment, la vie est devenue plus mouvementée.
« Prendre ces moments égoïstes pour me développer en tant qu’athlète est encore plus difficile qu’auparavant. Toutefois, la volonté d’atteindre mes objectifs s’est presque intensifiée. Je ne me sens plus comme si c’était pour moi, mais aussi pour elle. Je veux qu’elle grandisse en voyant sa mère engagée, travaillante et déterminée à atteindre ses objectifs. »
Shannon ne veut pas seulement être un exemple fort pour sa fille, elle veut également être visiblement ouverte et plaider pour être le modèle qu’elle n’a jamais eu dans le sport et qui aurait pu faciliter sa transition lors de son coming out.
« C’est pour cette raison que le programme #UneÉquipe est une initiative incroyable. Je pense qu’il est tellement important qu’il y ait des modèles LGBT visibles parmi la communauté sportive pour faire pression pour l’inclusion dans le sport. J’espère qu’en étant visible, en emmenant ma famille avec moi à des compétitions et en racontant mon histoire, d’autres athlètes LGBT en escrime ou dans n’importe quel sport se sentiront plus à l’aise et libres d’être eux-mêmes. »
Comme une pierre jetée dans l’eau, les répercussions se font sentir. La visibilité au sein de la communauté a été l’élément le plus important pour Shannon. Plus précisément, elle est la première ambassadrice #UneÉquipe originaire de la Saskatchewan. Avoir le courage de franchir cette étape, parler de son parcours et être authentique à travers ce cheminement sont des choses qu’elle souhaite partager avec les jeunes athlètes.
« Au défilé de la fierté de Saskatoon en 2018, j’ai travaillé avec le groupe #UneÉquipe afin de nous assurer que nous avions un char de #UneÉquipe dans le défilé. J’ai conduit le camion, Meghan et Scarlett étaient avec moi sur le siège avant, et nous avons salué la foule de la main pendant tout le défilé. »
La prochaine étape pour cette athlète occupée est de continuer à diriger cette initiative, mais aussi de se concentrer sur sa saison de compétition.
Avec deux parents qui travailleront bientôt à temps plein et la période de qualification olympique commençant le 1er avril 2019, son périple vers Tokyo 2020 se poursuivra avec discipline, patience et, elle l’espère, avec succès.
« La vie sera mouvementée, mais avec le soutien de ma famille, je sais que nous pouvons y arriver. »