AP Photo/Marco Trovati
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Brodie Seger relève les défis sur les pentes et dans la sensibilisation à la SLA

Brodie Seger sait que le véritable secret du succès, autant en ski que dans la vie, c’est de ne jamais cesser d’apprendre et d’accueillir les défis au lieu de les éviter.

En m’entretenant avec l’Olympien, aujourd’hui âgé de 29 ans, au Canada Olympic Lab en partenariat avec lululemon, je lui ai demandé de me parler de sa saison 2024-2025. Quels en ont été les moments forts? Et les défis?

Lorsqu’on parle de défis, sa réponse immédiate, avec le sourire : « Eh bien, j’en ai quelques-uns! »

Il y a deux ans, Seger a subi sa première blessure sérieuse au bas du corps. Il revenait de cette blessure au genou pendant la saison 2023-2024, alors 2024-2025 représentait pour lui une occasion de remonter dans le classement.

« Je voulais me présenter et marquer les esprits à nouveau. J’avais du travail à faire, à deux ans des Jeux olympiques, » a dit Seger.

Un skieur alpin en pleine descente
Darren Calabrese/COC

« La saison a très bien commencé. J’ai eu quelques résultats où je partais avec des dossards en fin de peloton, 49 ou 50 et je terminais 10e, 11e. C’est un gros exploit à partir de ces numéros de départ tardifs, » a-t-il ajouté.

Seger a pris la 10e place en descente lors de l’étape de la Coupe du monde à Beaver Creek, au Colorado, au début décembre, ainsi que la 11e place en descente à Val Gardena, en Italie, plus tard ce mois-là. Entre ces deux résultats, il a remporté une épreuve de la Coupe Nor-Am dans sa province natale, la Colombie-Britannique.

« Tout allait super bien, tout se mettait en place. J’étais vraiment conscient de ne pas trop m’emballer ni me laisser abattre, et je réussissais à bien garder l’équilibre », a dit Seger.

Le lendemain de Noël, l’équipe canadienne était à Bormio, en Italie, pour une journée d’entraînement en descente sur la piste Stelvio – le site prévu pour les Jeux de Milano Cortina 2026.

Les conditions étaient difficiles sur une piste déjà réputée pour sa complexité. Lors de sa première descente d’entraînement, Seger a chuté, percutant le filet de protection la tête la première à 97 km/h, ce qui lui a causé une fracture du nez et quelques points de suture.

Pendant qu’il passait l’après-midi à se faire examiner, sa seule préoccupation était : « Est-ce que je vais pouvoir participer à cette course? »

Mais un appel de sa mère a soudainement fait passer cette blessure au second plan.

Le père de Seger, Mark, lutte contre la SLA depuis 13 ans. Cette maladie dégénérative a habituellement une espérance de vie de 2 à 5 ans. La mère de Seger appelait pour prévenir Brodie et son frère Riley – également membre de l’équipe nationale de ski alpin – que leur père était hospitalisé.

Les frères Seger sont rentrés d’urgence d’Italie. La situation a été critique pendant un moment, mais heureusement, Mark s’est remarquablement rétabli. Les frères sont retournés en Europe pour retrouver leur équipe et continuer la saison – une décision qui n’a pas été prise à la légère, et qui a été émotionnellement éprouvante pour les deux.

« C’était difficile de me remettre dans le bain. Je venais de vivre une tempête d’émotions à la maison, et maintenant je me retrouvais de nouveau dans l’univers des compétitions, » raconte Seger. « Tout allait bien à la maison, mais j’ai eu beaucoup de mal à retrouver mon rythme pour le reste de la saison, et à en tirer du plaisir. Je pense que ça a vraiment épuisé ma batterie mentale.

« C’était un vrai combat intérieur : j’essayais de retrouver ce qui fonctionnait avant. Je voulais prouver que je pouvais encore le faire, et au lieu d’être dans le moment présent et d’en profiter, j’essayais un peu trop de forcer les choses. »

Malgré tout, Seger s’est qualifié pour la première fois de sa carrière pour les Finales de la Coupe du monde en descente.

« D’un côté, c’était une victoire et un objectif atteint, mais j’ai aussi eu l’impression de franchir la ligne d’arrivée en boitant, » dit Seger.

Malheureusement, la dernière descente de la saison a été annulée en raison de vents violents et de mauvaises conditions météorologiques. Une fin quelque peu anticlimatique pour une saison déjà en montagnes russes.

Mais tout au long de cette saison remplie de hauts et de bas, sur les pistes comme en dehors, Seger a été reconnaissant d’avoir pu compter, à tout moment, sur la présence de certains membres de sa famille. Son frère Riley, lui aussi skieur alpin, a deux ans de moins que lui.

« Quand on était plus jeunes, on avait toujours deux ans de différence dans les catégories de ski, donc on ne montait jamais de catégorie en même temps et on ne passait pas autant de temps ensemble. Depuis qu’on est coéquipiers, on s’est vraiment rapprochés, » explique Seger.

« On a une super chimie entre tous les gars de l’équipe. Mais c’est sûr que ça monte encore d’un cran quand c’est ton frère qui te donne un compte-rendu de parcours. Tu fais totalement confiance à ce qu’il dit. Tu sais qu’il veut que tu réussisses. »

C’est aussi Riley qui a inspiré Brodie à s’impliquer davantage dans la sensibilisation à la SLA et la collecte de fonds. En 2019, Riley a couru le demi-marathon de Vancouver pour soutenir la recherche sur la SLA.

« Je me suis dit : ça fait si longtemps qu’on vit avec cette maladie dans notre famille, et lui, il a posé un geste. Pourquoi est-ce que moi, je n’ai pas encore utilisé ma plateforme d’athlète de l’équipe nationale? » a dit Seger.

C’est ainsi qu’est né Helmet4Hope. Chaque année, Seger organise un concours où des artistes peuvent soumettre un design de casque mettant en valeur les symboles de sensibilisation à la SLA. Il porte le casque gagnant pendant toute la saison de Coupe du monde.

Depuis 2021, Seger compétitionne avec un casque arborant la couleur violette et le mot-clic #endALS. Le bleuet (bleuet des champs), un autre symbole associé à la sensibilisation à la SLA, apparaît aussi régulièrement dans les designs.

Son initiative de financement soutient Project Hope, un organisme sans but lucratif basé en Colombie-Britannique, qui a accompli de grandes avancées ces dernières années pour établir un centre de recherche de calibre mondial sur la SLA à l’Université de la Colombie-Britannique.

« C’est vraiment inspirant de voir tout le soutien que ça suscite, » dit Seger.

Un des sujets principaux discutés entre les athlètes au Lab portait sur leurs propres définitions du courage et du succès. Les réflexions de Seger sur sa saison de ski font aussi écho à d’autres aspects de sa vie.

« Je pratique un sport qui demande une certaine dose de courage quand tu es dans la porte de départ. Mais ce qui me détruit le plus, c’est quand je fais une descente où je veux tellement réussir que je m’accroche un peu trop fort, que j’en fais trop, que je force trop. Et quand j’arrive en bas, j’ai l’impression de ne pas m’être vraiment laissé aller, de ne pas m’être permis de performer, » dit Seger. « Et je crois que ça prend du courage pour laisser tomber cette mentalité de “forcer à tout prix”, et au lieu de ça, dire : ‘Je vais me laisser aller, accueillir le défi, prendre des risques, et voir ce qui en ressort.’ »