L’équipe derrière l’équipe : Rencontrez Veronica Brenner, double olympienne en ski acrobatique et gestionnaire principale de la stratégie sportive et de l’intégration de la performance du COC

Le Comité olympique canadien (COC) est fier de placer les athlètes au cœur de tout ce qu’il fait. À tous les niveaux de notre organisation, de notre conseil d’administration à nos stagiaires, notre équipe est composée de gens qui croient pleinement au pouvoir du sport – y compris un groupe impressionnant d’olympiens et paralympiens, d’athlètes des Jeux panaméricains, d’anciens athlètes d’équipes nationales, d’athlètes de ligues récréatives et de passionnés de sport. Dans le cadre de cette série, nous partagerons les histoires des membres de notre équipe qui ont compétitionné à de grands Jeux multisports et qui consacrent maintenant leur vie professionnelle à aider la prochaine génération d’athlètes d’Équipe Canada à réaliser leurs rêves.

Veronica Brenner est double Olympienne et médaillée d’argent des Jeux olympiques d’hiver de 2002 à Salt Lake City. En 1996-1997, elle a remporté le Grand Prix de la Coupe du monde en sauts. Dans les années depuis qu’elle a accroché ses skis, Veronica a voyagé à travers le monde pour jouer divers rôles dans le sport et a travaillé dans 16 Jeux multisports à ce jour.

Qu’est-ce que le sport signifie pour toi?

Je trouve que le sport est essentiel. Partout dans le monde, le sport et le jeu sont des éléments fondamentaux du développement humain. Dans les communautés de tous les milieux socioéconomiques, on voit des enfants s’adonner à des activités ludiques comme botter un ballon. C’est quelque chose qui se fait de façon naturelle. Le ski et le soccer sont les deux premiers sports que j’ai pratiqués. J’avais quatre ans à peu près et il y avait seulement du soccer pour les sept ans et moins, et j’étais une des deux filles dans une équipe composée de garçons de sept ans. Mes parents m’encourageaient chaque fois que je touchais au ballon, ce qui n’arrivait pas souvent.

Tu t’es impliquée dans le sport pratiquement toute ta vie. Quel est le plus grand fait saillant de ton parcours?

Évidemment, remporter une médaille olympique a été un des principaux faits saillants, quand j’ai fini deuxième à Salt Lake City. C’était spécial parce que c’était au retour d’une blessure. J’avais subi une dislocation de l’épaule et une grave blessure au genou à l’approche de ces Jeux-là. J’avais fini neuvième à mes Jeux olympiques précédents à Nagano en 1998, ce qui avait été une énorme déception pour moi, parce que les attentes étaient que je performe bien. Ce qui fait que mon résultat à Salt Lake City, je l’ai ressenti davantage comme un soulagement, et c’est là un événement qui m’a façonnée à bien des égards. Je n’ai jamais été l’athlète la plus talentueuse. Quand j’avais du succès, c’est parce que j’avais travaillé plus fort et de façon plus intelligente que mes adversaires.

Peux-tu parler un peu de ton parcours après les Jeux olympiques et du parcours qui t’a amenée au poste que tu occupes actuellement au COC?

J’aime dire que je suis généraliste experte, je suis assez bonne pour avoir une conversation convenable au cours d’une soirée cocktail sur de nombreux sujets. Puisque j’étais une athlète de sport d’hiver qui voyageait 10 mois par année, je n’ai pas pu suivre des cours à l’université de la façon habituelle. J’ai suivi beaucoup de cours à distance, sur différents sujets qui m’intéressaient. J’ai fini par obtenir un diplôme en arts libéraux. J’ai ensuite obtenu un MBA. J’ai adopté la même mentalité de généraliste dans ma carrière, basée sur la curiosité. J’ai occupé toutes sortes d’emplois un peu partout dans le monde, dans les comités d’organisation de différents Jeux, comme entraîneure, dans les médias, en soutien aux athlètes et dans des organisations multisports, à l’échelle nationale et internationale. J’ai eu le privilège de participer à 16 éditions de Jeux multisports. Toutes ces connaissances que j’ai accumulées de différentes sources m’aident vraiment dans ce que je fais aujourd’hui. Ça me donne un portrait d’ensemble du monde du sport. Ça me donne la capacité de voir les liens qu’il y a entre tout ça et comment les choses s’imbriquent les unes dans les autres et ce, de différents points de vue.

Parle-nous de ce que tu fais maintenant au COC?

C’est un poste qui est en constante évolution. Je travaille sur plusieurs projets au sein de l’équipe des Jeux et j’agis  en tant que voix pour la performance dans tous les secteurs du COC. Je me penche sur des choses comme ce que nous pouvons faire aux Jeux pour mettre en place un meilleur environnement pour la performance et comment nous pouvons travailler plus efficacement avec les organismes nationaux de sport. Il s’agit de mettre les ONS dans des conditions gagnantes et de faire comprendre à quoi va ressembler l’environnement qu’on retrouve à des Jeux multisports, particulièrement à ceux et celles qui n’y sont jamais allés. Je me penche aussi sur les Jeux à venir. De quoi aurons-nous besoin à Los Angeles? De quoi aurons-nous besoin à Brisbane? Je cherche à ce que le COC soit un chef de file mondial.

Les Jeux olympiques représentent quelque chose de complètement à part, ils ne sont pas comme les Coupes du monde ou les autres compétitions. À quel point ton vécu personnel te sert-il dans le cadre des décisions que tu prends dans ton rôle actuel?

Mon vécu me donne une lentille qui me permet de bien voir les choses. Toutefois, le sport olympique au Canada est tellement plus professionnel qu’à mon époque. Chaque environnement est particulier. Les Jeux sont tous différents, mais il y a quand même des caractéristiques communes importantes. Les Jeux olympiques ont lieu tous les quatre ans pour les athlètes et, souvent, ils n’ont qu’une occasion de s’y retrouver. J’ai été très chanceuse d’avoir obtenu une deuxième occasion, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Je me souviens quand j’étais à Salt Lake City, un journaliste est venu me voir et m’a dit que personne ne pleure au baseball, mais les athlètes sont toujours en train de pleurer aux Jeux olympiques. Elle m’a demandé ce que j’en pensais. Je ne suis pas la plus rapide sur mes patins pour donner une bonne réponse. Cependant, j’ai continué à réfléchir à cette question. La raison pour laquelle les athlètes pleurent aussi souvent aux Jeux olympiques, c’est parce que ce n’est pas comme la Série mondiale, une compétition annuelle qui peut nécessiter jusqu’à sept matchs. Ces matchs-là durent longtemps. Quand j’étais athlète, j’ai eu droit à deux sauts de trois secondes chacun. Ce qui veut dire six secondes tous les quatre ans. Évidemment qu’il y en a qui vont pleurer. Tu n’as pas le temps de digérer ce qui se passe. C’est en partie la raison pour laquelle je travaille aux Jeux, et je ne serais pas surprise d’apprendre que c’est ce qui attire bien des gens au COC – participer à quelque chose qui est une véritable montagne russe sur le plan émotif. En tant qu’athlète, tu n’as droit qu’à une occasion de rassembler tous les éléments pour performer à ton maximum ce jour-là, ou dans quelques matchs si c’est un sport d’équipe. Tu ne peux pas te permettre la moindre erreur. C’est un énorme défi, mais c’est aussi ce qui fait des Jeux olympiques une expérience si spéciale.

Tu as évoqué le fait que bien des choses ont changé depuis l’époque où tu étais athlète. Qu’est-ce que ça signifie pour toi de voir un aussi grand nombre d’athlètes et d’athlètes olympiques, comme toi, travailler pour le COC?

Le plus important, je trouve, c’est que les athlètes ne travaillent pas tous dans le même département. Quand j’ai commencé au COC, il y a quelques postes de cela, tous les athlètes travaillaient au sein du service aux athlètes. Ça se résumait plus ou moins à ça. Il y avait peut-être quelqu’un au marketing. Alors, le fait que les voix d’athlètes soient maintenant présentes à tous les paliers de l’organisation, et puissent offrir leur point de vue à plusieurs égards, ça représente quelque chose de vraiment important. C’est important de reconnaître que tous les athlètes ne sont pas pareils. Même aujourd’hui, j’hésite à dire aux gens ce que je faisais avant parce que je n’aime pas qu’on me donne une étiquette en tant qu’« olympienne » ou « athlète ». Je trouve que nous sommes bien plus que cela. C’est formidable qu’il y ait des athlètes dans notre milieu de travail qui peuvent apporter une perspective plus large. Chaque personne a un vécu qui est un peu différent. C’est bien d’avoir des athlètes qui ont des antécédents différents, selon qu’ils aient pratiqué un sport d’hiver ou un sport d’été, qu’ils aient remporté une médaille ou non. Ça nous offre une plus grande diversité de points de vue.

Y a-t-il un conseil que tu aimerais offrir, à la version plus jeune de toi-même ou à d’autres athlètes qui en sont actuellement à leurs débuts ou qui viennent d’entreprendre leurs parcours, par rapport à ce que tu as vécu et ce que tu fais maintenant au COC?

Comme on peut sans doute le deviner en regardant mon cheminement, je ne pense pas qu’il faut absolument avancer en ligne droite. Plusieurs de mes mouvements ont été latéraux. Il y a des gens qui savent exactement ce qu’ils veulent faire, et ils vont tout droit vers cela. Tandis que moi, je pense que ma carrière sportive et celle après le sport ont été similaires. Je me suis spécialisée dans les sauts à l’âge de 16 ans seulement. J’ai fait tous les sports possibles avant ça. Si ça me semblait amusant, je l’essayais. J’ai eu la même approche dans ma carrière. Je fais des choses parce que je trouve qu’elles sont intéressantes, qu’elles sont plaisantes et que j’aimerais apprendre à les faire. Parfois, je les fais parce que c’est difficile et que c’est un défi que j’aimerais relever. Je n’aime pas faire la même chose tous les jours. J’aime pouvoir exercer une petite influence sur ce qui se passe en coulisses, mais je ne me fais pas d’illusions sur mon impact. Les athlètes, leurs entraîneurs et toutes les personnes dans leur entourage consacrent tellement de temps et d’efforts à ce qu’ils font. Si je peux offrir ce petit un pour cent de plus qui peut aider, je trouve ça pas mal spécial.