IBSF
IBSF

Cynthia Appiah vise d’autres performances remarquables en bobsleigh cette saison

Au cours des dernières années, le Canada s’est forgé une réputation de « grande nation de lanceurs » grâce à ses réalisations au lancer du marteau ainsi qu’au lancer du poids. Sans doute associez-vous cette réputation à des athlètes comme les champions du monde et olympiques en titre Ethan Katzberg et Camryn Rogers au lancer du marteau, ou encore à la championne du monde en salle au lancer du poids Sarah Mitton. Toutefois, il faut savoir aussi que la discipline des lancers a jeté les bases pour la réussite de quelques athlètes de sports d’hiver — comme la pilote en bobsleigh Cynthia Appiah, par exemple.

Appiah dit avoir découvert le bobsleigh tout à fait par accident. Le hasard a fait en sorte qu’il y a eu un camp de bobsleigh sur terre ferme à l’Université York au moment où elle était athlète au lancer du marteau et au lancer du poids à cet établissement. Elle en a fait l’essai et ç’a été le coup de foudre. Elle a fait ses débuts sur le circuit de la Coupe du monde en tant que freineuse en 2016 avant de devenir pilote en 2018.

Appiah a participé à ses premiers Jeux olympiques à Beijing en 2022, où elle a fini huitième au monobob de même qu’en bob à deux féminin. Elle compte six podiums de la Coupe du monde de l’IBSF en carrière en monobob. En 2022-2023, Appiah a fini troisième au classement général de la Coupe du monde de l’IBSF en monobob.

Cynthia Appiah, d’Équipe Canada, participe à la quatrième manche de monobob féminin lors des Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022, le lundi 14 février 2022. Photo de Mark Blinch/COC

Olympique.ca s’est entretenu avec Appiah peu après le début de la présente saison, question de voir si tout se passait bien pour elle à un peu plus d’un an des prochains Jeux olympiques.

Donne-nous les dernières nouvelles! Comment ça se passe pour toi ces temps-ci?

La saison s’est plutôt bien passée jusqu’ici! J’ai une nouvelle freineuse, elle s’appelle Skylar [Sieben]. Elle est super enthousiaste et super passionnée… Nous étions un peu déçues de la qualité de notre poussée [à la première Coupe du monde à Altenberg], mais je pense que c’était attribuable à la nervosité de disputer une première course. Je sais ce que nous sommes en mesure de faire et j’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner cette saison. Nous sommes à moins de 16 mois des Jeux de Milano Cortina, alors c’est le temps de commencer à mettre toutes les pièces du casse-tête ensemble dans le but d’atteindre le niveau que mon équipe devra afficher en vue de la saison olympique. C’est maintenant que ça commence.

À quoi ce processus ressemble-t-il, celui de créer cette chimie d’équipe?

La chimie d’équipe est un élément très important. Bien des gens ne le réalisent pas, parce que ça n’a pas l’air d’un sport d’équipe, mais au bobsleigh il y a plusieurs des éléments d’un sport d’équipe, même si c’est une très petite équipe. Nous passons beaucoup de temps ensemble en dehors des courses, alors c’est du temps que nous pouvons consacrer à mieux nous connaître l’une l’autre, à voir quelles sont nos manies, ce qui nous irrite dans la vie, et il s’agir de bâtir là-dessus au fil de la saison. Ça permet de créer cette chimie qui aide vraiment à donner naissance à une équipe capable de remporter des médailles.

Il arrive que des gens voient ça comme strictement une relation d’affaires, ils se disent, « nous nous mettons ensemble, nous poussons et ensuite nous allons chacun de notre côté à l’extérieur du domaine sportif ». Je désire vraiment tisser des liens avec toutes les personnes qui glissent avec moi dans mon bob. Dawn [Richardson Wilson], qui était ma freineuse à Beijing, elle et moi, nous sommes vraiment, vraiment proches. Vous savez, une fois que le sport, c’est fini, il te reste les souvenirs, il te reste les amis et les amies que tu t’es faits. Alors je trouve que c’est important d’essayer de créer cette chimie avec la personne avec qui tu glisses.

Quels sont tes objectifs cette saison?

J’ai plusieurs objectifs cette saison. Le principal objectif que j’ai, ce sont les championnats du monde, qui seront enfin de retour en Amérique du Nord pour la première fois en cinq ans environ. Ils auront lieu à Lake Placid, dans l’État de New York, qui occupe une place spéciale dans mon cœur. C’est là que j’ai appris comment faire du bobsleigh, autant comme freineuse que pilote, et c’est la piste où je me sens le plus à l’aise de piloter. Alors j’ai vraiment hâte de voir dans quelle mesure je vais pouvoir obtenir de bons résultats là-bas. La saison dernière, c’est la seule piste où j’ai obtenu une médaille.

Ensuite, l’autre objectif est de remporter un autre Globe de cristal. J’ai remporté le Globe de cristal pour le monobob il y a deux ans, et l’an dernier ç’a été une saison plutôt difficile. J’espère donc rebondir et gagner le plus de médailles possible dans les deux disciplines. J’ai l’impression que je suis plus motivée à l’idée de disputer les épreuves de bob à deux que celles du monobob, tout simplement parce que c’est dans cette épreuve que j’ai eu moins de succès. Je pense que nous avons les bons morceaux en place pour aller chercher des médailles en bob à deux cette saison.

(Viesturs Lacis/IBSF)

Y a-t-il des apprentissages de la saison dernière que tu as retenus en vue de la présente saison?

Je pense que la saison dernière, j’ai vraiment appris à me concentrer sur mes capacités de pilote. Avant, surtout au monobob, je m’en tirais bien grâce à mes départs et à la vitesse que j’affichais dans mes poussées, et sans dire que ça améliorait mes chances d’obtenir de bons résultats, ça me donnait une petite marge de manœuvre en me disant qu’il me suffisait de pousser vite et ensuite, je pouvais tout simplement espérer pour le mieux et que ça me permettrait d’avoir le dessus.

Le niveau de notre sport est plus élevé qu’il ne l’était, et ce, à bien des égards. Les femmes sont super compétitives en monobob, autant qu’elles le sont en bob à deux. Ça m’a donc forcée à vraiment être à mon meilleur dans tout, à prêter attention à tous les détails, à ne rien négliger. Je crois que nous le voyons maintenant, notamment à l’occasion de la course à Altenberg où, effectivement, nous n’avons pas eu le départ souhaité, mais je suis passée du 15e départ le plus rapide au 10e temps de descente le plus rapide, et c’est attribuable aux leçons que j’ai apprises la saison dernière, à savoir que le pilotage peut te permettre de racheter ton départ. Le fait que nous n’ayons pas eu le meilleur des départs, mais que nous ayons fini parmi les 10 meilleurs à notre première course ensemble, est le résultat des leçons apprises la saison dernière.

Y a-t-il certains types de pistes que tu préfères plus que d’autres?

Il y a certaines personnes qui font vraiment bien sur les pistes fluides. Une piste fluide, c’est comme celles qu’il y a à Whistler ou à Park City — quelque chose qui ne représente pas nécessairement un grand défi sur le plan technique. Je pense que je fais partie de ce deuxième groupe, celui des athlètes qui font mieux sur les pistes techniques. On parle donc d’Altenberg, de Lake Placid, de Sigulda. Ces pistes ont été construites d’une façon qui fait en sorte qu’il n’y a pas beaucoup de temps entre le moment où tu termines un virage et celui où tu en amorces un autre. Ça peut représenter un bon défi pour bien des athlètes qui ont l’habitude de sortir d’un virage pour se retrouver dans une ligne droite, et ensuite arriver dans un autre virage et une autre ligne droite. Ces coups de fouet continuels en allant d’un virage à l’autre en déstabilisent plusieurs et ils aiment moins ça. J’aime bien relever ce genre de défi et cette approche m’a permis de plutôt bien réussir jusqu’ici dans ce contexte.

Cynthia Appiah et Dawn Richardson Wilson, d’Équipe Canada, participent à l’épreuve de bobsleigh à 2 femmes lors des Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022, le vendredi 18 février 2022. Photo par Leah Hennel/COC

As-tu aimé faire du bobsleigh dès que tu en as fait l’essai? Était-ce une sensation bizarre de se retrouver dans un bobsleigh après avoir pratiqué les sports que tu avais pratiqués?

J’ai aussitôt aimé ça. J’y suis allée avec une autre fille et, en gros, nous y sommes allées chacun notre tour à chaque position, alors qu’une pilotait et l’autre agissait comme freineuse, et ensuite c’était l’inverse. Je me souviens qu’avant la première descente où j’étais freineuse, j’étais tellement nerveuse, je remettais en question toutes les décisions que j’avais prises et qui m’avaient amenée jusque-là. J’étais comme, « dans quoi me suis-je embarquée? »

Une fois cette première descente dans le rôle de freineuse terminée, je me suis dit, « OK, je me vois bien continuer à en faire! » Ensuite, la descente suivante, c’était à mon tour de piloter et tout de suite, je me suis dit, « C’est en plein ce que je veux faire. J’ai hâte d’en avoir fini avec l’athlétisme pour pouvoir commencer à faire du bobsleigh! »

Qu’est-ce que tu as le sentiment d’avoir appris sur toi comme athlète, ou tout simplement comme être humain, depuis le début de ta carrière?

Je dirais que la plus grande leçon que j’ai retenue, c’est de défendre ma propre cause. Quand j’ai commencé à faire du bobsleigh, j’étais très timide. J’étais très introvertie. Dans une large mesure, je suis encore plutôt introvertie, mais j’ai appris à me faire entendre, pour moi et aussi pour plusieurs, plusieurs organisations et plusieurs initiatives qui me passionnent beaucoup. Je ne crois pas que j’y serais arrivée si je n’avais jamais commencé à faire du bobsleigh, parce que tu dois apprendre à te faire une carapace quand tu pratiques ce sport.

À un moment donné, j’en ai eu vraiment assez de voir les gens parler plus fort que moi ou parler en mon nom sans savoir ce que je ressentais vraiment ou sans connaître ma façon de penser. Comparativement à ce que j’étais il y a 10 ou 12 ans, quand j’en étais à mes débuts dans le bobsleigh, c’est une Cynthia très différente que vous voyez aujourd’hui.

Je sais que tu as participé un peu au FestiFan d’Équipe Canada. Étant donné que tu as pratiqué des sports d’été aussi, j’imagine que tu as probablement regardé quelques épreuves à Paris 2024. Y a-t-il eu un moment favori que tu as vécu en tant que partisane d’Équipe Canada?

J’ai beaucoup suivi Équipe Canada aux Jeux olympiques! Je ne vais même pas faire semblant que j’étais neutre. Je suis à 100 % subjective en ce qui concerne les lancers. Ce qui fait que regarder Ethan Katzberg et Camryn Rogers remporter la médaille d’or au lancer du marteau a été le fait saillant de mes Jeux olympiques à titre de téléspectatrice. J’étais comme, « enfin, les lancers sont les élèves les plus populaires de la classe aux Jeux olympiques! ». Regarder leurs meilleurs lancers, c’était de toute beauté.

En rafale avec Cynthia Appiah

Un(e) athlète que tu admires?

Je dirais Serena Williams. C’est tellement un cliché, mais c’est mon choix quand même!

Ton endroit favori où disputer des courses?

Lake Placid. Je détestais Lake Placid auparavant, mais maintenant j’ai toujours hâte d’y retourner.

As-tu un rituel ou une routine d’avant-course?

Je ne suis pas une personne très superstitieuse, mais je ne peux pas disputer des courses avec des bas longs. Même s’il est vrai que je m’entraîne en bas longs, je ne peux porter que des bas aux chevilles dans les courses. Je ne sais pas si c’est une tradition d’avant-course ou quelque chose comme ça, mais, pour une raison quelconque, l’idée de porter des bas longs le jour d’une course ne m’entre pas dans la tête.

Ton meilleur conseil à l’intention des jeunes athlètes?

Mon meilleur conseil aux jeunes athlètes, ce serait tout simplement de leur dire, vas-y et fonce. Même si ça ne t’amènera pas aux Jeux olympiques, même si ça ne t’amènera pas aux championnats du monde, en fin de compte, pratique du sport pour le plaisir d’en faire. Les bienfaits du sport sont innombrables. Ça va bien au-delà du simple fait d’aller aux Jeux olympiques et de pouvoir dire qu’on est un ou une athlète olympique. L’important, ce sont les amitiés, les leçons apprises, la croissance personnelle que tu en retires. Ce sont là les choses que le sport peut t’apporter, peu importe à quel niveau tu évolues.