Brenda Taylor dans un bateau hors-bord.Photo courtoisie de Brenda Taylor
Photo courtoisie de Brenda Taylor

Propulser l’aviron vers un avenir sans carbone, le rêve de la championne olympique Brenda Taylor

Brenda Taylor rêve de décarboniser le sport qu’elle adore, l’aviron — et la double médaillée d’or olympique a droit à un bon coup de pouce.

Taylor a reçu une des Subventions Héritage d’OLY Canada de cette année dans la catégorie Planète en soutien au développement durable de l’environnement. Elle est à la tête d’un projet pilote d’une durée de deux ans qui vise à habileter les clubs d’aviron à l’échelle du pays à passer des moteurs hors-bord à l’essence à des moteurs électriques.

Peut-être vous posez-vous la question : comment l’aviron peut-il produire des émissions de carbone ? Évidemment, les coques de compétitions sont propulsées par la force physique d’être humains. Toutefois, les embarcations des entraîneurs, qui servent aussi de bateaux de sécurité, utilisent des moteurs hors-bord à essence. 

Taylor estime qu’un moteur hors-bord à essence produit des émissions qui représentent l’équivalent d’une voiture et qu’en moyenne, un club utilise au moins une douzaine d’embarcations motorisées. Ce n’est pas là le seul aspect problématique.

« Il y a des émissions de gaz à effet de serre, des polluants atmosphériques, des polluants des eaux et le bruit pour les entraîneurs, souligne Taylor. Plusieurs d’entre eux finissent par subir des pertes auditives avec le temps. Les vibrations, c’est vraiment dur sur les entraîneurs. Il y a aussi le bruit pour ceux et celles qui vivent tout près [des clubs d’aviron]. »

Toute une vie pour la protection de l’environnement

Se soucier de l’environnement n’est rien de nouveau pour Taylor, qui a grandi à Nanaimo, en Colombie-Britannique. Elle a toujours adoré le plein air et elle a pratiqué l’équitation pendant son enfance. Elle qualifie sa mère de « recycleuse de la première heure » et affirme qu’avoir une conscience environnementale faisait partie de la vie familiale.

« C’était juste quelque chose que nous pratiquions, a-t-elle indiqué. Il n’y avait pas de discours là-dessus, mais c’était juste la façon dont nous faisions les choses, la façon dont nous vivions. Nous faisions en sorte de vivre sans gaspiller et de prendre soin des choses. »

La carrière de Taylor en aviron a connu son apogée à Barcelone 1992, quand elle a remporté l’or avec les équipages féminins du quatre et huit de pointe après avoir décroché la victoire dans ces deux épreuves aux Championnats du monde d’aviron en 1991. Elle a ensuite complété une maîtrise en gestion des ressources et de l’environnement.

Quatre athlètes dans une embarcation d'aviron.
L’équipe canadienne du quatre de pointe féminin (de gauche à droite) Kirsten Barnes, Brenda Taylor, Jessica Monroe et Kay Worthington, célèbrent leur médaille d’or remportée à l’épreuve du quatre de pointe sans barreur féminin aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone. (CP PHOTO/COC/Ted Grant)

Mais elle n’en avait pas fini avec son sport — loin de là. Elle a travaillé pour le club d’aviron Victoria City jusqu’en 2021, puis elle a commencé à se pencher sur son projet pilote.

« Je trouvais qu’il fallait vraiment commencer à décarboniser le sport, a-t-elle affirmé. En fait, nous devons commencer à tout décarboniser, mais le sport est le secteur que je connais le mieux, et l’aviron est la discipline sportive que je connais le mieux. »

Elle a donc porté son attention sur les moteurs hors-bord à essence. Les embarcations des entraîneurs passent habituellement six heures par jour sur l’eau, mais cette période peut aller jusqu’à 14 heures pendant les mois d’été dans un club très fréquenté. 

Constatant que l’utilisation de véhicules électriques était en rapide croissance (et étant elle-même la fière propriétaire d’un véhicule électrique), Taylor a jugé qu’il y avait le potentiel de faire de même avec les moteurs hors-bord électriques.

« C’est très similaire à la transition des voitures à essence aux véhicules électriques — quand tu commences à en utiliser un, tu ne reviens plus jamais en arrière, a-t-elle noté. Ils ne sont pas bruyants, ils sont super faciles à utiliser. Il s’agit surtout de faire connaître cette option aux gens et de leur donner l’occasion de s’en servir. »

Un plaidoyer pour l’électrique

Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique, par l’entremise d’un programme appelé CleanBC, offre des subventions aux gens qui achètent des véhicules et des vélos électriques. Quand Taylor s’est informée au sujet de subvention pour l’achat de moteurs hors-bord électriques, on lui a dit qu’il n’y en avait pas de disponible pour le moment. On l’a toutefois invitée à faire une demande de financement dans le cadre du programme de projets pilotes de véhicules commerciaux, afin de faire l’essai de moteurs hors-bord électriques et de recueillir des données soutenant les bienfaits de passer à l’électrique. 

  • Des hangars à bateaux.
  • Des bateaux avec moteurs hors-bords à essence.
  • Un moteur hors-bord électrique sur l'eau.
  • Un gros plan d'un moteur hors-bord électrique.

Le projet de Taylor comporte deux volets. Tout d’abord, il y a l’achat de six moteurs hors-bord électriques, répartis au sein de quatre à six clubs d’aviron, ainsi que le suivi des données sur la consommation de carburant, la performance, l’expérience utilisateur et les coûts sur une période d’un an.

Ensuite, il y a l’organisation de 6 à 10 « journées de démonstration » afin d’offrir aux clubs de l’information sur la transition aux moteurs hors-bord électriques.

Bien qu’il y ait des gens qui ne connaissent pas les moteurs hors-bord électriques, Taylor affirme que ça fait plus d’un siècle qu’on en utilise à petite échelle. Même à l’heure actuelle, leur utilisation est plutôt fragmentée. Mais Taylor espère que son projet réussira à convaincre les clubs d’aviron du Canada et d’ailleurs d’exploiter à fond cette technologie en rapide progression.

« J’espère que [le projet] convaincra les gens de passer de l’essence à l’électrique, dit-elle. J’espère que cela donnera à CleanBC les données dont ils ont besoin pour mettre en place un programme de subventions, parce qu’en ce moment les moteurs hors-bord électriques sont encore plutôt dispendieux comparativement aux moteurs hors-bord à essence. J’ai l’impression que ce sera payant à longue échéance, mais c’est la sortie de fonds initiale qui représente surtout un fardeau pour les clubs. »

Étant donné que le roulement de moteurs hors-bord se fait sur une période de cinq à 10 ans, Taylor affirme que ce serait « merveilleux » si la flotte canadienne d’embarcations d’entraîneurs peut être entièrement électrifiée d’ici une décennie. Mais elle a aussi un objectif à court terme : les Championnats du monde d’aviron 2024, qui auront lieu à St. Catharines, en Ontario.

« Ce serait vraiment bien qu’il y ait au moins au moins une embarcation à moteur électrique à cette régate, dit-elle. Cependant, je n’ai pas encore exploré cette piste, je dois faire attention de ne pas en faire trop, trop vite. »