Comment le Canada a réécrit son histoire en soccer et s’est qualifié pour la Coupe du monde
Au moment où le Canada célèbre son retour très longuement attendu à la Coupe du monde masculine de la FIFA, il est probablement juste d’affirmer qu’avant tout récemment, peu de gens pouvaient prédire que les choses tourneraient ainsi.
Avec une victoire écrasante de 4-0 sur la Jamaïque dimanche, l’équipe canadienne masculine a mis la main sur une qualification pour la Coupe du monde 2022 qui aura lieu au Qatar en novembre et décembre. Il s’agira de la deuxième présence du Canada au grand rendez-vous du soccer, après une première participation à Mexico en 1986.
Au cours des 36 dernières années, le Canada a pratiquement été exclu du noyau d’équipes masculines compétitives, des années marquées par les déceptions et un potentiel qui ne s’est pas réalisé. Si le Canada revenait un jour à la Coupe du monde, pensait-on, ce serait en raison d’une combinaison de chance et de mauvaises performances de la part de ses adversaires.
Peu de gens s’attendaient à ce que la route vers le Qatar soit différente.
Bien sûr, le Canada avait des joueurs prometteurs en voie de développement, mais on prévoyait qu’il faudrait attendre encore quelques années avant qu’ils atteignent leur plein potentiel pour briller au niveau international. De plus, le format de qualification pour la Coupe du monde dans la région de la CONCACAF (couvrant l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et les Caraïbes) traçait une route longue, ardue et improbable vers le grand spectacle.
Mais la pandémie a entraîné un changement de format qui a ouvert une voie plus facile au Canada. Puis, au moment parfait, de nouveaux venus au sein l’équipe nationale ont brillé en même temps.
Une nouvelle génération à la hauteur de l’occasion
Parmi les piliers de l’équipe, on retrouve les superstars Alphonso Davies (qui a raté le match de dimanche puisqu’il se remet toujours de complications liées à la COVID-19) et Jonathan David, considérés comme étant deux des plus beaux espoirs au monde.
Tajon Buchanan, qui a marqué pour le Canada dimanche, a impressionné par son flair offensif, tandis que la vision et la précision de Stephen Eustaquio ont fait de lui un milieu de terrain pilier de l’équipe canadienne.
Du côté défensif, Richie Laryea, Alistair Johnston, Scott Kennedy et Kamal Miller ont fait preuve de courage et détermination.
Toutefois, il n’y a pas que les recrues qui se sont signalées dans ce remarquable parcours vers une qualification pour la Coupe du monde au cours duquel le Canada n’a perdu qu’un seul de leurs 19 matchs depuis mars dernier.
Le but de Cyle Larin dimanche était sont 24e pour le Canada, creusant ainsi son avance en tant que meilleur compteur de tous les temps de l’équipe masculine.
Le gardien de but Milan Borjan a sauvé la situation à plusieurs moments critiques lors de ce parcours. Les milieux de terrain Junior Hoilett et Jonathan Osorio vivent actuellement leurs plus belles années avec l’équipe nationale. Steven Vitoria l’élément clé de la défense, tandis que Sam Adekugbe s’est révélé avec ses jeux — et ses célébrations d’après but.
Et il faut également mentionner le capitaine Atiba Hutchinson qui a porté l’unifolié pour la première fois en 2001. L’athlète de 39 ans a participé à son 94e match avec l’équipe nationale senior dimanche, plus que tout autre joueur masculin, et il était sur le terrain lorsque le sifflet final décisif a retenti.
Loin de se faufiler vers la Coupe du monde, l’équipe canadienne entre par la grande porte. Après de nombreuses années marquées par des problèmes offensifs, le Canada a marqué plus de buts que toute autre équipe nationale masculine au monde en 2021, avec 53 buts en 18 matchs.
Une grande partie de ce succès – et des célébrations qui l’accompagnent – se résume à la puissance à la disposition de l’équipe, une situation sans précédent. Mais il y a aussi un autre facteur décisif.
« Tout simplement y croire, y croire de façon absolue. »
Ce sont les mots de l’entraîneur-chef John Herdman, lorsque le reporter de OneSoccer Kristian Jack lui a demandé comment l’équipe était parvenue à réaliser cet exploit.
Quelques moments plus tôt, il avait été aspergé de champagne par Borjan, qui a joyeusement affirmé à la caméra en pointant Herdman : « Ce gars a tout fait. »
Et, même s’il n’a pas tout fait, Herdman a été un élément clé de l’incroyable transformation du soccer au pays au cours de la dernière décennie.
Il a dirigé l’équipe nationale féminine vers ses toutes premières médailles olympiques, soit le bronze à Londres 2012 et à Rio 2016, avant de prendre les rênes de l’équipe masculine en 2018.
Garder espoir
À l’époque, la décision de se joindre à l’équipe masculine avait été accueillie avec surprise et scepticisme. Mais, tout comme il l’avait fait pour l’équipe féminine, Herdman a apporté à l’équipe masculine une approche tactique fluide et polyvalente et une confiance visible et inébranlable dans les capacités de ses joueurs.
Cette conviction a été récompensée par son équipe, qui cherche maintenant à écrire une nouvelle page de son histoire au Qatar : le Canada n’a pas jamais gagné un match ou marqué un but à la Coupe du monde masculine senior. En analysant la façon dont l’équipe a joué dernièrement, peu seraient surpris de voir ces deux records tomber cette année.
« Nous allons être compétitifs, nous n’allons pas seulement nous présenter », a dit Johnston après le match de dimanche. Nous voulons faire tourner les têtes. »
À plus long terme, le Canada devrait se qualifier automatiquement pour la Coupe du monde de la FIFA 2026, que le pays co-organisera avec les États-Unis et le Mexique. De plus, la majeure partie du noyau de l’équipe atteindra son plein potentiel à ce moment-là.
Du côté féminin, le Canada surfe toujours sur sa médaille d’or de Tokyo 2020 et tentera de poursuivre sur sa lancée cet été lors du tournoi de qualification pour la Coupe du monde féminine de la FIFA 2023 et Paris 2024.
Quand le Canada deviendra-t-il un pays de soccer ? La question est posée depuis longtemps et, au cours des 12 derniers mois, une réponse a émergé — nous en sommes déjà une.