Photo : Zach Hooper

Descentes en planche à neige avec mon père

Mon père s’appelle Brian O’Brien. Ne me demandez pas pourquoi ce nom plaisait tant à mes grands-parents, mais il est resté.

Je suis la plus jeune de trois filles, et de dire que mon père est en infériorité serait un euphémisme. Il ne l’admettrait peut-être pas facilement, mais je suis certaine qu’il aurait voulu avoir au moins un fils – un petit garçon à qui enseigner comment lancer une balle de baseball et comment couper du bois de chauffage, un garçon pour travailler sur son bateau senneur pendant l’été, et, surtout, un garçon avec qui aller à la montagne toutes les fins de semaine.

D’une certaine manière, n’est-ce pas ce que veulent tous les pères?

Mon père n’a jamais eu de fils avec qui faire ces activités. Il les a donc plutôt faites avec nous, ses trois filles (ce dont je suis très heureuse). J’ai donc pu tisser un lien solide avec lui, un lien que je crois que de nombreuses petites filles n’ont pas la chance d’avoir avec leur père.

Nous avons passé beaucoup de temps ensemble dans la cour à nous lancer la balle (même si c’était avec une balle molle plutôt qu’une balle de baseball). Il m’a enseigné à fendre du bois comme personne, et il m’a montré comment piloter un bateau senneur de pêche commerciale de 35 pieds lorsque j’avais 12 ans. Néanmoins, le cadeau le plus important que ma mère et mon père m’ont donné est une passion pour les montagnes et l’habileté de poursuivre mes rêves en même temps.

Photo: Alex Paradis

Spencer O’Brien. Photo : Alex Paradis

J’ai grandi dans les montagnes. Nous allions à la montagne en famille toutes les fins de semaine, mais avec le temps ma mère et ma sœur cadette ont commencé à y aller moins souvent, et ma sœur aînée avait un groupe d’amis avec qui elle faisait de la planche à neige. Aucun de mes amis à l’école ne skiait ou ne faisait de la planche à neige, alors j’allais en faire avec mon père.

Nous avons appris ensemble à faire des sauts et à faire des tours de 180 degrés. Il était toujours sur mon dos pour que je descende les pieds inversés (ce qui me fatiguait au plus haut point). Il a consacré d’innombrables heures et dollars à nous emmener, ma sœur aînée Meghann et moi, à l’intérieur de la C.-B. afin que nous puissions participer à des compétitions une fin de semaine sur deux pendant la saison. Il est même déménagé avec moi à Squamish quand j’avais 16 ans dans le but de m’aider à poursuivre mon rêve de devenir surfeuse des neiges professionnelle. Mon père et ma mère m’ont permis d’obtenir une éducation à domicile durant ma dernière année d’études secondaires et ont eu la confiance de me laisser déménager à Whistler toute seule à 17 ans.

À l’époque, les Jeux olympiques ne constituaient pas une option pour moi et une carrière comme surfeuse des neiges professionnelle devait leur sembler tout à fait ridicule.

Heureusement, ils m’ont laissée suivre ce que mon cœur me dictait.

Tandis que je poursuivais ma carrière, mon père aussi faisait de la planche à neige. Il apprenait à sauter et à glisser sur les rails et étudiait du début à la fin des films qui portaient sur la planche à neige. Il est déménagé à Whistler après que j’ai quitté la maison, et il continue à faire de la planche à neige au parc Blackcomb tous les jours qu’il en a la chance. Il est un genre de légende locale, lui qui vit depuis presque huit ans dans la vallée de Whistler.

Son dévouement et sa passion envers le sport m’inspirent tous les jours. Quand j’ai la chance de faire des descentes avec lui – quand je peux avoir le pur bonheur de simplement faire de la planche à neige –, je reste motivée à toujours progresser, même s’il s’agit de progrès minimes.

Mon père m’a appuyée toutes les fois que j’ai terminé au dernier rang (et c’est arrivé souvent au début), que j’ai eu des bosses, des bleus ou des blessures graves, et que j’ai douté de mes habiletés et lutté. Il était là, bien devant, à chaque victoire et à chaque podium et pour célébrer les petites victoires à ma place, même si je ne pouvais comprendre ce qu’elles m’apportaient.

S’il n’avait pas été là, je ne serais pas où j’en suis présentement : à la veille de participer à mes premiers Jeux olympiques et à essayer encore de tout simplement suivre mon père sur les pentes. En cette fête des Pères, je me sens des plus choyées d’avoir un des pères les plus remarquables qui soient. C’est quelqu’un avec qui je peux partager quotidiennement ma passion.

Ce parcours vers Sotchi, je ne le fais pas seulement pour moi ou pour mon pays; je le fais pour mon père aussi. Je sais que peu importe le résultat, il sera encore prêt à faire des descentes lorsque tout sera terminé.

À la fête des Pères, j’espère que vous aurez tous la chance de passer du temps avec votre père en faisant une activité que vous aimez tous les deux autant que mon père et moi aimons faire de la planche à neige.

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