L’ascension de Kelita Zupancic

Il n’existe aucun grand athlète qui n’a jamais connu de déception. En fait, la déception, c’est ce qui fait de lui un grand athlète. Kelita Zupancic en un exemple concret.

Après une décevante performance aux Jeux olympiques de 2012, cette judoka originaire de Whitby en Ontario, qui combat chez les -70 kg, s’est hissée jusqu’au numéro un du classement mondial. À ses débuts olympiques, Zupancic a perdu son premier match du tournoi contre celle qui remporterait la médaille d’or, la Française Lucie Decosse, une expérience qui a contribué à faire d’elle une véritable championne.

« J’ai donné tout ce que j’ai pu dans mon combat, et je l’ai perdu dans les 20 dernières secondes », a déclaré Zupancic, 23 ans, à propos des Jeux.

Depuis lors, Zupancic a rebondi et est sur une lancée, ayant atteint le podium à quatre des six événements auxquels elle a participé, grâce notamment à trois médailles d’or, y compris le titre du Championnat panaméricain qui a eu lieu à San José, en avril.

Zupancic, qui a commencé l’année au 15e rang du classement général, trône maintenant au sommet de sa division (-70 kg) après avoir remporté le dernier Grand Chelem de Baku, le week-end passé.

« C’est formidable d’être première, c’est incroyable! », s’est exclamée la judoka. « J’ai travaillé très fort pour arriver à ce niveau, et maintenant je vais travailler encore plus fort pour y rester. Je ne ressens aucune pression particulière, je vais seulement me concentrer sur la formule qui m’a permis d’arriver ici. »

Après les Jeux de Londres, Zupancic a pris congé afin de se recentrer et d’examiner ce qui ne s’est pas bien passé durant sa performance. Photo: Judo Canada

Un nouveau départ
Après les Jeux de Londres, Zupancic a pris congé afin de se recentrer et d’examiner ce qui ne s’est pas bien passé durant sa performance. Elle a eu plus de quatre mois, après les Jeux olympiques, pour se préparer pour sa première compétition d’envergure.

En misant sur ses souvenirs de Londres pour trouver de la motivation, Zupancic a conclu l’année civile 2012 au cinquième rang du Grand Chelem de Tokyo, la Coupe Jigoro Kano avant d’entreprendre une saison incroyable en 2013.

Le plus grand changement est survenu après qu’elle a réalisé qu’elle ne s’était pas suffisamment préparée mentalement pour Londres. Zupancic a admis que tous les compétiteurs, elle y compris, se sont présentés aux Jeux olympiques au sommet de leur forme.

Toutefois, la plupart du temps, ce sont ceux qui ont mis l’accent sur les aspects non physiques du sport qui font la différence dans une compétition.

« Je dois me concentrer sur le mental », a indiqué Zupancic. « Il est important que je retrouve ma confiance et que je croie en moi. Je pense que j’ai investi de mon temps et que j’ai fait le travail nécessaire. Je sens que c’est à mon tour de gagner. »

Une légende comme entraîneur

Zupancic a fait ses premiers pas en judo à l’âge de cinq ans au Formokan Judo Club à Oshawa, en Ontario. Elle a rapidement excellé dans le sport et a gagné le Championnat canadien des moins de 20 ans en 2006, alors qu’elle n’était âgée que de 16 ans.

À 18 ans, Zupancic, alors une étoile montante, a déménagé à Montréal pour participer au programme du centre national d’entraînement où elle était entraînée par nul autre que son idole, le double médaillé olympique Nicolas Gill.

Zupancic peut tirer des leçons de la carrière légendaire de Gill. Huit ans s’étaient écoulés entre la médaille de bronze remportée par ce dernier à Barcelone 1992 et la médaille d’argent qu’il a gagnée à Sydney 2000. Comme tout athlète, Gill a connu des hauts et des bas au cours de sa carrière qui l’a vu devenir le judoka canadien le plus décoré à ce jour.

Zupancic considère Gill comme une source d’inspiration depuis son enfance. Elle se rappelle son père la réveillant au beau milieu de la nuit pour regarder Gill disputer le match pour la médaille d’or aux Jeux de Sydney.

« C’est à ce moment que je me suis dit que si un Canadien pouvait participer à la finale de judo, je le pouvais également », de raconter Zupancic. « C’est lui qui m’a inspirée à poursuivre ce rêve olympique, et c’est grâce à lui que je sais qu’il est possible de monter sur le podium. »

Zupancic a fait ses premiers pas en judo à l’âge de cinq ans au Formokan Judo Club à Oshawa, en Ontario. Photo: Judo Canada

Les enseignements du Japon

C’est lors d’un incident non lié au judo que Zupancic a appris sa plus grande leçon sur le fait de revenir de l’arrière, et cela a changé pour toujours son regard sur la vie.

À l’âge de 19 ans, elle s’est rendue au Japon pour un mois en vue de s’entraîner avec l’équipe Komatsu Judo et elle s’est installée dans ce pays à temps plein en 2010.

Sa vie changerait pour toujours en mars 2011 après le tsunami et le tremblement de terre dévastateurs survenus au Japon durant l’un de ses camps d’entraînement. Bien qu’elle n’a pas été blessée, cette expérience a permis à Zupancic d’avoir une nouvelle perspective sur son équipe et sur son séjour au Japon.

« J’ai réalisé à quel point mes liens avec mes coéquipiers étaient solides, même si nous ne parlions pas la même langue », se remémore Zupancic. « J’ai eu beaucoup de pression du Canada pour que je rentre à la maison pour ma sécurité. J’ai pensé que tant que mes coéquipiers étaient là, je ne devrais pas partir. C’est le soutien que nous avons apporté les uns aux autres qui nous a permis de passer au travers. »

Des liens familiaux solides

Les membres de la famille Zupancic se soutiennent les uns les autres en vue de surmonter les obstacles de tout genre qui surviennent dans la vie.

Kelita vient d’une famille de judokas. Son père, Edward, ceinture noire quatrième degré, a été l’un de ses premiers entraîneurs. Toute sa famille est impliquée dans le sport, y compris sa mère Annette et ses trois jeunes frères.

Ses trois frères, Anton, 21 ans, Ryan, 19 ans et Andrew, 18 ans, excellents au hockey, ont été repêchés dans la Ligue de hockey de l’Ontario.

« Mes parents ont réellement insufflé l’amour du travail en nous et nous ont appris à nous soutenir les uns les autres », a déclaré Kelita. « Nous faisons tous ce que nous aimons réellement. Le soutien familial est très important pour nous. »

Toute la famille Zupancic soutiendra Kelita jusqu’à Rio 2016. L’étoile du judo est pleinement engagée à poursuivre son entraînement en vue de réaliser son objectif de remporter une médaille olympique.

« J’ai investi du temps. Je ne suis plus cette compétitrice en herbe. J’ai été aux Olympiques, et je sens que je me connais mieux maintenant. Je suis une athlète mûre et je vise le podium », a indiqué Zupancic.

– George Fadel

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