Les bénévoles : indispensables au sport
Le nom d’Owen Carney est synonyme de succès dans le monde du ski alpin depuis plus de 40 ans. Il n’est ni athlète, ni entraîneur, ni même technicien de fartage de renommée.
Non, il est bénévole – bénévole membre du Temple de la renommée, qui possède une passion pour le sport qui surpasse les générations et dont témoigne le succès des athlètes partout dans le monde.
« Mon fils (Mike) a fait partie de l’équipe de la Colombie-Britannique, puis de l’équipe nationale », raconte M. Carney qui travaille sur les pentes comme parent. « Pour les Jeux olympiques d’hiver de 1988 à Calgary, on m’a demandé d’être directeur de parcours. C’était bien, parce que mon fils a concouru à cette épreuve, et j’ai donc poursuivi par la suite. »
Eh oui, j’ai poursuivi par la suite.
Après avoir regardé son fils concourir à Calgary et terminer 14e à l’épreuve de descente, M. Carney a transféré ses habiletés de leadership et est devenu membre d’un groupe de bénévoles bien connu, les Weasel Workers.
Fondé en 1970 sous la direction de Bob Parsons, originaire de la Colombie-Britannique, le groupe des Weasels ne comptait à ses débuts que six personnes qui ont préparé les premières courses de descente de Coupe du monde organisées à Whistler.
Le nom « Weasels » vient du fait que les bénévoles travaillaient de façon acharnée – tout comme les belettes qui ne s’arrêtent jamais. Le nom est resté. L’équipe de bénévoles dirigée par M. Carney a construit le parcours de toutes les courses sénior qui ont eu lieu à Whistler (C.-B.), y compris les épreuves de la Coupe du monde, des Championnats canadiens, des Championnats nord-américains et des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver.
Le travail du groupe s’est fait remarquer et est très apprécié des collègues européens, ce qui a donné lieu à plusieurs voyages à l’étranger pour transférer les connaissances et l’expertise.
« Les organisateurs (européens) viennent au Canada pour voir comment nous travaillons et pour nous demander de venir les aider », raconte M. Carney. « La plupart du temps, lorsque nous nous y rendons, c’est pour nous témoigner leur appréciation pour le travail que nous faisons. Nous ne sommes pas les principaux travailleurs sur place, en Europe. Non, nous sommes là pour aider et parfois apprendre. Nous envoyons nos personnes clés … parfois jusqu’à 40 personnes. »
La fiche de M. Carney dans le monde du ski est impressionnante. On lui a fait honneur à plusieurs reprises : il a notamment remporté en 1990 le prix de bénévole de l’année de Canada Alpin et de British Columbia Alpine Ski, ainsi que le prix du président de l’Association of British Columbia Alpine, en 1998.
Originaire de Whistler (C.-B.), l’homme de 70 ans a également beaucoup contribué au processus de candidature de Vancouver pour l’obtention des Jeux olympiques d’hiver de 2010. Son plus grand honneur lui a été décerné en 2004 lorsqu’il a été admis au Temple de la renommée du ski canadien à titre de bâtisseur en raison de son dévouement pour l’avancement du sport au Canada.
Même avec une telle fiche, M. Carney est modeste et s’empresse de souligner le travail des 500 bénévoles actifs qui font en sorte que puissent se concrétiser les courses.
« La clé du succès consiste à travailler ensemble, et c’est ce que nous faisons », affirme-t-il. « Chez nous, il n’y a pas de hiérarchie. Nous sommes tous traités de la même façon. Nous sommes simplement passionnés par la préparation et la réalisation de ces grandes courses. Nous avons une très bonne équipe, et nous y arrivons. En fait, nous faisons partie d’une seule et même grande famille. »
La famille est d’ailleurs un élément clé pour les Weasels.
Nombre de bénévoles, tout comme M. Carney, se joignent au groupe parce qu’un fils ou une fille excelle en ski.
Beaucoup d’autre Weasels sont parents d’athlètes actuels ou passés de l’équipe nationale, y compris Karl Ricker, père de Maëlle Ricker, de Squamish (C.-B.), médaillée d’or olympique; Brent et Marilyn McIvor, parents d’Ashleigh McIvor, de Vancouver (C.-B.), médaillée d’or olympique; et Andrée Janyk, mère des Olympiens Britt et Michael Janyk, de Whistler (C.-B.).
« Ils sont incroyables, et ils consacrent des heures incalculables à créer les courses que nous apprécions », explique Mike Janyk, skieur de descente qui a représenté le Canada à Turin et Vancouver. « En ski alpin, c’est toute une production que d’organiser une course. Lorsque l’on voit 100 personnes et plus y passer la nuit, c’est assez spécial. Il s’agit d’une merveilleuse communauté. »
M. Carney et les Weasels ont laissé leur marque sur le sport et plus précisément auprès de Canada Alpin et de ses skieurs et skieuses.
« Ils ont la réputation d’être de grands organisateurs d’épreuves et de présenter des courses de ski de classe mondiale », affirme Keith Bradford, directeur des communications chez Canada Alpin. « Tout le monde aime (Owen) dans la communauté du ski. »
Selon M. Carney, les Weasels consacrent leur temps et leur énergie sur les pentes par amour pour les courses de ski. Ils n’ont jamais peur d’en faire un peu plus, et ils ne pensent jamais à ce qu’ils en retireront.
« Dans beaucoup de pays, ils doivent payer des gens pour faire ce que nous faisons », explique M. Carney. « Ici, il suffit de nous payer une bière à la fin de la journée. »
Pour M. Carney, il suffit de voir combien les athlètes aiment leurs parcours. Et les athlètes et le reste du Canada lui en sont reconnaissants.
« Merci du fond du cœur », ajoute Mike Janyk. « Nous voyons bien tous les efforts qu’ils déploient. Nous ne pourrions y arriver sans eux. C’est aussi simple que cela. Nous ne pourrions y arriver non seulement sans leur travail, mais aussi sans la passion qu’ils démontrent à préparer les épreuves.
– George Fadel