Les entraîneurs, pilier de notre réussite olympique
Les entraîneurs font un travail d’une importance considérable. Toutefois, sur le terrain de jeu, ils sont souvent dans l’ombre. Les entraîneurs ne montent pas sur le podium et ils ne reçoivent pas de médaille, mais il reste que ces personnes altruistes sont des guides, des motivateurs, des réseaux de soutien, des figures parentales, des amis et des mentors.
Pour Nicolas Gill, quadruple olympien devenu entraîneur d’un médaillé de bronze en 2012, ce type de relations doit reposer sur la confiance.
« La confiance est ce qui compte le plus pour moi », explique-t-il relativement à sa relation avec les athlètes, lui qui a remporté deux médailles olympiques dans sa carrière de judoka. « Il faut avoir confiance en son entraîneur. »
M. Gill affirme qu’il savait qu’il ne pourrait être judoka pour toujours et que devenir entraîneur était la suite logique pour continuer à être à proximité du sport qu’il aime tant. Il souhaite faire part de ses connaissances avec la relève et favoriser le climat de confiance essentiel à la relation entre athlètes et entraîneurs.
« Les athlètes ne peuvent douter de ce que leurs entraîneurs leur disent; ils doivent les croire sur parole », poursuit-il. « C’est quelque chose qui s’acquiert en cours de route et qui rapporte en fin de parcours. »
Grâce à la création récente du programme de reconnaissance des entraîneurs, le Comité olympique canadien met ces derniers à l’avant-plan de leur sport en les remerciant. L’objectif de ce programme est de motiver les entraîneurs à rester au Canada en leur offrant une récompense financière pour chaque athlète olympique qu’ils mènent au podium.
Les entraîneurs de médaillés olympiques recevront 10 000 $ par médaille d’or, 7 500 $ par médaille d’argent et 5 000 $ par médaille de bronze, par discipline sportive.
L’entraîneur Gill profitera de ce programme grâce à l’incroyable performance de son judoka vedette, Antoine Valois-Fortier, aux Jeux olympiques de 2012.
« Cette récompense devrait revenir à Antoine-Valois Fortier puisque c’est lui qui a récolté cet immense succès », précise M. Gill au sujet de son médaillé de bronze. « C’est une répercussion positive de sa fantastique performance. Je n’ai joué qu’un rôle minime; c’est lui qui a travaillé avec acharnement et tout le mérite lui revient. »
Pour Scott Oldershaw, récemment nommé entraîneur-chef de l’équipe de canoë-kayak, il s’agit d’une occasion exceptionnelle pour les entraîneurs de recevoir quelques félicitations pour leurs efforts incessants.
« C’est toujours agréable de recevoir un témoignage de reconnaissance, même si ce n’est pas pour cela que nous faisons ce que nous faisons », a-t-il commenté pendant une entrevue téléphonique.
M. Oldershaw, qui a participé aux Jeux olympiques de 1984, vient d’une famille de pagayeurs olympiques; en effet, il a représenté le Canada dans ce sport avec ses deux frères, Dean et Reed, et leur père Bert a participé à trois éditions des Jeux olympiques.
Scott Oldershaw explique qu’il avait déjà pris goût au travail d’entraîneur quand il était athlète et qu’il s’est lancé dans ce rôle à temps plein au Burloak Canoe Club d’Oakville, où il aide des athlètes tels qu’Adam van Koeverden, qui a remporté quatre médailles olympiques y compris une médaille d’argent à l’épreuve de K-1 1 000 m aux Jeux olympiques de 2012 à Londres.
« J’ai l’entraîneur le plus modeste au monde », a déclaré M. van Koeverden après être monté sur le podium aux Jeux olympiques. « Il ne s’attribue aucun mérite pour ce qu’il a accompli, mais c’est injuste. Il est l’entraîneur le plus décoré de l’histoire du canoë-kayak. »
Cet été, Scott Oldershaw a également entraîné son fils Mark, qui a remporté la médaille de bronze à l’épreuve de C-1 1 000 m, la toute première médaille de la famille Oldershaw et l’un des moments les plus inoubliables des Jeux olympiques de 2012.
« C’était vraiment emballant, mais aussi angoissant, et j’étais bien sûr très fier de lui », a expliqué Scott Oldershaw. « Évidemment, il est normal de vivre diverses émotions quand tu es l’entraîneur de ton fils, et il faut parfois jouer ses rôles d’entraîneur et de père de façon consécutive, mais sans qu’ils interfèrent. »
Tout un défi émotionnel, en effet!
Contenir ses émotions est quelque chose que tous les entraîneurs doivent apprendre à faire pour réussir. C’est particulièrement le cas lorsqu’on entraîne une équipe d’athlètes, selon Tanya Dubnicoff, entraîneure de l’équipe de poursuite (cyclisme) qui s’est emparée de la médaille de bronze.
Mme Dubnicoff affirme que chaque équipe possède une dynamique particulière et l’entraîneur doit savoir quand intervenir et quand laisser les athlètes se débrouiller.
« Il faut laisser beaucoup de contrôle aux athlètes pour guider leur équipe. Celle-ci est une entité à part entière : les athlètes contribuent à la dynamique et tout se règle au sein de l’équipe », a-t-elle précisé récemment à un camp d’entraînement en Californie.
Tanya Dubnicoff est consciente de la pression et des aléas liés aux compétitions sportives de haut niveau. Trois fois Olympienne et cycliste médaillée, Mme Dubnicoff a expliqué qu’elle espère pouvoir transmettre les nombreuses leçons de vie et compétences qu’elle a acquises pendant sa carrière, où elle a notamment remporté le titre de championne du monde de vitesse en 1993 et quatre médailles d’or aux Jeux panaméricains.
L’entraînement l’intéressait déjà quand elle était jeune athlète et elle considère sa nouvelle carrière comme une transition naturelle qui lui permet de façonner une nouvelle génération de cyclistes.
L’équipe féminine de poursuite formée de Gillian Carleton, de Tara Whitten et de Jasmin Glaesser a remporté le bronze à Londres et il était évident que Mme Dubnicoff était ravie d’atteindre cet objectif.
« Le plus important pour moi est d’être présente pour les athlètes et de les protéger de tout le reste », a déclaré Tanya Dubnicoff. « Cela les calme et on leur assure qu’ils ont tout ce qu’il faut en main pour réussir. »
Au total, 24 entraîneurs issus de 11 disciplines sportives recevront des chèques à l’occasion du dîner organisé par le COC, le jeudi 8 novembre, à Montréal (Québec).
Les lauréats des récompenses sont les suivants :
Sport | Coach |
Sports aquatiques – plongeon | Aaron Dziver |
Sports aquatiques – plongeon | Cesar Augusto Henderson |
Sports aquatiques – plongeon | Yihua Li |
Sports aquatiques – natation | Randy Bennett |
Sports aquatiques – natation | Ronald Jacks |
Sports aquatiques – natation | Thomas F. Johnson |
Athlétisme | Jeff Huntoon |
Athlétisme | Joel Skinner |
Canoë-kayak – eaux calmes | Frédéric Jobin |
Canoë-kayak – eaux calmes | Scott Oldershaw |
Cyclisme – piste | Tanya Dubnicoff |
Cyclisme – piste | Richard Wooles |
Football | Simon Eaddy |
Football | John Herdman |
Football | Robert Sherman |
Gymnastique – trampoline | David Ross |
Judo | Nicolas Gill |
Aviron | John Keogh |
Aviron | Michael Spracklen |
Haltérophilie | Walter Bailey |
Haltérophilie | Guy Marineau |
Lutte libre | Martin Calder |
Lutte libre | Paul Ragusa |
Lutte libre | Leigh Vierling |
– George Fadel