Ian Cockerline : une vie consacrée à la luge
Les hauts, les bas et les incertitudes d’une vie consacrée au sport
Turin, Italie, 12 février 2006: la quatrième et dernière descente de luge aux Jeux olympiques d’hiver. Ian Cockerline, de Calgary, avait bien fait jusque-là. Il était 13e après les deux premières courses et 16e après la troisième. L’occasion d’être le meilleur Canadien et même de se hisser parmi les 10 premiers était là: deux choses qu’il n’avait jamais réussies dans sa carrière.
« Je me suis dit ‘Wow, je peux le faire’ », a dit Cockerline. « C’est pourquoi j’ai essayé aussi fort que je pouvais dans la quatrième descente. Peut-être un peu trop fort. »
Dans l’avant-dernier virage, Cockerline a tourné agressivement. Puis, tout comme une voiture sur la glace, son traîneau a commencé à glisser. Tandis qu’il essayait de corriger la glissade, il a senti le temps ralentir. Et, dans un battement cardiaque, le temps a passé rapidement: son corps a volé hors du traîneau qui glissait. Ainsi, ses espoirs olympiques se sont envolés. « Ce fut une expérience crève-coeur », dit-il.
Après cet accident spectaculaire, Cockerline a dû se hisser par-dessus la rampe et marcher dans la foule, le traîneau sur la tête, pour retourner à la ligne d’arrivée. Les spectateurs criaient, demandant des photos et des autographes, puisque la majorité d’entre eux n’avaient jamais vu un accident de luge auparavant et étaient émerveillés parce qu’il était en bonne état. L’athlète de Calgary a fait de son mieux pour être amical. « Je suis certain qu’il y a quelques photos de moi en train d’essayer fort de sourire. »
Quand Cockerline avait huit ans, son père a vu une annonce « Découvrez la luge » dans un journal. Cockerline, qui aimait les montagnes russes, y a vu une affinité naturelle. À 12 ans, il participait de manière permanente au programme de luge de Calgary.
« Personne n’est un athlète naturel en luge », dit-il. « Vous devez y travailler très fort. Mais j’aimais cela. »
Depuis 2003, il a voyagé à travers le monde avec l’équipe nationale, consacrant sa vie à un sport ignoré de pratiquement tous les Canadiens. « Je perçois (la luge) comme du toboggan pour adultes – c’est comme une course sérieuse de toboggan », dit Cockerline, en ajoutant que conduire le traîneau exige beaucoup d’habileté. Il sait que les spectateurs canadiens se concentrent sur les plus gros sports, comme le hockey. « Je suis un grand partisan des Flames. Je comprends cela. Mais ils oublient qu’il y a beaucoup d’autres sports qui ont une vraie saveur canadienne. »
Son expérience olympique en 2006 a eu un impact de plusieurs manières. Jusque-là, il n’avait jamais obtenu de résultats sérieux et terminait régulièrement derrière ses coéquipiers – et très bons amis – Jeff Christie et Sam Edney. En fait, Cockerline devait habituellement se qualifier pour faire l’équipe, relevant les défis des jeunes athlètes canadiens montants en luge. Mais Turin « lui a révélé » son véritable potentiel.
Deux ans plus tard, à Oberhof, en Allemagne, il a réussi son meilleur résultat en carrière en terminant 15e aux championnats du monde. Cette saison-là, il a aussi terminé 14e dans une Coupe du monde chez-lui, égalant son meilleur résultat à vie (aussi à Calgary).
Maintenant toute son attention est axée sur les Jeux olympiques d’hiver de 2010. L’équipe de luge connaît déjà très bien la piste de Whistler, avec environ 200 descentes faites par chacun des membres. Un tel entraînement aide à rendre les athlètes plus à l’aise et capables de prendre un peu plus de risques à la recherche de vitesse.
« Les Jeux sont une excellente occasion de montrer un sport qui n’est pas tellement populaire en Amérique du Nord », a dit Cockerline. « Puisqu’ils sont au Canada, les amis et la famille regarderont en direct. C’est presque une récompense pour eux pour nous avoir suivis et appuyés pendant toutes ces années. »
Les Jeux pourraient vraiment aider la luge à sortir de l’ombre. La demande a dépassé de beaucoup le nombre de billets disponibles lors d’une Coupe du monde à guichets fermés à Whistler cette année et les billets se sont vendus bien au-dessus du prix de base. C’était vraiment inhabituel, même en Allemagne. « Whistler deviendra une étape très intéressante du circuit de la Coupe du monde, dit-il. Je ne peux qu’imaginer ce que les Jeux olympiques seront. Ce sera fou. »
Ce seront probablement les derniers Jeux olympiques d’hiver de Cockerline, mais il n’est pas encore certain. Sa carrière post-sportive n’est pas encore claire dans sa tête.
« Cela fait très peur de penser à toutes les études que j’ai retardées, dit-il. Vous ne faites pas des tonnes d’argent en tant qu’athlète canadien. Vous vous dites ‘maintenant j’ai 25 ans et ce sont mes derniers Jeux olympiques. Est-ce que je retournerai à temps plein aux études maintenant, avec des jeunes de 18 ans en Psycho 201? Cela me fait peur. J’y pense tous les jours de ma vie.
« Mais en même temps, il n’y a rien d’autre que j’aime autant faire. J’aime le sport et j’aime les gens avec qui je suis. J’aimerais avoir les moyens de continuer pour toujours. »