Un sport olympique c’est bien, mais deux c’est mieux!

Personne n’en doute : réussir à devenir un athlète olympique dans une discipline doit être très difficile. Mais atteindre un tel niveau dans deux sports différents, qui plus est à des Jeux distincts, doit l’être encore plus!

C’est tout de même la réalité de plusieurs athlètes qui représenteront le Canada à PyeongChang cette année. Parmi eux se retrouvent Phylicia George et Seyi Smith qui ont fait le saut de l’athlétisme au bobsleigh. Pour les deux athlètes, passer d’un sport à l’autre n’a pas été de tout repos.

« Je pensais que je pouvais simplement poursuivre ce que j’avais déjà commencé, avoue Smith, qui a connu ses débuts olympiques à Londres 2012 au relais 4×100 m. Le chevauchement entre l’athlétisme et le bobsleigh n’est pas aussi évident que les gens pourraient le croire. »

Justin Kripps, Alexander Kopacz, Jesse Lumsden et Oluseyi Smith au bob à quatre à la Coupe du monde de bobsleigh à Whistler (C.-B.), samedi le 25 novembre 2017. (Photo: THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck)

George, qui a représenté le Canada à Londres et Rio aux haies 100 m chez les femmes, partage le même sentiment à propos du bobsleigh, qui demande bien plus que de courir sur la glace.

« Le bobsleigh requiert de la force, d’être capable de soulever très lourd, dit-elle. Je ne me doutais pas à quel point je devais être forte pour être en mesure de bien me positionner derrière le bob. »

Phylicia George (à gauche) au haies 100 m, femmes, lors des demi-finals au stade olympique, durant les Jeux olympiques de Londres, le mardi 7 août 2012. (Photo: THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick)

Au-delà de la force physique, Smith et George ont dû trouver de la force psychologique pour passer au travers des obstacles qu’entraine l’adaptation à une nouvelle discipline athlétique.

Pour Smith, il n’a jamais été question d’abandonner : « Quand j’ai commencé le bobsleigh, tout le monde me disait “Fais attention, ce ne sera pas comme sur la piste. C’est beaucoup moins prestigieux. Tu devras travailler dans le froid en poussant des bobs.” »

« Ça a plutôt été le contraire, continue Smith. Chaque mois, j’aimais ça encore davantage. La seule fois où j’ai dit à un des gars que j’aimais ça, c’était juste avant qu’un entraînement se déroule mal. Alors maintenant je ne le dis plus à voix haute, mais à l’intérieur, j’ai beaucoup de plaisir. »

L’équipe canadienne composée de Justin Kripps, Alexander Kopacz, Jessee Lumsden et Oluseyi Smith qui poussent leur bob au départ de la Coupe du monde IBSF de 2017 à Whistler (B.-C.). (Photo: Guy Fattal)

La situation est différente pour George. Elle était aux derniers Jeux d’été il y a moins de deux ans et elle continue à faire de l’athlétisme. Elle admet que commencer le bobsleigh a été très difficile et qu’elle y a pensé deux fois avant de plonger dans cette nouvelle discipline. Quand elle a été recrutée au bobsleigh par nulle autre que Kaillie Humphries, double championne olympique au bob à deux, femmes, son esprit compétitif n’a pu refuser cette opportunité (en or).

« Il y a toujours des jours où je me demande pourquoi je me suis embarquée là-dedans, ajoute George. Mais de voir que je m’améliore et que je fais partie d’une équipe est très intéressant pour moi qui ai toujours été habituée de travailler en solo. Je suis très contente d’avoir persévéré. »

Kaillie Humphries et Phylicia George d’Équipe Canada prennent la pose après la Coupe du monde féminine de bobsleigh à Innsbruck, samedi le 16 décembre 2017. (Photo: Kerstin Joensson)

Ce ne sont pas tous les athlètes multidisciplinaires qui ont des racines aux Jeux olympiques d’été. Certains sont bien acclimatés aux conditions froides des sports d’hiver.

Brittany Phelan a fait du ski alpin à Sotchi 2014, mais cela faisait des années qu’elle rêvait d’aller aux Jeux olympiques en ski cross. À PyeongChang, son rêve deviendra réalité.

Entre 2008 et 2010, elle était dans l’équipe canadienne de ski alpin auprès de Georgia Simmerling, juste avant que cette dernière ne fasse le saut vers le ski cross qui connaissait alors une popularité grandissante. Bien qu’attirée par le ski cross, Phelan en est restée au ski alpin pour les Jeux de Sotchi.

Au début de 2015, une blessure au mollet l’a forcée à quitter le ski alpin, qui était déjà loin dans son esprit. Elle surnomme maintenant cette blessure sa « bénédiction déguisée ». C’est alors qu’elle a changé de sport pour le ski cross, et qu’elle n’a jamais regardé en arrière.

Brittany Phelan d’Équipe Canada, durant les qualifications du Grand Prix des États-Unis de ski cross féminin vendredi le 7 janvier 2017, a Solitude au Utah. (Photo: Rick Bowmer)

« Je suis tellement contente d’être là où je suis. Je pense que le ski cross est le sport fait pour moi, précise Phelan. Je ne regrette pas les années passées en ski alpin. J’ai apprécié la majorité de ma carrière en ski alpin et je pense que ça m’a permis de développer des qualités qui me servent encore aujourd’hui. »

L’enthousiasme de Phelan était aussi alimenté par ses retrouvailles auprès de Simmerling, qui se dirigeait elle aussi vers PyeongChang avant de subir une blessure dévastatrice.

Malgré tout, le succès de Simmerling en tant qu’athlète multidisciplinaire n’est pas à contester; elle a représenté le Canada en ski alpin à Vancouver 2010, en ski cross à Sotchi 2014 et même en cyclisme sur piste à Rio 2016 alors qu’elle a remporté la médaille de bronze à la poursuite par équipes, femmes. Ce passé très varié laisse présager à Phelan (tout comme à George et Smith) que le changement peut être une bien bonne chose!