Anastasia Buscis en action en patinage de vitesse sur longue pisteAP Photo/Patrick Semansky
AP Photo/Patrick Semansky

Anastasia Bucsis vainc la dépression avec l’amour et le travail d’équipe

La double olympienne Anastasia Bucsis essaie d’être la meilleure version d’elle-même dans toutes les situations.

La patineuse de vitesse sur longue piste désormais retraitée comprend les difficultés qui viennent avec un coming out et la santé mentale. En fait, elle a dû vivre avec ses difficultés pendant sa carrière et à travers sa transition vers la retraite.

Anastasia a eu la chance de réaliser ses rêves en patinage de vitesse dans l’uniforme du Canada. Elle a connu des hauts vertigineux et des bas abyssaux, et ne souhaite à personne l’isolement qu’elle a ressenti durant les années précédant les Jeux de Sotchi 2014. C’est exactement pourquoi elle a fait son coming out – à l’époque, en Amérique du Nord, elle était la seule athlète olympique active ouvertement gaie.

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« Je me sentais très seule et ma santé mentale en a beaucoup souffert. L’anxiété et la dépression m’ont suivie pendant des années. C’est drôle à quel point le bonheur est un travail intérieur. Je suis la première à dire que j’ai la meilleure famille, les meilleurs amis et les meilleurs coéquipiers au monde. J’ai la chance de vivre dans le meilleur pays. Mais, c’était quand même difficile de m’accepter, et j’étais assaillie de pensées malsaines et négatives. J’ai perdu espoir. Pendant des années, j’étais désespérée. Tout le monde se sent seul, peu importe son orientation; c’est humain, et c’est le côté le plus pénible de notre être. »

 

En tant qu’ambassadrice #UneÉquipe, Anastasia reconnaît son rôle de bâtisseuse de communautés inclusive, qu’elle a appris en allant chercher de l’aide chez les autres.

« Je dois beaucoup à des leaders courageux comme Mark Tewksbury et Brian Burke. J’ai eu la chance d’être entourée de personnes, gaies, hétérosexuelles et alliées, qui m’ont donné la permission d’être moi-même parce que c’est ce qui fait ma force. Je ne me considère pas comme la première (à faire [son] coming out), mais j’ai eu la chance d’être le produit des personnes fortes et indépendantes de mon entourage qui avaient une vision positive de la diversité. Si faire mon coming out, ou me joindre au COC et à l’initiative #UneÉquipe, aide à faire tomber les préjugés, ou bien si quelqu’un se sent moins seul pendant les moments difficiles à cause de moi, ce sera le plus grand honneur qu’on pourra me faire. »

Anastasia croit que la vie est un travail d’équipe. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans la tête de quelqu’un, et nous avons tous nos difficultés. Depuis sa retraite – après qu’elle eût été obligée d’interrompre plus tôt que prévu sa carrière de patinage de vitesse en raison d’une blessure au genou chronique -, Anastasia a continué à offrir de cette énergie positive et de cet esprit d’inclusion à la communauté et au paysage sportif canadien.

« Je me suis dit que je voulais être capable de jouer au soccer avec mes enfants à 40 ans. C’est pour cette raison que je prends ma retraite. J’ai disputé ma dernière course en janvier 2017 et ça m’a brisé le cœur. C’était probablement le moment le plus vulnérable de ma vie depuis que j’ai annoncé mon homosexualité à mes parents. C’est un changement d’identité parce que le patinage de vitesse, c’était toute ma vie. À part ma relation avec moi-même et avec mes parents, c’est la relation la plus longue et la plus passionnée que j’ai connue. Je souffre d’anxiété et de dépression depuis le début de ma carrière (principalement quand je suis sortie du placard), et j’ai dû travailler très fort pour que le sport passe en premier. »

« Pour que le départ à la retraite se passe bien, je devais être bien organisée. Faire partie de quelque chose de plus grand que moi, comme le programme #UneÉquipe, travailler auprès du programme Athlètes Olympiques RBC et de Patinage de vitesse Canada, m’aide beaucoup à faire la transition. »

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« Maintenant que j’occupe un rôle de leader, je n’ai pas d’autre choix que d’être authentique. Si les gens veulent entendre ce que j’ai à dire, tant mieux. S’ils ne sont pas prêts, tant pis, je donnerai l’exemple. En prenant ma retraite, je me suis rendu compte qu’on oublie plein de détails sur les gens, mais jamais la façon dont on se sent avec eux. Peu importe l’orientation ou l’identité, il faut que tout le monde sache que l’acceptation et l’amour sont plus forts, et que ce n’est pas nécessaire de traverser les épreuves seul. C’est le travail d’une vie. Le sport est au cœur de la mienne, et je continuerai à me battre pour mes convictions, et aussi pour aider les autres. »

Anastasia souhaite transmettre un message : « L’année olympique est une source de stress pour beaucoup de mes amis et coéquipiers – en patinage de vitesse et ailleurs – et c’est le moment idéal pour insister sur l’importance de prendre soin de sa santé mentale. Je n’avais aucun modèle pour m’aider à comprendre mon identité quand j’ai fait mon coming out, et c’était terrifiant. J’avais du mal à entrer en contact avec les personnes que je ne connaissais pas bien. Je veux que ceux qui sont angoissés à l’idée de faire leur coming out ou qui ont des problèmes de santé mentale sachent qu’ils ne sont pas seuls. Je peux vous aider, même si ce n’est que moi. Avoir la chance de redonner aux personnes et au sport que j’aime est le plus grand des honneurs. Tout le monde se sent seul et vit des moments difficiles, et la vie est beaucoup plus facile quand on a quelqu’un sur qui s’appuyer. »

Anastasia Bucsis a participé aux Jeux de Vancouver 2010 et Sotchi 2014. Elle est actuellement animatrice pour le balado Player’s Own Voice de CBC, où elle conduit des entrevues avec des athlètes d’élite.