Top 2014: Le maître devant l’élève

Pendant le mois de décembre, Olympique.ca fait le décompte des moments sportifs canadiens qui ont marqué 2014.

Il était minuit en Russie et frigorifié au pied du parcours, j’attendais avec impatience que les six derniers compétiteurs en lice pour la médaille d’or s’élancent pour la finale de l’épreuve masculine des bosses.

J’ai vu Alex Bilodeau dévaler la piste en 24 secondes, les genoux bien serrés, avec tous les virages et toutes les figures que l’épreuve comporte, avant de freiner au pied de la piste, de se retourner et de pousser un grand cri qui a dû retentir dans tout le Caucase.

C’était un cri de défi qu’il lançait à ses adversaires et qui résonnait parfaitement comme « Rattrapez-moi si vous en êtes capable ». Mais cette nuit-là, personne n’a réussi.

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Avant même le début des Jeux de 2014 à Sotchi, Bilodeau était l’enfant chéri des partisans. Certes, il était champion olympique en titre des bosses et premier Canadien médaillé d’or à domicile depuis les Jeux de 2010 à Vancouver, mais les amateurs de sport s’étaient aussi pris d’affection pour son frère Frédéric à la joie si contagieuse.

Mais, sur papier (et sur la neige), Alex n’était pas le favori. Il a commis quelques erreurs avant sa dernière descente, et tous les regards étaient tournés vers son coéquipier, Mikaël Kingsbury. Même si les autres participants à la finale sont d’excellents athlètes, tout le monde savait que cette course se jouait à deux.

De six ans le cadet d’Alex, Mikaël était le visage de la campagne #noussommeslhiver d’Équipe Canada, et le champion du monde de 2013 à l’épreuve individuelle des bosses, en plus d’être en bonne voie de battre le record du grand Jean-Luc Brassard en étant consacré champion du classement général de la Coupe du monde pour une troisième année consécutive. Bien plus que de simples statistiques, on parle d’un parcours à la Wayne Gretzky pour le jeune skieur âgé de 21 ans au moment des Jeux.

Malgré toute la pression qui reposait sur ses épaules pour conserver son titre de champion olympique devant un adversaire plus grand que nature, Alex a réussi une descente brillante qui lui a valu 26.31 points, puis il a attendu. Quant à Mikaël, il a dû se contenter de la médaille d’argent avec un pointage de 24.71. Cette nuit-là, l’élève n’a pu vaincre le maître.