L’étrange défi de Steve Yzerman et compagnie

Nous pouvons enfin respirer. La composition de l’équipe de hockey est officielle.

Il aura fallu quelques changements derrière le micro à Steve Yzerman et à son équipe pour annoncer les 25 noms. Quelques minutes. Mais pour se rendre là, ils ont traversé un processus beaucoup plus complexe.

Yzerman était visiblement soulagé mardi. Il a même admis sa nervosité. En réponse aux questions sur la pression imposée une fois de plus à Équipe Canada, il a dit en soupirant : « Je ne m’en fais pas avec la pression. Nous avons évidemment tous des papillons dans le ventre et nous sommes nerveux. Être ici aujourd’hui est quand même stressant. Qu’il s’agisse des Jeux olympiques ou de la Coupe Stanley, on doit faire notre travail et espérer obtenir le résultat escompté. »

Hier, il avait fait son travail, un travail qui n’avait rien de facile. On pourrait remplir un autobus avec tous les talentueux joueurs canadiens qui méritaient une place dans l’alignement. Tous ont travaillé fort pour atteindre les hautes sphères du hockey et leur équipe de gestion a démontré la même application.

À visionner: entrevue de Steve Yzerman sur le dévoilement d’Équipe Canada (anglais seulement)

« Jusqu’aux petites heures, nous avons discuté de toutes les positions, des défenseurs, des attaquants et des gardiens de but. Nous avons fait et refait la liste jusqu’à ce que nous soyons satisfaits du résultat. Nous nous sommes couchés hier en sachant que nous avions pris les bonnes décisions », a raconté Ken Holland aux médias présents.

Si la bonne décision repose sur le choix des joueurs, j’imagine qu’ils peuvent maintenant dormir sur les deux oreilles. Au-delà de la spéculation et des commentaires, il y a un groupe de cerveaux du hockey qui a eu un choix difficile à faire. L’annonce d’hier a été libératrice autant pour la direction de l’équipe que pour les joueurs.

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« Nous avons repassé nos choix quatre, cinq, six, sept fois… est-ce le bon joueur, est-ce qu’on le choisit pour la bonne raison? À la fin, la discussion tournait autour de quatre ou cinq joueurs. Même si nous avons eu des doutes, il faut choisir en fonction de nos convictions. Ce ne sont pas des décisions faciles à prendre », a ajouté Peter Chiarelli à la suite de l’annonce.

Les réponses de Chiarelli sont méditatives, mais franches. On se questionne maintenant sur ce qui se passera à Sotchi, mais il semble se détacher des tentacules de l’annonce de la composition de l’équipe. Revenons au choix. Les journalistes voulaient savoir si d’autres gestionnaires d’équipe étaient scrutés à la loupe comme ceux d’Équipe Canada. Probablement pas.

C’est la grande difficulté. Hockey Canada choisit ce qu’elle croit être la meilleure équipe et les Canadiens espèrent que ce soit une équipe médaillée d’or. Si elles sont difficiles à ignorer, ce doit être encore plus difficile à répondre aux attentes.

Mike Babcock a sa façon de gérer les attentes : « La ligne est mince. Pour gagner, il faut aligner les étoiles. C’est difficile de gagner. Je crois qu’il faut répondre aux défis par une préparation à toute épreuve et si on réussit, on a une chance d’obtenir ce qu’on veut : la médaille d’or. »

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Il est toujours question de processus. Il faut se concentrer sur ce qui doit être fait dans le moment présent. Aucun des membres de l’équipe n’était présent hier, mais en fermant les yeux, on peut s’imaginer que la direction et le personnel de l’équipe ont une forte ressemblance avec les athlètes. Ils se concentrent sur le processus et font abstraction du résultat.

Il s’agit de l’une des dichotomies classiques du Canada. Par millions, les Canadiens veulent une médaille d’or, mais les quelques élus qui ont le pouvoir d’influencer la situation essaient de ne pas y penser.

Le soleil s’est levé ce matin et pour une dizaine de joueurs, c’est avec la grande déception de ne pas faire partie des 25 joueurs qui iront à Sotchi. Les heureux élus quant à eux se mettront au travail, du moins mentalement pour se préparer au vrai spectacle qui commencera dans cinq semaines.

C’est sur une note humoristique que Babcock répond à ceux qui lui demande ce qu’il dira quand le grand jour arrivera : « Je ne sais pas… c’est un long vol et j’aurai amplement le temps d’y penser. »