Les vestiaires de la LNH se divisent en raison de la rivalité olympique

C’est une scène familière. Un athlète — ou un groupe d’athlètes, selon le sport — penche la tête pour qu’on officiel olympique glisse une médaille autour de son cou de champion.

Une médaille donne même à un athlète qui gagne des millions de dollars par saison un sens de l’accomplissement qui n’a pas de prix. Et lorsque les joueurs de la LNH reviennent des Jeux olympiques avec une médaille d’or, et bien, elle devient le centre d’attraction du vestiaire. Ses coéquipiers qui ont joué pour d’autres nations aux Jeux la voient comme le prix qui leur a échappé.

Pour le gagnant, voilà l’article ultime à présenter au moment du « montre et raconte ».

En jouant ensemble au sein d’une équipe nationale sur la scène olympique, les joueurs tissent des liens spéciaux, des liens qui durent toute une vie.

Je remonte à 2002, peu de temps après que le Canada a remporté la médaille d’or de hockey sur glace contre les États-Unis à Salt Lake City. Ryan Smyth faisait partie des sept joueurs de l’équipe des Oilers de l’époque à avoir eu la chance de représenter son pays. Les Oilers avaient envoyé Smyth et Eric Brewer à Équipe Canada, le gardien de but Jussi Markkanen et le défenseur Janne Niinimaa à Équipe Finlande, le défenseur Tom Poti à Équipe États-Unis, l’ailier Jochen Hecht à Équipe Allemagne et le gardien de but Tommy Salo à Équipe Suède.

Dans le vestiaire, après que les Oilers ont eu terminé un entraînement post-olympique, Smyth a sorti sa médaille. Les médias se sont approchés pour la voir de plus près. Je me rappelle avoir tenu la médaille dans la paume de ma main et d’avoir été surpris par son poids. J’ai vu les rebords inégaux, mais je ne pouvais faire autrement que de penser qu’elle était absolument parfaite.

Pour nous qui nous trouvions dans le vestiaire ce jour-là, on aurait dit un moment canadien du genre vignettes de l’Office national du film.

Et au cours d’une saison à la suite de laquelle les Oilers ne se sont pas du tout approchés de la Coupe Stanley, le fait que deux joueurs aient remporté une médaille d’or nous a donné le sentiment d’être des vainqueurs.

C’est comme ça.

Quand le Canada a remporté l’or en 2010, l’équipe comptait des joueurs en provenance de 14 équipes de la LNH. Jonathan Toews, Brent Seabrook et Duncan Keith des Blackhawks de Chicago ont été les seuls à savourer, cette année-là, la double victoire de l’or olympique et de la Coupe Stanley. Mais pour les partisans des 13 autres équipes qui étaient représentées au sein de l’équipe canadienne, la médaille d’or leur a donné quelque chose à célébrer au cours de la saison.

Le hockey professionnel est cruel.

Toutes proportions gardées, votre équipe a une chance sur 30 de remporter la Coupe. En participant aux Jeux olympiques, les joueurs de la LNH donnent à leurs partisans une façon unique de célébrer le sport, et ils ont de meilleures chances d’obtenir des résultats positifs à la fin du tournoi.

Mais revenons au vestiaire des Oilers en 2002. Tandis que la plupart des gens présents ont apprécié partager cette expérience en or avec Smyth, cinq joueurs sont restés muets à se demander… et si elle avait été mienne?

Voilà l’influence des Jeux olympiques : ils tracent une ligne de bataille dans les clubs de la LNH.

À l’approche des Jeux olympiques d’hiver de 2014, je me demande ce que dira la vedette russe Evgeni Malkin au Canadien Sidney Crosby. « Bonne chance »? « Bienvenue en Russie »? Ou échangeront-ils des insultes qui devancent trop souvent les épreuves internationales comme les Jeux olympiques? Nous sommes si habitués à voir Malkin et Crosby comme coéquipiers des Penguins de Pittsburgh que les Jeux nous donneront, à Sotchi, l’occasion de les voir s’affronter l’un l’autre. Pendant les entraînements des Rangers de New York, Rick Nash lance la rondelle au filet d’Henrik Lundqvist. Nous nous demanderons s’il a appris quelque chose si le Canada fait face à la Suède à Sotchi.

En fait, il ne s’agit pas juste de coéquipiers qui se transforment en adversaires, il s’agit aussi d’adversaires qui deviennent coéquipiers.

En jouant ensemble au sein d’une équipe nationale sur la scène olympique, les joueurs tissent des liens spéciaux, des liens qui durent toute une vie. Quand le Canada a gagné l’or en 2002, Jarome Iginla, des Flames de Calgary, a été une des vedettes de l’équipe. Iginla a partagé le podium avec Smyth, que l’on surnommait alors Monsieur Oilers. Ces deux joueurs qui étaient alors le visage de leur franchise respective – deux équipes qui à ce jour vivent une des rivalités les plus féroces de la LNH – pouvaient aussi partager le moment en or qu’ils ont vécu à jouer pour le Canada.

Nous verrons un joueur des Maple Leafs et un joueur des Canadiens jouer au sein du même alignement. Nous serons témoins d’un moment de joie entre un joueur des Blackhawks et un des Red Wings après un but marqué.

Pendant deux semaines, tous les quatre ans, notre fidélité vacille, et nous transformons l’essence même du hockey.